De gauche à droite : Mme Nana Sanou, Me Ibrahim Berthé, Mamadou Santara, Pr Ali N. Diallo Stockholm – Suède-en septembre 1992, délégation de l’Assemblée nationale à l’Union Inter Parlementaire
En effet, j’ai été élu député de la Commune III du
District de Bamako en avril 1992 sous les couleurs du Congrès national
d’initiative démocratique (Cnid Faso Yiriwa Ton, dans des circonstances de
transparence et de loyauté qui marqueront pour longtemps la mémoire d’hommes et
de femmes de tous bords politiques de cette époque engagés sincèrement pour la
construction nationale. L’Assemblée nationale était dominée par l’Alliance pour
la démocratie au Mali-Parti africain pour la solidarité et la justice
(Adéma-PASJ) avec ses 72 députés, suivi du Cnid 9 députés, le Rassemblement
démocratique africain (RDA) 5 députés, le Parti malien pour le développement
(PMD) 4 députés, l’Union pour la démocratie et le développement (UDD) 4
députés, etc…
La première mission à l’étranger, c’était pour participer
à l’assemblée annuelle de l’Union inter parlementaire (UI, sorte d’Onu des
parlements, avec plus de 180 pays membres. La ville de Stockholm en Suède a
abrité ces assises en septembre 1992. Bien que le Mali soit suspendu de toutes
activités de cette instance suite aux évènements douloureux de mars 1991,
l’Assemblée nationale du Mali a décidé d’y participer afin que le Mali retrouve
sa place dans le concert des nations démocratiques du monde.
Une délégation composée du Pr Ali Nouhoum Diallo,
président de l’Assemblée nationale, Mme Nana Sanou de la majorité, de Me
Ibrahim Berthé de l’opposition et de Mamadou Santara, secrétaire général s’est
rendue dans la capitale suédoise où attendait déjà notre ambassadeur M. Dia
venu de l’Allemagne.
Nous avons été
surpris à notre arrivée de constater que l’hôtel le moins cher à Stockholm
était de 65.000 Fcfa la nuitée, équivalent en couronne suédoise échangée à
Paris à la hâte. Or, nous n’avions que 50.000 Fcfa de per diem par jour que
l’assemblée nous avait octroyés. Comment faire ? M. Santara et moi avions pris
une chambre à grand lit. Restait le cas de Mme Nana Sanou qui devrait restée
seule dans sa chambre, le président Ali a pris une chambre avec mini suite.
Comment supporter ces dépenses inattendues ?
Président, lui dis-je, il faut nous secourir, sinon on ne tiendra pas les coûts de chambre, du repas et des transports avec seulement 50.000 Fcfa
Le président rit et me dit : J’ai refusé la chambre
luxueuse et spacieuse que notre ambassadeur avait choisi pour moi, pour,
dit-il, la bonne image du Mali. On va gérer. Or, le président Ali avait en tout
et pour tout 500.000 Fcfa de fonds de souveraineté pour le séjour qui dura sept
jours.
Nous nous installâmes tant bien que mal en ce début de soirée fraiche au pays des Viking en attendant que les choses beaucoup plus sérieuses commencent pour nous le lendemain matin. Le secrétariat général de l’UIP informé de notre présence dans le hall de l’hôtel où se tenait la conférence envoya un Sénégalais, M. Sow à notre rencontre. Après les salutations d’usage, il blagua avec le président Ali en langue peulh.
-Mes chers frères vous ne pourrez pas avoir accès à la
salle de conférence à cause de la suspension qui frappe le Mali. Il vous faudra
d’abord régler cette situation avec la commission des droits de l’Homme qui
examinera votre cas. Et c’est elle qui dira à la présidence la conduite à
tenir.
-Merci cher frère !
