Faladiè et Sogoniko : Les déplacés de la crise sécuritaire souffrent

Des centaines de personnes y vivent dans des conditions très précaires. Leur souhait ardent est de retourner le plutôt possible chez eux afin de mener une vie décente

Publié mardi 30 août 2022 à 05:38
Faladiè et Sogoniko : Les déplacés de la crise sécuritaire souffrent

L’insalubrité est devenue le quotidien des personnes qui vivent sur ces sites


Contraints de quitter leurs villages suite aux attaques terroristes à répétition ayant fait de nombreuses victimes, ils sont actuellement plus de 1.000 déplacés à fréquenter les sites de Faladiè et du Centre Mabilé de Sogoniko en Commune VI du District de Bamako. Vivant dans des conditions  très précaires sur  ces sites de fortune, ces compatriotes devront leur survie au soutien de l’État, des organisations non gouvernementales et à des bonnes volontés.

Mais il faut reconnaître que l’aide arrive souvent au compte-gouttes. Le 21 août 2022 a été célébrée la Journée internationale du souvenir en hommage aux victimes du terrorisme.

Le thème de cette année était «Mémoire» et il a été choisi après consultation des victimes et des associations qui s’y rapportent. Au Mali, ce thème sied avec la situation des milliers de déplacés et de réfugiés que connait le pays depuis une décennie. Notre équipe de reportage s’est rendue sur les sites de Faladiè Garbal et du Centre Mabilé de Sogoniko où résident depuis quelques années, des centaines de déplacés internes pour constater de visu leurs conditions de vie. 


INSALUBRE ET BOUEUX-Notre premier constat à notre arrivée sur le site de Faladiè  est que l’endroit est très insalubre, très boueux et nauséabond. Des tentes y sont construites en tôles, avec des toits faits de foins et maintenus par des bâches en plastique pour empêcher les eaux de pluie de s’infiltrer. à notre passage, deux enfants âgés d’à peine 10 ans poussaient avec difficulté un charriot chargé de plusieurs  bidons d’eau de 20 litres.


Ils peinaient à faire avancer le charriot complètement embourbé dans la terre boueuse. Nous regardons le sol et nous nous demandons où poser nos pieds tant la surface était recouverte de boue. Ici, les eaux usées verdâtres attirent les mouches et les moustiques.

Ce qui fait que le site est infesté par ces insectes très nuisibles qui causent de nombreuses maladies comme le paludisme. Nous sommes dépassés de voir ces compatriotes vivre dans ces conditions indécentes. Les enfants jouaient pendant que leurs mamans faisaient la cuisine comme si de rien n’était au milieu de ces immondices.

Constat fait de ces difficiles conditions de vie, nous demandons à voir le responsable du site. On nous guide tout droit vers Mariam Niagalé qui travaille à la direction régionale du développement social. Avec son autorisation, nous avons pu échanger avec certains déplacés sur leurs conditions de vie, dont Ama Diallo. Le vieil homme semble s’habituer à ces conditions de vie au fil du temps. Détendu sur une chaise, une houlette à la main, il nous explique qu’une personne qui trie les ordures pour les vendre afin de pouvoir se nourrir ne connait pas la saleté car c’est son quotidien.

Cependant, Amadou Djibo, un autre déplacé qui s’est retrouvé sur le site depuis trois ans, explique que la saleté dérange tout le monde. «C’est la saison des pluies  qui aggrave cette situation», nous confie-t-il. À notre passage, nous avons croisé une équipe de la Croix-rouge malienne venue offrir des moustiquaires aux déplacés.

Selon les membres de cette équipe, les dons qu’ils font aux déplacés dépendent des besoins du moment.  étant donné que c’est la saison des pluies et que les moustiques affluent dans la zone, la Croix-Rouge a choisi de donner des moustiquaires aux déplacés pour les protéger contre le paludisme. «Ils ne nous aident pas chaque mois, mais tout le temps»,   témoigne le vieux Ama Diallo.

