Le Bari : Un symbole de l’identité du Bambara

C’est un instrument de musique traditionnelle des bambaras des Régions de Dioïla ou «Baninco» et de Bougouni. On le retrouve aussi chez leurs voisins des Communes de Koumantou et de Kolondièba. Leurs frères de Kolokani et de toute la partie nord de la Région de Koulikoro s’identifient également à cette musique

Publié vendredi 25 février 2022 à 06:56
Le Bari : Un symbole de l’identité du Bambara

C’est sans doute l’un des instruments les plus utilisés par cette ethnie. On le retrouve également dans la Région de Ségou avec quelques nuances. Ces derniers appellent cette variante le Bara.

Le « Bari» est un ensemble de quatre instruments de musique traditionnelle du Banico : le « doundounba » (le grand tambour), le « nèkè » (la moitié d’une grande barrique), le « djembé » (tam-tam) et le « djembédeni » (le petit tam-tam). Ils sont tous joués par les hommes à l’aide d’une baguette en bois dont l’extrémité est recouverte de caoutchouc. Le «Bari» renvoie aussi à la troupe tout entière qui joue.

A l’origine, le « Bari» était joué lors de grands travaux champêtres. Il servait alors à galvaniser les braves cultivateurs. Car à l’époque, les hommes valides du village se regroupaient pour aller dans les champs des familles à tour de rôle. Ainsi, la famille qui recevait le groupe s’occupait en même temps de la troupe de «Bari». Leur présence permettait aux cultivateurs de labourer en temps record un champ de plusieurs hectares. De nos jours, puisque les champs collectifs se font rares, et la mécanisation de l’agriculture aidant, les troupes de « Bari » sont très peu sollicitées.

 « Etant donné que la troupe appartient à tout le village, nous attendons les grandes fêtes populaires pour la mobiliser », expliquait récemment Bou Koné de Koumantou. C’est ainsi qu’il devient l’instrument privilégié lors des cérémonies de réjouissance comme la célébration de la fête d’indépendance le 22 septembre et l’accueil des personnalités. Il sert à animer aussi les baptêmes, les circoncisions, les mariages et bien d’autres.

Il se joue sur la place publique, dans un ou plusieurs cercles. Il arrive que des groupes d’âge organisant la fête s’habillent en uniforme. Dans ce cas, ils forment le premier cercle. Au fur et à mesure que la mayonnaise monte, le second cercle est formé par la foule.

Le cercle constitue la scène où dansent énergiquement les hommes et les femmes, dans une file indienne exclusive à chacun. à la tête de la file, se trouve un homme appelé « Bari nièmogo ». Il donne le ton et les rythmes de danse à adopter. Un seul morceau de « Bari» peut atteindre jusqu’à 40 minutes.

Ainsi comme partout ailleurs, la danse commence de la même manière par des prières, des actes de grâce à la divinité, des actes d’adoration à leur égard, à l’écart. La danse étant est une expression, elle représente d’ordinaire le phénomène que l’on souhaite. Elle se développe ensuite en figuration de toute une légende d’un épisode mythologique qui donne une place importante à l’expression narrative. Nous recourons généralement à la danse chaque fois qu’un évènement arrive, qu’il soit heureux comme lors du bari ou malheureux.

Cette danse, sans rompre avec les attaches religieuses, se donne en spectacle, c’est-à-dire être stylisée afin de présenter une certaine beauté qui n’entache en rien sa signification. Un penseur n’a-t-il pas dit que « la danse est toujours au moins en partie et en dépit parfois des apparences, plaisir de danser, plaisir de jouer avec le corps. En ce sens, elle est libération, catharsis. »

A la mimique des danseurs s’ajoutent, dans certaines situations, une partie dialoguée qui change la danse en véritable représentation dramatique. Le geste précède, accompagne ou suit la parole car elle vaut par lui  tout comme il vaut par elle. Mais les gestes peuvent aussi constituer un langage par eux–mêmes et il était fatal, ce langage se passe du concours de la parole, pour acquérir une beauté indépendante s’appuyant sur des techniques.