Et aussitôt, un vigile nous guida jusque dans la salle de ladite commission présidée par une Tunisienne, Mme Baccouche, qui nous accueillit avec respect. Son vice-président était Me Agbohibor du Togo, et les autres membres de la commission n’étaient pas tous arrivés. Je profitai pour échanger avec le président Ali. Et nos cassettes ? Demandai-je au président
C’est là, répondit-il. Comme tu avais raison mon cher
frère ! Clama-t-il !
En effet, avant de quitter Bamako, j’avais dit au
président Ali, guidé par je ne sais quel instinct, presque une prémonition :
Président, puisque le Mali est suspendu de l’UIP à cause des évènements de mars
1991 ayant abouti au coup d’État, je suggère que l’on apporte avec nous deux
cassettes : l’une contenant les images des tueries atroces avant le
renversement du défunt régime et l’autre montrant l’ouverture du procès crime
de sang des dignitaires, un an après.
Bonne idée mon frère, répondit-il. Mais où trouver ces cassettes alors qu’il nous reste peu de temps pour aller à l’aéroport ? Je vais tenter de joindre Racine Sall, l’auteur avec le cinéaste Cheick Oumar Sissoko de la plupart des images des scènes des tueries de mars 91. Moi-même je devrais en avoir, mais quelqu’un me les a empruntées et je ne sais comment faire pour le retrouver tout de suite.
Racine était injoignable.
-Bon, en route pour l’avion qui ne nous attendra pas. Arrivés à Paris, nous verrons cela avec notre ambassadeur, balança le président.
Et notre délégation fit mouvement vers l’aéroport
Bamako-Sénou. Le décollage eut lieu vers 16h. Cinq heures de temps de vol, nous
voilà arrivés à Paris où l’air était très frais. Il était presque 20 heures. L’ambassadeur
M. Camara et son staff nous attendaient à la sortie de l’escalator. Le chef du
protocole prit nos billets et nos passeports pour faire les formalités à notre
place. On nous amena au salon VIP, le temps de récupérer nos bagages. Et là, je
mis à profit ce moment de deviser pour demander à l‘ambassadeur que je connaissais déjà.
Excellence, dis-je, nous avons un souci, nous avons
éminemment besoin de deux cassettes qui vont nous être utiles à Stockholm. Il
s’agit des cassettes sur les évènements de mars 91, l’une relatant les tueries
et l’autre évoquant le procès crime de sang. Le Mali est suspendu de l’UIP,
nous devrons relater ce qui s’est
réellement passé dans notre pays et apporter des éclairages nouveaux à nos
collègues parlementaires.
Bien sûr que l’on pourra vous trouver ces cassettes-là, rétorqua l’ambassadeur. Cela fit un ouf de soulagement à notre délégation. Le protocole vint avec nos affaires et l’on embarqua pour l’hôtel Sheraton situé non loin de l’aéroport CDG, car le lendemain matin nous avions notre vol pour Stockholm.
Arrivée dans la mi-journée à l’aéroport international de
Stockholm, nous déposâmes nos valises à l’hôtel. Et sans nous reposer, notre
délégation se dirigea vers le Centre de conférence, pour prendre le pouls de la
situation.
Puis, une fois installés dans la salle de la Commission
des droits de l’Homme, le président Ali demanda à la présidente : présidente,
avez-vous un poste téléviseur muni de magnétoscope ? Bien sûr que si, nous en
avons dans la salle d’à côté. Qu’y a-t-il ? La délégation malienne souhaiterait
partager avec les membres de votre Commission le contenu de deux cassettes que
voici, lança le président Ali.
Pas de problème pour cela, répondit la présidente
Mme Baccouche. Et je tendis à Mme la
présidente la première cassette contenant les images des tueries lors des évènements de mars 91. On
éteignit les ampoules et l’opérateur mit en marche la télé. Ainsi, les
images macabres prises sur le Pont des
martyres, à la boutique Sahel Vert et enfin à l’hôpital Gabriel Touré qui
montraient des corps humains, certains gisant dans le sang et d’autres
calcinés, émurent les membres de la Commission qui ne voulaient plus voir le
reste.