En cas de maladies, dit-il, c’est la Croix-Rouge ou Samu social qui les prennent en charge et gratuitement.  Ayant beaucoup de choses sur le cœur, Ama Diallo nous informe que les déplacés ont besoin de denrées alimentaires, d’eau, de médicaments, de sécurité et d’éducation pour leurs enfants. Il se souvient qu’un sac de 50 kg de riz a été offert à chaque famille pour  une durée de quatre mois. Pour lui, cela n’est guère suffisant car certaines familles n’ont même pas fait un mois avec leur sac.

Pour notre interlocuteur, c’est pendant la période de Ramadan qu’ils reçoivent le plus d’aide venant de mains généreuses, comme quatre à cinq sacs de riz pour chaque famille durant ce laps de temps. Ama Diallo qui déplore leurs conditions de vie regrette qu’il n’y a  pratiquement pas de donations de vivres sur les sites ces derniers temps.  Ces propos  sont confirmés par la responsable du site Mariam Niagalé qui précise que cela fait deux voire trois mois que les déplacés de Faladiè  n’ont rien reçu. Et du coup, ils sont obligés de trier les ordures pour certains, de faire de petits boulots et mendier pour d’autres afin de pouvoir vivre.


Pour le vieux Ama Diallo, le manque de travail est un gros problème qu’ils connaissent également. D’après lui,  leur recherche de nouveaux partenaires afin de donner du travail décent à certains déplacés n’a rien donné.


Du coup, certains font de petits boulots pour pouvoir nourrir leurs familles. «Certains hommes coupent de l’herbe qu’ils vendent, d’autres deviennent des mendiants et certaines femmes sillonnent les maisons pour faire la lessive. Aussi, d’autres  ramassent les objets plastiques  dans les ordures qu’ils revendent pour pouvoir acheter de la nourriture», nous relate Ama Diallo, qui demande aux autorités et aux bonnes volontés de leur permettre d’avoir des terres pour cultiver ou des animaux à élever pour subvenir à leurs besoins.
 

PAIX ENTRE COMMUNAUTÉS- Au total, 806 personnes déplacées sont sur le site de Faladiè  selon le dernier recensement. La première chose qui frappe à l’œil dans ce lieu est l’harmonie qui règne entre les différentes communautés en l’occurrence des Sonrhaïs, des Bozos, des Bambaras, des Tamasheks, des Dogons, des Peulhs. Les personnes interrogées ainsi que les responsables des sites s’accordent à dire que la paix règne entre ces différentes communautés que la situation sécuritaire a réunies dans une communauté de destin.

Au Centre Mabilé de Sogoniko, l’ambiance était toute autre à notre passage. Ici, 306 déplacés sont logés, dont  des dogons et des Peulhs selon le responsable, Madi Noumogo. Certains vivent dans un grand bâtiment délabré. D’autres sous des tentes offertes par les Nations unies.

Les déplacés de ce site que nous avons interrogés sur leurs conditions de vie, reconnaissent que le service du développement social fait du bon travail quant à leur traitement. Abdoulaye Boly, un vieux Peulh est là depuis quatre ans. Il explique être venu dans ce Centre avec d’autres déplacés,  car le site de Faladiè n’était plus fréquentable à cause des eaux de pluie.

Les déplacés que nous avons rencontrés remercient  les organisations et les  bonnes volontés qui leur viennent en aide dans la limite de leurs possibilités. Par la même occasion, ils lancent un cri de cœur à l’endroit des autorités en leur demandant plus de soutien. Mieux, ils exhortent le gouvernement à faire en sorte que la situation du pays se stabilise  pour qu’ils puissent retourner chez eux, retrouver leurs familles et travailleur leurs terres pour vivre dignement.


Même si d’autres, à l’image de la pauvre Djénèba Tinmin, déplorent ne plus avoir de village où retourner car tout a été décimé par les terroristes et les habitants qui ont survécu ont dû aller vivre ailleurs pour ne pas être les prochaines victimes des attaques terroristes.

Jessica K. DEMBELE

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