
Ce n’est pas le plus souvent une chose aisée de se remarier pour les veufs ou veuves. Certains soutiennent même que c’est mettre le doigt dans l’engrenage, voire creuser sa propre tombe. Ils parieraient tout l’or du monde que ça ne marchera pas dans la plupart des cas. Ce stéréotype affecte pas mal d’hommes qui ont perdu leurs épouses et de femmes dont les conjoints sont décédés.
O.D réside à Niaréla en Commune II du District de Bamako. Du haut de ses 35 ans, cet enseignant a perdu son épouse en 2023. Depuis, il ne s’est plus mis en couple avec une femme et élève seul ses deux enfants. Il exprime le désir de convoler encore en justes noces, mais se heurte à des résistances inattendues. Le pédagogue éprouve de l’amour pour une jeune femme qu’il juge sérieuse et aime sa progéniture. Mais ses parents refusent de m’accorder sa main sous prétexte que je suis veuf. Est-ce une superstition ou une croyance ancienne ?
En tout cas, l’enseignant s’indigne contre cette attitude qu’il estime discriminatoire parce que ni le Coran, ni la Bible encore moins nos traditions ne soutiennent ce point de vue. Il rapporte que la famille de la jeune femme a consulté un occultiste qui aurait prédit que leur fille connaîtra le même sort tragique que sa défunte épouse s’ils acceptent leur union. «Je me demande si c’est Dieu qui connaît l’avenir ou les voyants», s’interroge-t-il avec amertume.
Sa compagne, F.D, habitante de Korofina Nord en Commune I du District de Bamako, avoue que O.D a demandé sa main, il y a un an. Celle qui est aujourd’hui dans la fleur de l’âge (23 ans) fulmine contre les siens pour leur refus catégorique de sceller son union avec celui qu’elle aime. «Pourtant, c’est un homme bon, sincère et simple. Je suis profondément attachée à mes parents, mais je ne comprends pas leur opposition à cette union», dit-elle avec une voix anxieuse.
La jeune dame raconte que le jour où elle a pourtant parlé de sa relation avec O.D, sa mère avait immédiatement souhaité que son prétendant apporte la cola. La jeune dame vit mal cette situation et explique être entre le marteau et l’enclume.
Aminata Gandega est veuve depuis quatre ans et mère de trois enfants. Elle réside à Sotuba en Commune I du District de Bamako. Pour elle, son veuvage a été triste parce qu’elle a été victime d’un isolement brutal et d’un désengagement total de sa belle-famille.
«Refaire sa vie quand on est veuve reste un véritable tabou. Après la mort de mon mari, ses frères m’ont même repris l’argent offert par ses amis en guise de solidarité. Aujourd’hui, aucun d’eux ne se préoccupe de ma personne encore moins du sort de mes enfants. C’est mon petit frère qui m’aide à tenir le coup», explique-t-elle, avant d’enchaîner avec ses difficultés à se mettre encore en couple.
«Les hommes me fuient dès qu’ils apprennent que je suis veuve. Et pourtant, c’est Dieu qui décide du destin de chacun. Du fait de ce statut de veuve, on me marginalise. Il m’arrive parfois de désespérer, mais je continue d’espérer retrouver une âme sœur et qui aimera mes enfants comme les siens», déclare Aminata Gandega.
CHANGEMENT DE MENTALITÉS. Les parents de la bien-aimée d’A.K, enseignant et promoteur d’une agence de voyage, étaient opposés à son union avec leur fille. «Ses tantes, en particulier, refusaient catégoriquement de me voir comme un prétendant acceptable. J’étais simplement veuf avec des enfants et pauvre de surcroît», raconte ce résident de Daoudabougou en Commune I du District de Bamako.
La pression sur sa compagne fut intense. «On lui disait qu’elle se déshonorait en acceptant un homme comme moi. Mais elle a tenu bon. Grâce à l’intervention de son oncle, nous nous sommes fiancés. Aujourd’hui, tout va mieux. Je souhaite que chacun comprenne que l’amour n’a pas de statut social», insiste A.K.
À Bagadadji, en Commune II de Bamako, un père de famille s’est confessé sous anonymat. Il dit à qui veut l’entendre ne pas être prêt à accorder la main de sa fille à un veuf. «Dans ma communauté, on n’a jamais fait ça. Si une femme doit épouser un veuf, c’est après avoir contracté un mariage elle-même. Toutes les filles de notre famille ont épousé des hommes qui n’avaient jamais été mariés. Il faut respecter cela», insiste-t-il, avant d’ajouter qu’un veuf vit rarement seul.
«Il vient avec ses enfants. Je refuse que ma fille aille se perdre dans un foyer où elle devra s’occuper des enfants d’une autre femme. Son mari ne l’aimera jamais autant que ses enfants. C’est la nature humaine», argumente notre interlocuteur. A.S, mère de trois filles, partage la même conviction. «Mes enfants doivent d’abord étudier, réussir et ensuite prendre soin de nous. Un mariage avec un veuf compromettrait tout cela», assure-t-elle.
Le traditionnaliste Ousmane Diarra explique qu’auparavant, un veuf ou une veuve ne peinait pas à se remarier. Il explique que la perte d’un conjoint était perçue comme une volonté divine et non la conséquence d’un mauvais sort. «Mais aujourd’hui, les mentalités ont changé. On attribue la mort à un malheur qui poursuivrait l’un des conjoints qui serait resté. Dès que tu perds ton mari ou ta femme, on te pointe du doigt.
Les gens te regardent autrement, et il devient très difficile de se remarier», déplore-t-il. Et d’indiquer que dans les villes, c’est presque impossible; surtout si l’intéressé a perdu deux ou trois conjoints. Alors qu’au village, signale Ousmane Diarra, perdre deux femmes ne t’empêche pas de te remarier.
Salia Tamba Diawara, imam d’une mosquée de Korofina Sud en Commune I du District de Bamako, affirme clairement qu’un homme veuf peut, sans aucune restriction islamique, épouser une femme qui n’a jamais été mariée. «Le veuf a la possibilité d’épouser une femme libre de tout lien antérieur, voire la sœur cadette de la défunte avec le consentement de celle-ci et de sa belle famille. Ce qui compte, c’est qu’il soit musulman, qu’il travaille et qu’il dispose d’un logement pour accueillir son épouse», informe-t-il, avant de dénoncer les coutumes qui consistent à imposer un époux à une femme. Mais, les choses évoluent, tempère-t-il.
«Aujourd’hui, nos coutumes commencent à s’aligner sur des principes plus respectueux de la volonté individuelle. Les gens comprennent peu à peu qu’un mariage basé sur le choix mutuel est source de bonheur. Même si cette transition n’est pas encore totale, je reste confiant», se réjouit l’érudit. Et d’appeler à la bienveillance et à la compréhension des parents quant au choix du conjoint de leurs enfants.
«C’est cela aussi le respect de la volonté divine», conclut-il. Notre société reste prisonnière de croyances superstitieuses aggravant la stigmatisation de certaines couches sociales. Il devient urgent de déconstruire ces stéréotypes à travers la sensibilisation. Car, chacun mérite la possibilité de reconstruire sa vie, sans être jugé pour un malheur qu’il n’a pas choisi.
Fatoumata DEMBÉLÉ
Rédaction Lessor
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