Les chants sont interprétés par les femmes. La chanteuse principale, appelée parfois «soroké kono» (un oiseau) fait les éloges des vaillants hommes, des grands propriétaires de céréales, de champs, de bétails ou d’ors. Les spectateurs donnent des sommes significatives à la chanteuse pour l’encourager. Les thèmes abordés dans les chansons portent en général sur le succès, l’amour, la mort, la bravoure, la méchanceté.

Le principal instrument est fabriqué à partir du tiers d’une barrique dont les deux côtés sont recouverts de peaux de vache. On l’appelle le « doundounba » qui signifie en français le grand tambour. Le bari  désigne aussi la troupe traditionnelle musicale. 

Les deux derniers instruments sont le « djembe » et le « kete ou djembedeni » qui signifie respectivement le « tam-tam » et le « petit tam-tam ». Tous les instruments du bari sont joués à l’aide d’une baguette en bois dont l’extrémité est recouverte de caoutchouc. L’équipe du bari est accompagnée d’une chanteuse. Pour les joueurs que nous avons eu l’occasion de rencontrer, la place de la femme est importante dans la troupe, parce qu’à l’origine le bari est destiné aux cultivateurs. Et qui parle de cultivateur parle aussi de la femme parce que ce sont les femmes qui apportent à manger aux hommes.

Le bari est joué lors des  cérémonies de circoncisions, mariages, baptême, funérailles… Toutes ces occasions sont importantes pour magnifier et louer les éloges des concernés. C’est pourquoi, la chanteuse Mamou Koné ne rate pas une occasion pour magnifier les hommes braves de la société. « Nos chansons traitent de tout ce qui touche la société comme la jalousie, la  méchanceté, le succès, la reconnaissance et bien d’autres », explique-t-elle.

Dans la commune de Massigui, le bari a une variante appelée Boyi. C’est un groupe de plusieurs femmes munies d’une petite calebasse appelée le « Ya » et d’un  djembe joué par une femme. Pour elles, le boyi est une danse traditionnelle du Massigui réservée exclusivement à la femme. « Les hommes peuvent seulement danser mais pas jouer aux instruments », précise Alima Fomba, lead vocal de la troupe.

Le Boyi est célébré grâce à la composition d’un ensemble d’instruments de musique traditionnelle. Une grosse calebasse est plongée dans un grand récipient rempli d’eau. L’ensemble des mélodies du « Ya » et de la grosse calebasse ajouté au son du tam-tam font la particularité du boyi. Selon nos sources, le boyi peut être également joué par des hommes mais, dans d’autres localités. Une autre particularité du boyi, c’est que le « ya » peut être joué par toute femme qui le veut.

Youssouf DOUMBIA

Lire aussi : Coopération culturelle : Le ministre Daffé et l’ambassadeur de la Palestine, Hassan Albalawi, s’inscrivent dans la même vision

Le ministre de l’Artisanat, de la Culture, de l'Industrie hôtelière et du Tourisme, Mamou Daffé, a rencontré, lundi dernier dans ses propres installations, dans le cadre de l’Année de la culture, l’ambassadeur de la Palestine au Mali, Hassan Albalawi..

Lire aussi : Biennale de Tombouctou : La chorégraphie de la cérémonie d’ouverture en construction

Depuis bientôt un mois, le maître chorégraphe, Karim Togola, assisté de deux professeurs de danse du Conservatoire des arts et métiers multimédia Balla Fasséké Kouyaté, Abdoulaye Koné et Dramane Sidibé, sont à pied d’œuvre pour la construction du ballet de la cérémonie d’ouverture.

Lire aussi : Ségou : lancement de la journée de la Jeunesse africaine

Le directeur de cabinet du gouverneur de la Région de Ségou, Boureïma Ongoïba, a présidé, vendredi dernier, la cérémonie de lancement des activités commémoratives de la Journée de la jeunesse africaine, édition 2025..

Lire aussi : Année de la culture : Le plaidoyer pour la création

Le parrain du mois dans le cadre de l’Année de la culture a expliqué clairement lors de la rencontre la nécessité de créer pour être visible dans le monde. Il a aussi invité les créateurs à s’inspirer de notre patrimoine musical, textile ou architectural pour bâtir des produits culture.

