Mohamed Maouloud Najim : «L’appropriation des symboles de la République est une nécessité absolue»

Dans les lignes qui suivent, le directeur national des affaires judiciaires et du sceau explique la signification des armoiries et des sceaux de l’état. Aussi, il aborde le sujet de la montée du drapeau national chaque premier lundi du mois dans tous les services publics et parapublics du pays institué par le chef de l’état, le colonel Assimi Goïta

Publié mardi 01 mars 2022 à 07:20
Mohamed Maouloud Najim : «L’appropriation des symboles de la République est une nécessité absolue»

L’Essor : On entend beaucoup parler des sceaux et des armoiries de la République. Pouvez-vous nous en dire davantage ?

Mohamed Maouloud Najim : Les sceaux et les armoiries, symboles de l’état par excellence, sont régis respectivement par les lois n°07-017 et 07-018 du 26 février 2007 et le décret n°07-213/P-RM du 30 juin 2007 fixant les modalités de reproduction des armoiries et d’impression du sceau de l’état, des autres sceaux officiels, timbres secs sous forme de presse et cachets. Le ministre de la Justice, traditionnellement garde des Sceaux, à travers la direction nationale des affaires judiciaires et du sceau, en assure également la gestion et le contrôle de conformité.

Pour rappel, au lendemain de l’accession de notre pays à l’indépendance, une commission a été mise en place chargée de concevoir et de réaliser un projet de sceau et des armoiries. Ainsi, le sceau de l’état qui se définit comme une marque ou une empreinte destinée à donner un caractère d’authenticité à un acte émanant d’une autorité habilitée, acte qui incarne la souveraineté de l’état, a été conçu sous forme circulaire et porte : au centre, un lion debout, entouré d’un épi de mil, d’un épi de riz et d’une tête de bœuf ; sur le pourtour, au-dessus de la légende est écrit : «République du Mali» ; au-dessous, la  devise : «Un Peuple- Un But- Une Foi».

Les éléments caractéristiques du sceau de l’état ainsi rappelés sont porteurs de sens et de valeur : Le lion debout, animal considéré comme le roi des animaux symbolise la force et la noblesse qui ont toujours fasciné les hommes ; l’épi de mil et l’épi de riz sont représentatifs des céréales qui constituent la base de l’alimentation de nos populations ; la tête de bœuf symbolise l’élevage qui occupe également une bonne partie des activités de nos populations.

Les armoiries de la République peuvent être définies comme étant essentiellement les marques distinctives et caractéristiques de la souveraineté de l’état. Les armoiries de l’état du Mali sont de forme circulaire. Sur fond bleu, elles portent : au centre la mosquée de Djenné, en gris argile ; au-dessus de la mosquée, le vautour légendaire en vol plané, en gris foncé ; au-dessous, le soleil levant, en jaune or ; devant le soleil, deux arcs opposés tendus par leurs flèches, en noir ; sur le pourtour, en haut «République du Mali», en bas «Un Peuple - Un But - Une Foi», le tout en lettres d’imprimerie noires.

Chacun de ces symboles véhicule une valeur : le vautour ou «Douga» incarne, au sens de notre mythologie, le dieu de la guerre qui symbolise la vigilance, la sagesse et la pérennité ; la mosquée de Djenné évoque le souvenir historique de notre passé riche de sa culture et de ses connaissances ; les deux arcs tendus et opposés représentent les armes de guerre et de chasse de nos ancêtres qui traduisent leur bravoure et leur  courage ; le soleil levant rappelle le passé glorieux de l’Empire du Mali. Ce soleil qui pointe, illumine le renouveau patriotique providentiel de ses rayons dorés, vivifiants, comme l’or de Bouré et de Bambouck, symbole de l’énergie du Mali éternel.

L’Essor : Le président de la Transition, le colonel Assimi Goïta, a institué chaque premier lundi du mois la montée des couleurs dans tous les services publics et parapublics du pays. Quelle signification donnez-vous à cette décision ?

