
Des vendeuses de condiments à́ Wonida (Commune II), un marché de vente de légumes à Bamako
Karim Keïta et son épouse Assetou Traoré sont unis par les liens sacrés du mariage depuis cinq ans. De loin, le couple semble vivre une vie faite d’eau douce et d’amour. Les disputes sont rares et la marmite bout tous les jours. De près pourtant, la vie n’est pas un long fleuve tranquille comme l’explique Assetou Traoré parlant de la gestion de sa popote. «Nous sommes dans une famille de quinze personnes. Avant, mon mari me donnait 5.000 Fcfa comme prix de condiments, déjeuner et dîner compris. Il y a deux ans maintenant que Keita ne me donne que 3.500 Fcfa prétextant une diminution de la clientèle de son garage. Je me vois donc dans l’obligation de me plier en deux pour compléter le ‘’nansongo’’. C’est une situation embarrassante, surtout que je dois souvent faire recours à mes parents pour assurer un repas acceptable à ma famille», explique notre interlocutrice.
Pour faire face à cette nouvelle donne, dame Traoré est obligée de contracter une dette auprès d’une caisse d’épargne. Ce qui lui a permis d’ouvrir un petit commerce de pagnes Wax, de chaussures et pleins d’autres articles. Mais tous les bénéfices vont dans le prix de condiments, explique Mme Keita. Et lorsque les affaires ne marchent pas, elle peut compter sur la participation de sa belle-mère. Une vieille femme qui n’hésite pas à apporter de temps en temps des légumes et de l’huile.
Zeneïbou Maïga, secrétaire de direction dans un service national, est quant à elle mariée depuis deux ans et vit dans la grande famille de son mari. Elle aussi soutient affronter le problème de l’insuffisance du prix des condiments et donc dans l’obligation de se débrouiller pour le compléter. «Mon mari me donne 2.500 Fcfa par jour. J’ajoute 1.000 à 1.500 Fcfa pour avoir 3.500 à 4.000 Fcfa. Ce qui me permet d’avoir un déjeuner copieux. Pour le dîner, personne n’intervient, je m’en occupe seule. Il m’arrive de dépenser 2.000 Fcfa voire plus», dit-elle. Zeneïbou Maïga va plus loin et croit savoir que les femmes qui vivent dans les grandes familles sont les plus fatiguées. Elle se justifie : «Dans la grande famille, il faut beaucoup plus de condiments pour que la nourriture soit acceptable».
Zeneïbou Maïga et Assetou Traoré ne sont pas les seules à participer au prix de la popote. Comme elles, Aminata Dakouo est ménagère. Mariée depuis 2000, elle aussi participe à l’achat des condiments. «Depuis le début de mon mariage, mon mari a fixé le prix des condiments à 1.000 Fcfa par jour. Jusqu’au moment où je vous parle, il n’a pas augmenté d’un franc. Ces 1.000 Fcfa ne peuvent plus suffire. Surtout avec l’arrivée des enfants», se plaint-elle. Et de préciser : «Mon premier fils est par la grâce de Dieu commerçant. Il m’aide énormément, sinon ce serait un calvaire car sur le marché, tout est cher et tous les jours les commerçants augmentent les prix des produits alors que la famille continue de s’agrandir au fil des années.»
ÉMANCIPATION DE LA FEMME- Assurer la popote est un devoir pour l’homme sous nos cieux. Mais aujourd’hui, certains chefs de famille en font le cadet de leurs soucis. Prenant à la lettre le concept de l’émancipation de la femme, ils se dérobent à leurs devoirs, arguant inconsciemment que la femme est aujourd’hui l’égale de l’homme et donc se doit de prendre part à toutes les dépenses. Soit ! Dans tous les cas, la femme africaine en général et la femme malienne en particulier ne se sont jamais dérobées à leurs obligations familiales. C’est le cas de cette autre dame qui a sollicité l’anonymat et qui nous raconte : «Je vis depuis une quinzaine d’années avec le père de nos trois enfants.
Ma situation financière étant plus confortable que la sienne, c’est à moi de m’occuper des charges alimentaires du foyer. Lui se contente d’apporter un sac de maïs, un autre de riz et 10 litres d’huile dans le magasin et basta ! Le reste ne le regarde visiblement pas malgré mes plaintes.» Le comportement de cet homme ressemble à bien des égards à celui de nos frères de la campagne qui estiment que leur charge se limite à remplir le grenier. À la femme de s’arranger pour assurer le reste. Baba Doumbia, enseignant de profession, n’est pas d’accord avec les propos de nos interlocutrices. Il estime que les femmes ne complètent pas le prix des condiments, «au contraire, elles utilisent une partie de l’argent pour l’investir dans leurs tontines», accuse-t-il. Et de poursuivre : «Sur dix femmes, il peut avoir une seule qui complète le prix de condiments».
C’est aussi l’avis de Madou Koné qui raconte à cet effet une anecdote qu’il dit avoir vécue. «Je donne 2.000 Fcfa par jour à mon épouse pour l’achat de condiments et à chaque repas je ne vois que deux petits morceaux de viande dans la sauce. Un jour je l’ai prise en flagrant délit. En effet, elle payait chaque jour une tontine journalière de 1.000 Fcfa. Les femmes passent leur temps à nous accuser alors que c’est de leur faute», confie-t-il en souriant. Devant ces accusations et contre accusations, nous avons voulu savoir ce qu’en pensent les observateurs de notre société. Nous nous sommes adressé au sociologue Modibo Touré. Pour lui, la popote représente le budget alimentaire d’une famille.
Elle est une charge qui incombe aux deux conjoints. «L’homme a des charges reconnues auxquelles il ne peut pas se dérober comme le loyer, l’électricité, etc.» Mais, les réalités de la vie en Afrique font que la popote est aussi considérée et perçue comme un devoir que l’homme, en tant que premier responsable du foyer, doit accomplir. Cependant, si la femme peut l’aider, alors cette aide est toujours bienvenue. La vie devient de plus en plus difficile et nos femmes doivent-elles contribuer à l’achat des condiments ? Débat toujours ouvert et dont la fin n’est sûrement pas pour demain.
Proverbe
L’eau fermentée du lavage du mil est appréciée des mouches, mais elle leur est fatale ou souvent.
Signification
La chose que l’on aime à l’excès est souvent source de malheur. On est souvent puni par où l’on pèche.
Djeneba BAGAYOGO
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