Crimes économiques et financiers à la Cour d’assises : Le comptable naïf prend cinq ans de prison

Il était bel et bien au courant des agissements malsains de son chef hiérarchique, mais a préféré les passer sous silence. Ce qui lui vaudra des années derrière les barreaux

Publié mercredi 15 janvier 2025 à 07:45
Crimes économiques et financiers à la Cour d’assises :  Le comptable naïf prend cinq ans de prison

Au cours des travaux de la session spéciale de la Cour d’assises consacrée aux crimes économiques et financiers, de nombreux agents et/ou fonctionnaires de l’état ont comparu devant les juges. Ils étaient tous impliqués d’une manière ou d’une autre dans une affaire d’atteinte aux biens publics dans leurs structures employeuses respectives

Pour le cas présent, c’est un certain El Hadji D. Coulibaly qui a comparu à la barre pour « faux et usage de faux et soustraction de biens dans le secteur privé ». à l’époque des faits (2015-2018), ce financier de formation était le responsable administratif et financier de la compagnie aérienne Tunis Air. à ce titre, l’homme avait dans ses attributions la gestion des recettes de vente des billets de ladite compagnie. Ayant la responsabilité de plusieurs dizaines de millions de Fcfa au quotidien, El Hadj D Coulibaly n’a pu résister à l’appât du gain facile.

Ainsi courant 2019, un jour, à la suite d’un échange d’e-mail entre le service de contrôle de la compagnie Tunis Air basé à Tunis, et le nommé El hadji D Coulibaly, il a été découvert vingt-sept (27) bordereaux de remise de chèque. Cela était tout a fait normal. Mais, ce fait sortait de l’ordinaire, à partir du moment où, ces bordereaux n’avaient fait l’objet d’aucun versement dans les comptes de recettes de la compagnie aérienne.

C’était suffisant pour que le nouveau représentant de Tunis Air, à l’époque, Riadh Farhat, commandite un audit pour y voir clair.  à la suite de cette vérification, il a  été décelé  au titre des exercices 2015-2018, que El hadji D. Coulibaly, en sa qualité de responsable administratif et financier de la représentation de la compagnie au Mali, procédait, avec intention coupable, à la soustraction de plus de 47,6 millions.  Cette somme représentait la valeur desdits bordereaux de remise de chèques, non reversés dans les comptes recettes de la compagnie.

C’ainsi que le financier a été interpellé pour s’expliquer sur ces faits. Coincé, l’homme a rejeté la responsabilité  des faits sur Zied Milliti, ancien représentant de Tunis Air (en fuite). Selon le suspect, c’est ce dernier qui aurait ourdi et exécuté les opérations de soustraction de biens au préjudice de l’entreprise. Partant de cette explication, El hadji D. Coulibaly a rejeté la responsabilité des faits qui lui sont reprochés.

Il est resté constant dans cette logique durant toute l’instruction de son dossier et n’a cessé d’imputer l’entière responsabilité de l’infraction au responsable fugitif. 

 

Seul à comparaître pour s’expliquer- Malgré tout, l’entreprise qui tenait à clarifier cette histoire et situer les responsabilités, a tout simplement  porté plainte. Une information judiciaire fut ouverte à l’issue de laquelle le responsable administratif et financier  se retrouva devant les juges de la Cour d’assises spéciale pour l’infraction citée plus haut. Certes, ils étaient les deux responsables de la compagnie à être mêlés dans cette histoire, cependant en l’absence de Zied Milliti demeuré introuvable, Elhadji D Coulibaly a été le seul à comparaître pour s’expliquer et, éventuellement se défendre dans l’espoir de recouvrer la liberté.

Des explications du mis en cause, il ressort que lors de la  campagne pour le pèlerinage 2015, dans le but de solder les comptes de la compagnie, le fugitif lui intimait l’ordre de dépêcher le coursier auprès d’une banque de la place, pour chercher un bordereau vierge de remise de chèques. Il mentionnait ainsi des montants fictifs sur ces bordereaux, avant de les revêtir du sceau de la dite Banque et de les expédier au siège de la compagnie à Tunis.