L’on retira cette cassette. Et je donnai la seconde cassette à
l’opérateur. Quelques minutes après, apparut la salle du Palais de la culture
où se tenait l’ouverture du « procès crime de sang » des anciens dignitaires.
Les visages reluisant de l’ancien président en grand boubou basin bien amidonné
s’afficha sur l’écran ayant à ses côtés d’anciens responsables, tous bien
habillés comme lui en basin. Le président du tribunal procéda à l’appel des
prévenus qui répondirent présents.
La présidente ordonna d’arrêter la télé. Et son
vice-président, le Togolais de prendre la parole : C’est très édifiant ces deux
cassettes, déclara-t-il ! À voir les images atroces de tueries de mars 91 et
celles un an plus tard à l’ouverture du procès des auteurs présumés, bien
traités par les autorités actuelles démocratiquement élues, on peut dire sans
risque de se tromper qu’un changement véritable dans le bon sens est intervenu
au Mali.
Quelques questions furent posées à notre délégation que le président Ali a bien répondu. Vous pouvez vous retirer M. le président, vous et votre délégation. La Commission va examiner la situation du Mali et donnera une réponse dans les heures à venir, clama la présidente Mme Baccouche.
Nous sortîmes de la salle, le cœur haut et l’espoir
d’avoir convaincu la Commission. Il était près de 13 heures, et nous nous
dirigeâmes vers la salle de réfectoire pour nous restaurer. Dans l’après-midi,
les travaux reprenaient, la Commission nous fit appel. Arrivée dans la salle,
on lisait sur le visage de la présidente un léger sourire.
M. le Président, après examen du dossier sur la situation
au Mali, la commission à l’unanimité déclare que le Mali remplit toutes les
conditions pour être admis à nouveau comme membre à part entière de l’UIP,
ainsi s’exclama Mme la présidente. Ainsi, notre délégation se dirigea vers la
grande salle de conférence et le président Ali et moi-même, majorité et
opposition, tout en un, occupâmes les deux sièges réservés au Mali pour la
défense des seuls intérêts de notre pays.
Le lendemain matin, le président Ali prit le premier la parole au nom du Mali. Auparavant, il m’avait remis son discours afin que j’y apporte quelque chose, quelle leçon d’humilité ! Président, c’est un très bon discours, je n’ai rien à y ajouter. Voici ce que moi aussi j’ai concocté, lisez-le.
Tour à tour, nous intervînmes à la tribune pour délivrer
le message du Mali dans le temps de dix minutes maximum pour chacun. Après
avoir terminé il nous restait des bonus en minutes que le président Ali décida
d’offrir, près de sept minutes, à la délégation togolaise dirigée par Mgr
Kpodjoro qui en avait grand besoin, témoignant ainsi notre solidarité avec ce
peuple en lutte face au régime de Eyadéma.
À la fin des travaux, avant de regagner le Mali, nous
fîmes le point de la situation financière. Le président Ali préleva sur le
fonds de souveraineté de quoi compenser les dépenses inattendues en frais
d’hôtel pour la député Mme Sanou, le secrétaire général et moi-même. À notre
retour à Bamako, le reliquat de ce fonds a été reversé au questeur de
l’Assemblée nationale sous le regard incrédule des membres du Parlement.
Mission pleinement accomplie, malgré les moyens dérisoires mis en notre disposition par la nation pour la défendre à l’extérieur et redonner à notre pays la place qui lui revient dans le concert des nations.
Travaillons, prenons de la peine pour le Mali, c’est le
sens du devoir et du sacrifice que nous devrions tous cultiver pour son rayonnement dans notre monde si
tourmenté.…
Me Ibrahim BERTHÉ
Ancien vice-président de l’Assemblée nationale
Député de la Commune III de Bamako
Médaillé d’or de l’Union international des huissiers de justice
Chevalier de l’Ordre
national du Mali
Rédaction Lessor
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