Mohamed Maouloud Najim : En instituant la montée des couleurs nationales (drapeau) tous les premiers lundis du mois dans les services publics et parapublics du pays, le président de la Transition entend marquer cette période charnière que traverse le pays en agissant sur la fibre patriotique qui sous-tend la nécessité d’un sursaut national. C’est en même temps l’occasion de retenir l’attention des Maliens sur la nécessité de connaître et de respecter les couleurs nationales qui sont chargées de sens et de symboles et qui méritent respect et considération en toutes circonstances.

Cette mesure mérite d’être étendue partout où se trouve une autorité qui incarne l’état. à force de pédagogie par la répétition de ce cérémonial, les Maliens sauront de plus en plus ce qu’incarnent les couleurs nationales. Pour cette raison, l’on doit s’interroger sur l’usage abusif qui est fait des couleurs nationales (drapeau) que certains arborent insolemment sur des véhicules non immatriculés alors même qu’ils sont en porte à faux avec la loi. C’est le lieu de rappeler que le drapeau national, symbole parmi les symboles de la République, a été adopté suivant la loi n°61-26 du 20 janvier 1961. Il est composé de trois (3) bandes verticales égales, de couleur vert, or et rouge.       

L’Essor : Que faut-il entreprendre pour une meilleure compréhension de ces symboles de la République par les populations, dans le but de développer le sens du patriotisme indispensable pour la construction du Mali Kura ?

Mohamed Maouloud Najim : Un vaste chantier de vulgarisation et d’appropriation des symboles de la République et leur contenu doit être ouvert, principalement, à l’adresse de la jeunesse, des légitimités traditionnelles et des agents publics et parapublics de l’état. L’incivisme et la banalisation de la chose publique ont atteint aujourd’hui des limites extrêmes et tous les secteurs de la vie, depuis le cercle familial jusqu’au milieu public, en sont affectés.

Aussi, paraît-il indispensable d’instituer l’éducation civique dans tous les milieux scolaires et universitaires ; de réhabiliter le service militaire ; de moraliser la confection et l’usage des sceaux et armoiries conformément au décret n°07-213/P-RM du 30 juin 2007 fixant les modalités de reproduction des armoiries et d’impression du sceau de l’état, des autres sceaux officiels, timbres secs sous forme de presse et cachets ; de mener une vaste campagne de formation, d’information et de sensibilisation, à l’échelle nationale, sur les symboles de la République.

Mais aussi de sévir, conformément à la loi, contre tous ceux qui travestissent ou profanent les symboles de la République ; de réorganiser et d’équiper les structures en charge du contrôle de conformité des sceaux et armoiries de l’état, en l’occurrence la direction nationale des affaires judiciaires et du sceau ; de rendre effective la décision n°2021-000001/MRE-SG du 1er avril 2021 portant création du comité de pilotage des activités relatives à la consécration et au respect des symboles de l’état.

L’Essor : Après les événements du 18 août 2020, la refondation est sans doute l’aspiration fondamentale des Maliens. Pour y parvenir, la contribution de votre service est certainement capitale.  

Mohamed Maouloud Najim : La direction nationale des affaires judiciaires et du sceau, en charge du contrôle de conformité des sceaux et armoiries de l’état, sous l’autorité de Monsieur le ministre garde des Sceaux, doit pouvoir jouer son rôle afin de réhabiliter les sceaux et les armoiries et s’inscrire dans les objectifs de la refondation.  

Propos recueillis par
Mariétou KOITÉ

Mariétou KOITE

Lire aussi : ADR Bamako : Le conseil d’administration salue la consolidation des acquis

Pour l’Agence de développement régional (ADR) du District de Bamako, l’année 2024 était placée sous le signe d’une gouvernance consolidée et d’un cadre institutionnel renforcé..

Lire aussi : Adaptation au changement climatique : De bonnes pratiques partagées lors d’un forum par Mercy corps et ses partenaires

Mercy Corps, en collaboration avec ses partenaires, a organisé du 25 au 27 juin à l’école de maintien de la paix Alioune Blondin Beye, des journées de réflexion intitulées : «Forum de partage de connaissances et bonnes pratiques de résilience et d’adaptation au changement climatique»..