C’est comme cela que plusieurs bordereaux fictifs ont été envoyés à Tunis, avant d’être soldés par les ventes ultérieures. Le mis en cause soutint, mordicus, que l’homme agissait à l’époque des faits, juste dans l’espoir de combler le déficit avant le prochain pèlerinage, et cela, jusqu’à ce que les comptes soient définitivement soldés. Parlant de son chef fugitif, l’accusé soutint que « C’est lui qui manigançait tout ». Et de poursuivre en expliquant aux jurés, la main sur le cœur qu’en guise de bonne foi, à un moment donné pour prouver sa bonne foi et éviter de se retrouver dans une sale histoire, il aurait lui-même demandé l’audit pour comprendre les raisons du trou financier  décelé, à cause duquel il est accusé.

Non convaincus des explications du mis en cause, les jurés lui ont demandé s’il  n’était pas au courant des faux bordereaux que son chef établissait à son nom. à cette question, l’accusé a répondu par l’affirmative. D’où l’étonnement de la Cour, face au refus du financier de signaler cette situation à la hiérarchie, alors qu’il était au courant de tout ce qui se passait. Pratiquement à toutes les questions que les jurés lui ont  posées, El hadji D. Coulibaly  est resté constant dans l’idée de n’avoir rien compris.

L’avocat de la partie civile n’est pas allé par le dos de la cuillère face à un tel accusé. C’est pourquoi, il cherchait toujours à le charger. La robe noire a  estimé qu’il n’y a aucun doute quant à la culpabilité du responsable administratif de la compagnie. « Les faits sont établis », a-t-il soutenu avec assurance, s’étonnant du fait que l’accusé a eu les moyens de trouver un auteur des faits, même s’il s’est défendu de n’être au courant de rien.

 

De larges circonstances atténuantes- De son côté,  le ministère public s’est dit très gêné dans un dossier du genre, en l’absence d’un suspect en fuite. « C’est intriguant qu’on n’a pas pu l’identifier pour des débats contradictoires », a déploré le défenseur des citoyens estimant que la responsabilité d’El hadji D. Coulibaly est engagée à partir du moment où il savait et a refusé de dénoncer. Partant de ces constats, l’avocat général a requis de le maintenir dans les liens de l’accusation avec le bénéfice de larges circonstances atténuantes.

Le conseil de l’accusé qui semblait s’être réjoui du réquisitoire du parquet a, de son côté qualifié la procédure de bâclée. « Elle a été tendancieuse et rien n’a été fait dans l’ordre », a-t-il dénoncé, regrettant que la cour se soit retrouvée dans un dossier où le coupable est celui qui est présent.  Selon lui, le faux était délibéré dans le but de porter atteinte à quelqu’un. La robe noire a tout simplement plaidé non coupable.

En dépit de tout ce qui précède, l’homme a été reconnu coupable avec des circonstances atténuantes. Le financier a ainsi écopé de 5 ans d’emprisonnement ferme, au remboursement de la somme de 47,6 millions de francs CFA, et au paiement de 5 millions de francs CFA à titre de dommages et intérêts.

Tiedié DOUMBIA

Lire aussi : Sénou : Des voleurs de bovins aux arrêts

A Sénou, quartier périphérique à la sortie sud de Bamako, les policiers sont décidés à assainir leur secteur pour le débarrasser des malfrats de tout acabit..

Lire aussi : Korofina Nord : Le brelan de Braqueurs mis hors d’état de nuire

Le Commissaire principal Bakary Coulibaly et ses hommes du commissariat de Korofina Nord, en Commune I du District de Bamako viennent de se faire entendre de nouveau. Ces limiers ont tout récemment mis hors d’état de nuire trois (03) individus suspectés d’avoir commis des infractions d’« a.

Lire aussi : Formation professionnelle : L’Ajdm lance le projet groupes d’entraide mutuelle

L’Association jeunesse et développement du Mali (AJDM), en partenariat avec la Fondation apprentis d’Auteuil international, a lancé, hier dans ses locaux à Sirakoro, le projet «Groupes d’entraide mutuelle (GEM)»..

