#Mali : Bakari Mangané à propos du changement climatique : «Il faut accélérer les actions d’atténuation pour lutter contre ce désastre»

La Journée météorologique mondiale a été célébrée le 23 mars sous le thème «La météo en première ligne de l’action climatique». Occasion de mettre en avant le rôle crucial de cette science dans la lutte contre le changement climatique. Dans cette interview qu’il a bien voulu accorder à l’Essor, le chargé des prévisions et alertes météorologiques à l’Agence nationale de la météorologie (Mali météo), Bakari Mangané, évoque les défis et prône un changement de mentalité

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Publié jeudi 28 mars 2024 à 08:35
#Mali : Bakari Mangané à propos du changement climatique : «Il faut accélérer les actions d’atténuation pour lutter contre ce désastre»

L’Essor : Quelles sont les manifestations de la météo et quel rôle joue-t-elle dans la vie au quotidien ?

Bakari Mangané : La météo est un domaine transversal qui touche beaucoup de domaines socioéconomiques (agriculture, santé, environnement, transport en général et infrastructures). En la matière, l’être humain est à la recherche permanente du confort et cette recherche du mieux être est liée aux manifestations météorologiques. Elles sont nombreuses et à des degrés divers : en saison sèche avec des rayons ultraviolets accompagnés de forte chaleur ; en hivernage avec des vents violents et des pluies diluviennes.

L’Essor : Que vous inspire le thème de cette année et comment concilier les besoins colossaux en terme de développement industriel et rationalité pour éviter un désastre, un cataclysme ou un tsunami mondial ?

Bakari Mangané : Ce thème signifie que le changement climatique apporte de profondes modifications dans la vie et des consommations énergétiques. Nous devons prendre conscience que le danger est à notre porte en adoptant des bonnes pratiques, telle que le reboisement pour rendre les forêts plus denses. Et c’est à nous de mettre un accent particulier sur la protection de l’environnement par des actes concrets en encourageant les bonnes pratiques et en prenant des mesures sévères contre les récalcitrants. Le changement climatique, ce sont les pratiques humaines cumulées tous les jours sur une longue période. Et lorsqu’il y a très peu d’actions de réparation, en cas de catastrophe naturelle, comme les inondations ou la sècheresse, ça va plus toucher les populations en milieu rural. 

Donc, la solution pour sauver l’humanité dépend de nos mentalités. Il est nécessaire d’accélérer les actions d’atténuation pour lutter contre ce désastre en réduisant les émissions des gaz à effet de serre. Nous devons nous former et nous adapter au changement. Nous devons aussi l’intégrer au programme scolaire pour expliquer aux enfants les effets néfastes du changement climatique, en leur inculquant la bonne conduite afin qu’ils prennent conscience dès l’enfance. Les États doivent prendre de bonnes décisions en faveur du climat. Notre pays s’est longtemps attelé à la résolution en créant les départements de l’Environnement, du Développement rural et des Agences. Nous devons maintenant faire des efforts pour exploiter notre potentiel. Le Mali a le coefficient le plus élevé en matière de rayonnement solaire «Albdo» par rapport à beaucoup de pays de la région. On a aussi le gaz et cela est dû à notre emplacement géographique. Il est très difficile chez nous de faire 48h à 72h sans soleil, c’est une chance et nous devons en profiter au maximum.

L’Essor : Quelles sont les implications de la météo sur la faune, flore, l’habitat ?

Bakari Mangané : Les implications sur la faune, flore et l’habitat sont variées à travers les paramètres météorologiques, telle que la forte température qui impacte aussi les animaux et les arbres que les humains. À cela s’ajoute la démographie galopante, induisant des façons de constructions qui impactent l’environnement. Parce qu’on construit de façon étalée ou horizontale, et non verticale, comme des grattes-ciels. Cette construction étalée fait que les villes s’approchent et réduit les forêts. La densité de la population augmente par rapport au faible niveau de l’urbanisation. Même les passages de l’eau ne sont pas épargnés. Ces occupations souvent illicites provoquent des dégâts. On assiste de plus en plus à des phénomènes météorologiques récurrents qui ont des effets immédiats sur la vie des êtres.

L’Essor : Quels sont les défis liés au changement climatique et ses implications sur le développement humain ?

Bakari Mangané : Les défis liés au changement climatique sont nombreux, à commencer par le réchauffement planétaire. Tous les pays du monde ont leur compte, surtout les pays les plus industrialisés qui émettent plus de gaz CO2 dans l’atmosphère contribuant ainsi à la dégradation de l’environnement du monde. Car les pays ont des frontières, mais tel n’est pas le cas de l’atmosphère qui nous couvre tous. Le CO2 est le gaz le plus toxique pour la couche d’ozone.

Aussi, les pays en voie de développement contribuent à cette dégradation, à travers les coupes abusives des arbres sans penser à les remplacer et les feux de brousses provoquant la déforestation. Les activités humaines ont réchauffé le climat en un degré sans précédent. La température de la surface du globe s’est élevée de 1,1°c  par rapport à la période préindustrielle. Selon le rapport de 2023 du Groupement intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (Giec), le réchauffement du climat atteindra 1,5°c dès le début des années 2030.

L’Essor : De plus en plus, nous assistons à des phénomènes climatiques qui menacent l’existence. Quelles sont les mesures à prendre pour assurer la vie ?

Bakari Mangané : Il faut que les humains soient conscients du problème à tous les niveaux, à commencer par les autorités, les décideurs politiques, nous les techniciens chargés de l’environnement. Qu’on investit davantage dans la protection de l’environnement qui est un défi national et mondial, surtout les pays sahéliens comme le nôtre dont l’économie dépendent fortement de la pluviométrie. C’est pourquoi la conduite à tenir en la matière est que nous soyons là à donner des bonnes informations à travers nos bulletins d’informations sur les prévisions (des bulletins quotidiens, hebdomadaires, mensuels). Tout cela pour informer davantage les populations.

Mais nous avons quelques difficultés, nos structures sont confrontées à des problèmes d’effectif, de formation permanente pour le renforcement des capacités et l’acquisition des équipements ultra modernes pour pouvoir bien assurer les missions météorologiques.

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