
Des passagers attendent d’embarquer
Le mardi 2 avril dernier à Mopti,
le bord du fleuve Niger est dans un état insalubre. Les plastiques ont créé une
horreur sur le site boueux. Dans l’eau malpropre, des enfants se baignent. Les
passagers venus de Bamako à bord d’un bus assistent à la scène, en attendant
d’embarquer dans les deux pinasses pour rallier Niafunké. Ils apprendront plus
tard que les embarcations sont déjà parties. La nouvelle sonne comme un coup de
tonnerre dans la foule. L’inquiétude se lit sur les visages. Certains craignent
de rater la fête de l’Aïd el Fitr. D’autres, par peur de passer la nuit dans
une zone méconnue, tentent de trouver des moyens pour rattraper l’une des
pinasses.
Les rabatteurs saisissent
l’occasion pour vendre des billets à raison de 7.000 Fcfa à certains clients
qui souhaitent toujours partir. Ils sont une dizaine à se lancer dans cette
aventure qui vise à mettre à leur disposition une pirogue qui va les conduire à
l’une des deux pinasses déjà parties. «Vous n’avez rien à craindre, on a
l’habitude de procéder ainsi. Vous n’avez plus à payer une deuxième fois. On
gère tout. Quoi qu’il arrive, je sais que cette petite pirogue va pouvoir
joindre votre engin de choix», assure le rabatteur. À17 heures, la pirogue démarre
dans une ambiance religieuse marquée de prières et de bénédictions pour une
traversée sans anicroche.
La jeune Hawa voyage pour la
première fois dans une pirogue. Elle serre très fort la main de sa cousine pour
sa sécurité. Cela ne l’empêche de hurler chaque fois que la pirogue tangue. Des
voix la rassurent que l’embarcation ne va pas couler. Une trentaine de minutes
après, le calme règne à bord du véhicule flottant. Vers 19 heures, nous
arrivons au poste de contrôle de Mopti où des agents de sécurité s’assurent que
le nombre de passagers ainsi que la quantité de bagages respectent les normes.
Pendant ce temps de contrôle, les voyageurs achètent de la nourriture à manger
au cours du trajet. Des vendeurs louent le service des piroguiers qui les
conduisent vers la pirogue des voyageurs pour écouler leurs marchandises.
Après 6 heures de voyage, les
passagers respirent enfin un air de soulagement en apercevant l’une des
pinasses qu’ils poursuivent. Les deux ouvrages flottants s’atteignent et
procèdent au transfert des passagers. L’opération fait peur à Hawa qui refuse
de quitter la pirogue. D’autres en rient. Mais le comportement de la dame
exaspère un jeune homme grand et robuste. «Ce n’est pas pour elle seulement
qu’on va perdre notre temps ici. Si elle ne veut pas descendre, on peut partir
sans elle», dit-il en colère. Cette deuxième pinasse est plus grande que la
première. Elle réserve un espace pour les femmes et un autre pour les hommes.
Au bout de la pinasse, le navigateur et l’un de ses apprentis sont réunis
autour de leur théière. À l’autre bout, se trouvent les moteurs et des
apprentis qui sont au nombre de six personnes. Au beau milieu est installée la
cuisine où l’on peut trouver tout le nécessaire pour préparer à manger. Chaque
voyageur essaie de trouver un abri pour bien se reposer. Pour ce faire, ils
amènent des couvres lits pour les étaler sur les sacs de riz et mil des
commerçants qui se trouvent dans la pinasse. Ces sacs servent de matelas aux
voyageurs. D’autres se couchent sur des barriques.
Dans la cuisine, un jeune homme
s’active entre les fourneaux et marmites pour faire le dîner pour les clients.
Il s’agit de Moussa qui, outre ses tâches d’apprenti chauffeur, s’occupe de la
cuisine dans la pinasse. Au menu du jour, c’est du riz au gras, une de ses
spécialités. Il se sert de l’eau du fleuve pour la préparation de son repas.
C’est la même eau que boivent les propriétaires de la pinasse. Les voyageurs,
quant à eux, viennent avec leur eau filtrée. Dans la pinasse, la fumée de la
cuisson est forte là où les femmes demeurent. Adama, l’une d’elle, presse le
cuisinier de se hâter pour éteindre le feu.