Lire aussi : Enfants et jeunes sur les routes migratoires : Les résultats du projet EJM présentés aux parties prenantes

Les travaux de restitution des résultats de capitalisation et de l’évaluation finale du projet Enfants et Jeunes sur les routes migratoires (EJM) en Afrique de l’Ouest et du Nord se sont ouverts hier, pour trois jours, dans un hôtel de la place..

Lire aussi : Fin de la session du Cesec : Une batterie de recommandations

Cette session qui a duré 15 jours, était consacrée à la finalisation et à l’adoption du rapport 2025 du Cesec.

Lire aussi : Secteur de la justice : Le programme décennal 2025-2034 à la loupe des acteurs

Le Programme décennal de développement du secteur de la justice 2025-2034 est au centre d’un atelier national de validation..

Lire aussi : Œuvres sociales du Chef de l’État : Le 450è forage installé à Dialakorodji

Dans la Commune rurale de Dialakorodji, l’accès à l’eau potable est extrêmement difficile. Pour avoir le précieux liquide, les habitants sont souvent obligés de parcourir de longues distances..

Les articles de l'auteur

ADR Bamako : Le conseil d’administration salue la consolidation des acquis

Pour l’Agence de développement régional (ADR) du District de Bamako, l’année 2024 était placée sous le signe d’une gouvernance consolidée et d’un cadre institutionnel renforcé..

Par Mariétou KOITE


Publié mardi 01 juillet 2025 à 07:42

Adaptation au changement climatique : De bonnes pratiques partagées lors d’un forum par Mercy corps et ses partenaires

Mercy Corps, en collaboration avec ses partenaires, a organisé du 25 au 27 juin à l’école de maintien de la paix Alioune Blondin Beye, des journées de réflexion intitulées : «Forum de partage de connaissances et bonnes pratiques de résilience et d’adaptation au changement climatique»..

Par Mariétou KOITE


Publié lundi 30 juin 2025 à 09:13

Enfants et jeunes sur les routes migratoires : Les résultats du projet EJM présentés aux parties prenantes

Les travaux de restitution des résultats de capitalisation et de l’évaluation finale du projet Enfants et Jeunes sur les routes migratoires (EJM) en Afrique de l’Ouest et du Nord se sont ouverts hier, pour trois jours, dans un hôtel de la place..

Par Mariétou KOITE


Publié mercredi 25 juin 2025 à 07:49

Fin de la session du Cesec : Une batterie de recommandations

Cette session qui a duré 15 jours, était consacrée à la finalisation et à l’adoption du rapport 2025 du Cesec.

Par Mariétou KOITE


Publié mardi 17 juin 2025 à 08:11

Secteur de la justice : Le programme décennal 2025-2034 à la loupe des acteurs

Le Programme décennal de développement du secteur de la justice 2025-2034 est au centre d’un atelier national de validation..

Par Mariétou KOITE


Publié vendredi 13 juin 2025 à 07:58

Œuvres sociales du Chef de l’État : Le 450è forage installé à Dialakorodji

Dans la Commune rurale de Dialakorodji, l’accès à l’eau potable est extrêmement difficile. Pour avoir le précieux liquide, les habitants sont souvent obligés de parcourir de longues distances..

Par Mariétou KOITE


Publié jeudi 05 juin 2025 à 08:03

Fête de Tabaski : Le chef de l’Etat offre des moutons aux veuves, orphelins et blessés de guerre

En cette veille de fête de l’Aïd el Kebir, les familles des soldats tombés au champ d’honneur et les blessés de guerre n’ont pas été oubliés par le Président de la Transition..

Par Mariétou KOITE


Publié mercredi 04 juin 2025 à 08:12

L’espace des contributions est réservé aux abonnés.
Abonnez-vous pour accéder à cet espace d’échange et contribuer à la discussion.
S’abonner