Lire aussi : Bamako : Holà au proxénètisme sur les réseaux sociaux

Certains individus utilisent les réseaux sociaux à des fins de proxénétisme pour se faire de l’argent. Ils oublient que les policiers veillent au grain et qu’ils sont prêts à envoyer les fautifs croupir au cachot.

Lire aussi : Mobilisation sociale, engagement et contrôle citoyen : Pour une meilleure responsabilisation des communautés

Un atelier national sur la mobilisation sociale, engagement et contrôle citoyen se tient, depuis hier dans un hôtel de la place à Banankoro (Région de Koulikoro), à l’initiative de la Direction nationale du développement social (DNDS)..

Lire aussi : Bamako : Holà au proxénétisme sur les réseaux sociaux

Certains individus utilisent les réseaux sociaux à des fins de proxénétisme pour se faire de l’argent. Ils oublient que les policiers veillent au grain et qu’ils sont prêts à envoyer les fautifs croupir au cachot.

Les articles de l'auteur

Sénou : Des voleurs de bovins aux arrêts

A Sénou, quartier périphérique à la sortie sud de Bamako, les policiers sont décidés à assainir leur secteur pour le débarrasser des malfrats de tout acabit..

Par Tiedié DOUMBIA


Publié jeudi 29 mai 2025 à 07:49

Korofina Nord : Le brelan de Braqueurs mis hors d’état de nuire

Le Commissaire principal Bakary Coulibaly et ses hommes du commissariat de Korofina Nord, en Commune I du District de Bamako viennent de se faire entendre de nouveau. Ces limiers ont tout récemment mis hors d’état de nuire trois (03) individus suspectés d’avoir commis des infractions d’« association de malfaiteurs, braquage à main armée et détention illégale d’armes à feu »..

Par Tiedié DOUMBIA


Publié mercredi 07 mai 2025 à 07:55

Formation professionnelle : L’Ajdm lance le projet groupes d’entraide mutuelle

L’Association jeunesse et développement du Mali (AJDM), en partenariat avec la Fondation apprentis d’Auteuil international, a lancé, hier dans ses locaux à Sirakoro, le projet «Groupes d’entraide mutuelle (GEM)»..

Par Tiedié DOUMBIA


Publié mercredi 30 avril 2025 à 08:01

Bamako : Holà au proxénètisme sur les réseaux sociaux

Certains individus utilisent les réseaux sociaux à des fins de proxénétisme pour se faire de l’argent. Ils oublient que les policiers veillent au grain et qu’ils sont prêts à envoyer les fautifs croupir au cachot.

Par Tiedié DOUMBIA


Publié lundi 28 avril 2025 à 07:31

Mobilisation sociale, engagement et contrôle citoyen : Pour une meilleure responsabilisation des communautés

Un atelier national sur la mobilisation sociale, engagement et contrôle citoyen se tient, depuis hier dans un hôtel de la place à Banankoro (Région de Koulikoro), à l’initiative de la Direction nationale du développement social (DNDS)..

Par Tiedié DOUMBIA


Publié jeudi 17 avril 2025 à 08:38

Bamako : Holà au proxénétisme sur les réseaux sociaux

Certains individus utilisent les réseaux sociaux à des fins de proxénétisme pour se faire de l’argent. Ils oublient que les policiers veillent au grain et qu’ils sont prêts à envoyer les fautifs croupir au cachot.

Par Tiedié DOUMBIA


Publié jeudi 17 avril 2025 à 08:35

Sénou : Le voleur trahi par son train de vie

Il s’était introduit par effraction au domicile d’un particulier pour y dérober une importante somme d’argent. Comme il est facile de dépenser l’argent qu’on n’a pas gagné à la sueur de son front, il se mit à dilapider l’argent volé. Ce changement dans son train de vie attira l’attention sur lui, entrainant sa chute.

Par Tiedié DOUMBIA


Publié mardi 15 avril 2025 à 08:04

L’espace des contributions est réservé aux abonnés.
Abonnez-vous pour accéder à cet espace d’échange et contribuer à la discussion.
S’abonner