Lire aussi : Festival Rendez-vous chez nous : De beaux spectacles dans la rue

Si au départ le «Festival Rendez-vous chez nous» était concentré sur les masques et marionnettes, force est de constater que l’événement s’est beaucoup développé. De nos jours, il est devenu plus éclectique avec une programmation riche et variée, allant de la musique à la danse moder.

Lire aussi : Fatoumata Dembélé : «La photographie m’a choisie»

Lauréate du concours national de la photographie, elle œuvre depuis plusieurs années pour inoculer le virus de son métier aux femmes.

Les articles de l'auteur

Biennale de Tombouctou : La chorégraphie de la cérémonie d’ouverture en construction

Depuis bientôt un mois, le maître chorégraphe, Karim Togola, assisté de deux professeurs de danse du Conservatoire des arts et métiers multimédia Balla Fasséké Kouyaté, Abdoulaye Koné et Dramane Sidibé, sont à pied d’œuvre pour la construction du ballet de la cérémonie d’ouverture de la Biennale de Tombouctou..

Par Youssouf DOUMBIA


Publié mardi 18 novembre 2025 à 11:43

Festival Rendez-vous chez nous : De beaux spectacles dans la rue

Si au départ le «Festival Rendez-vous chez nous» était concentré sur les masques et marionnettes, force est de constater que l’événement s’est beaucoup développé. De nos jours, il est devenu plus éclectique avec une programmation riche et variée, allant de la musique à la danse moderne..

Par Youssouf DOUMBIA


Publié mardi 11 novembre 2025 à 08:19

Cinéma : Le 2è épisode de «Bini Bana» réaffirme la souveraineté des noirs

Au moins 300 élèves de l’École fondamentale Bleu et Blanc de Missala, à une vingtaine de kilomètre de Bamako, ont assisté, vendredi dernier, à l’avant-première du 2è épisode du film Bini Bana de Zaidou Coulibaly. Ce long métrage de 90 minutes est une ode à la libération totale du joug colonial..

Par Youssouf DOUMBIA


Publié mardi 04 novembre 2025 à 14:01

Manuscrits anciens : L’ONG Savama-DCI montre sa contribution à l’année de la culture

La Sauvegarde et valorisation des manuscrits anciens pour la défense de la culture islamique (SAVAMA-DCI) est une ONG culturelle, qui a joué un rôle fondamental dans la préservation du patrimoine écrit au Mali. Dans le cadre de ses missions, elle a entrepris la construction de plusieurs bibliothèques dédiées à la conservation, protection et mise en valeur des manuscrits anciens..

Par Youssouf DOUMBIA


Publié jeudi 02 octobre 2025 à 13:23

4ē Grand prix d'Afrique de hippisme au Maroc : Enrichissante participation du Mali

La 4ē édition du Grand prix d'Afrique de hippisme se tient ces jours au Maroc avec la participation de plusieurs pays du continent dont le Mali..

Par Youssouf DOUMBIA


Publié samedi 13 septembre 2025 à 21:54

4è Grand prix d’Afrique de hippisme : Les turfistes Maliens pourront désormais parier sur courses marocaines

-.

Par Youssouf DOUMBIA


Publié vendredi 12 septembre 2025 à 20:26

Culture et Intelligence artificielle : Bamako Académie dévoile sa série « La voie du Donsoya »

On peut s’aventurer à dire que Kabakoo Academies ose une fusion avant-gardiste de l’Intelligence artificielle (IA) et de la culture, en présentant en exclusivité un film intitulé « La voie du Donsoya ». Il s’agit du tout premier film d’animation explorant la richesse du Donsoya, une institution sociale et une vision du monde multiséculaire d’Afrique de l’Ouest..

Par Youssouf DOUMBIA


Publié mardi 09 septembre 2025 à 17:02

L’espace des contributions est réservé aux abonnés.
Abonnez-vous pour accéder à cet espace d’échange et contribuer à la discussion.
S’abonner