Le riz au gras est enfin prêt à être servi. Bouba, le benjamin des travailleurs de la pinasse, est chargé d’apporter le repas aux passagers. Il partage équitablement dix tasses entre les hommes et les femmes. Des groupes de cinq convives voire plus se forment autour d’une tasse. Ils ne manquent pas de compliments sur le plat savoureux de Moussa. Après le dîner, des passagers commencent à dormir. D’autres se consacrent à leurs Smartphones pour écouter la musique ou regarder un film. Quant à Papou, qui est à son troisième voyage dans une pinasse, il refuse de fermer les yeux une seconde à cause de la peur. Il préfère observer attentivement la pinasse naviguer comme s’il ne voulait pas perdre de vue le danger. «Depuis que j’ai appris que plusieurs pinasses ont chaviré sur cette voie et aussi l’attaque du bateau Tombouctou, j’ai encore plus peur du voyage par pinasse», raconte-t-il les yeux toujours rivés sur le fleuve.
Conséquences de la décrue- Le
temps passe ainsi et la première nuit s’efface. Le lendemain, le voyage est
plus pénible. La décrue rend la traversée très ardue bloquant souvent l’engin.
Des dunes et des rochers entravent régulièrement la circulation de la pinasse.
Face à cette situation, les apprentis descendent dans l’eau pour débarrasser
avec vigueur et intelligence le bâtiment flottant du piège. Les hommes dans le
rang des passagers aident à pousser la pirogue. Le pire est que les passagers
n’ont maintenant ni nourriture ni eau. Et la pinasse peine à atteindre un
village côtier pour le réapprovisionnement. Comme le dit un proverbe : «Faute
de grives, on mange des merles». Ceux qui avaient répugné l’eau du fleuve, sont
contraints de la boire. «Buvez, rien ne va vous arriver. Si l’eau du fleuve
tuait, on ne serait pas là aujourd’hui. Comme vous n’êtes pas habitués, vous
aurez peut-être de légers maux de ventre. Mais ça va passer», rassurent les
apprentis, le ton quelque peu moqueur.
Arrivé à un hameau de Bozos, les
voyageurs descendent et cherchent à manger. Des vendeurs proposent des gâteaux
sans sucre dont raffolent les passagers. La deuxième journée présente des
obstacles difficiles à surmonter. Un pêcheur de passage dans sa pirogue vient au
secours de la pinasse. Il transporte les femmes dans l’objectif de diminuer la
charge de l’engin. Les femmes y restent depuis 21 heures jusqu’à 4 heures du
matin, heure à laquelle la pinasse finit par bouger. Le troisième jour,
l’espoir renait sur les visages.
Aux dires des apprentis, c’est le dernier jour
du voyage qui ne durera qu’une dizaine d’heures. Certains estiment que la
pinasse atteindra la ville de Niafunké au plus tard à 14 heures. Sur le trajet,
le premier débarquement est effectué à une dizaine de mètres du bord du fleuve.
Il s’agit d’une femme et ses trois enfants. Malheureusement pour ces voyageurs,
les petites pirogues chargées de les transporter sur les berges du fleuve
tardent à venir. Les apprentis décident de les débarquer dans l’eau avec leurs
bagages et continuer leur route. La décision provoque la colère des autres
passagers qui refusent d’abandonner la femme dans ce pétrin. Pendant ce temps,
une barque arrive sur le lieu, puis amène la femme et sa progéniture à bon
port.
Après avoir repris la route, les
apprentis racontent : «Dans ce village, il y a des terroristes qui ont
l’habitude d’attaquer les pinasses pour frapper des pauvres femmes qui ne
portent pas de voiles noirs ou qui ne couvrent pas bien leurs corps. Même dans
leur village, les femmes qui viennent pour faire la lessive ou la vaisselle au
bord de l’eau, doivent se baigner avec les voiles si elles veulent se laver.
C’est pour cette raison qu’on ne traine pas ici quand on doit débarquer un
client. Même quand on meurt de faim et qu’il y a à manger ici, on ne l’achète
pas», confient-ils en souhaitant voir l’Armée occuper vite ce village. Car
selon eux, les villages qui sont derrière le fleuve sont à la merci des bandits
armés.
La jeune Assi, étudiante à l’Université de Ségou, remercie Dieu qu’ils ne l’ont pas aperçue dans les vêtements courts qu’elle porte. «Dorénavant, quand je dois voyager, je prendrai avec moi une voile. On ne sait jamais», dit-elle. La scène finie, le calme est enfin là. Des têtes baissées sur les écrans, des jeux de cartes, des causeries entre amis, etc. On se sent comme dans un bateau. Entre temps, le cuisinier est aux fourneaux pour faire le dernier repas à ses clients. Cette fois-ci, c’est la sauce rouge à base de poisson sec et le riz blanc qui sont au menu de midi. éventail en main, il se précipite pour finir vite avant l’arrivée de la pinasse. Enfin, après trois jours de trajet et de fatigue, la pinasse arrive au bord de «Soko et Dougou» communément appelé Niafunké sous les applaudissements de ses occupants.
Fadi CISSE
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