
L’Essor : Quelle est l’innovation
majeure apportée au Dialogue inter-Maliens pour la paix et la réconciliation
nationale?
Pr Younouss Hamèye Dicko : C’est
la création de la Commission géopolitique et environnement international qui
est à cheval sur toutes les commissions. Nous pouvons recommander tout ce que
les autres commissions ont noté. Mais, nous avons fait des choix. La
géopolitique est l’étude des rapports
entre les données de la géographie et la politique de l’État.
Nous
sommes obligés d’exhiber les richesses du pays : son agriculture, ses mines,
son élevage, ses eaux et son étendue. Tout ce dont on peut tirer avantage par
rapport à l’extérieur. Nous avons des recommandations sur l’or, le lithium,
l’hydrogène. Par exemple, nous allons tenir compte de l’or qui permettra de
régler nos problèmes avec l’extérieur. L’or ce n’est pas du mil qu’on peut
piler et manger, mais ça s’échange. Nous voulons qu’à partir de l’or, le Mali
puisse faire des stocks pour garantir sa monnaie.
Les pays de l’AES ont un sous-sol
faramineux. Ils peuvent créer une monnaie garantie par l’or qui se trouve dans
leur sous-sol. Nous avons fait également
des recommandations sur le coton. Si nous habillons notre armée à partir
de notre coton, cela créera des activités extraordinaires et permettra de
booster l’économie. Le Mali a aussi le bétail qui peut nous enrichir. Nous ne
voudrions plus exporter des bétails sur pieds.
Nous voulons créer des abattoirs
modernes et vendre notre viande plutôt que
notre bétail sur pieds. En vendant la viande, nous aurons la peau à notre
disposition. À cet effet, nous pourrions fabriquer les chaussures de nos
militaires avec le cuir. Cela enrichira le pays, c’est important. Il y a
également les deux plus grands fleuves de l’Afrique de l’Ouest: le Niger et le
Sénégal.
Le Mali a plus de 70 milliards de m3 que charrient ces deux fleuves en
eau de surface. Le pays a plus de 3.000 milliards de m3 d’eau souterraine. Il
peut les exploiter. Nous ne sommes pas au bord de la mer, mais nous produisons
200.000 tonnes de poissons par an. Ce sont des richesses dont nous disposons
aujourd’hui. Nous pouvons nous débrouiller sans nos voisins. Au contraire,
c’est nous qui deviendrons indispensables pour eux, si nous exploitons, notre
propre géopolitique.
L’Essor : Comment vous percevez le devenir du
Mali ?
Pr Younouss Hamèye Dicko :
Aujourd’hui, je souhaiterai que le Mali
commence à extraire son pétrole. Je veux que l’on puisse dire que le
Mali est un pays pétrolier et gazier. Il
y a des choses que les Maliens ne savent pas, notre pays, depuis son accession
à l’indépendance en 1960, n’a fait que cinq forages pour chercher le pétrole et
le gaz. La République du Niger en a fait 150 à 200 forages. Actuellement, c’est
ce voisin qui nous envoie du carburant pour faire fonctionner la Société
énergie du Mali (EDM SA). C’est inadmissible.
L’Essor : Êtes-vous satisfait du
déroulement des travaux du Dialogue ?
Pr Younouss Hamèye Dicko : Lors
du Dialogue inter-Maliens, nous avons
beaucoup travaillé. Il y a quelque chose qui m’a fait plaisir pendant ce Dialogue. C’est l’arrivée
des délégués de l’intérieur, ceux des ambassades, des consulats, de la diaspora
et de l’université. Pour la première fois dans notre pays, l’université a
participé à un dialogue. Le président du Comité de pilotage du Dialogue
inter-Maliens pour la paix et la réconciliation nationale, Ousmane Issoufi
Maïga, a considéré l’université comme la 21è région du Mali. L’université en
tant que telle avait les mêmes délégués
qu’une région. L’apparition de l’université a donné au Dialogue un cachet particulier. Toute l’intelligentsia
du Mali est arrivée avec ses problèmes, ses pensées et réflexions. Cela a
permis à la Commission géopolitique d’avoir une image de marque. L’enseignement supérieur et la diaspora ont complètement
transformé le visage de la Commission et la qualité de ses travaux.
L’Essor : Qu’est-ce qui
différencie ce Dialogue inter-Maliens, du Dialogue national inclusif (Dni) et
des Assises nationales de la refondation (ANR)?
Pr Younouss Hamèye Dicko : Ce
Dialogue à mon niveau est le meilleur
que nous avons organisé. J’étais parmi les organisateurs du Dialogue
national inclusif et j’ai participé aux Assises nationales de la refondation à travers mes représentants. Le Dialogue
inter-Maliens est certainement le meilleur des trois que nous avons organisés.
Il est meilleur aussi pour autre chose. Ce Dialogue n’est pas venu des bruits
politiques en amont, ni pendant. C’est la véritable situation du Mali qui a
amené le président de la Transition, le colonel Assimi Goïta, à faire une
proposition très pertinente de convoquer les Maliens afin qu’ils discutent
entre eux.
Nous avons dénoncé l’Accord pour la paix et la réconciliation
nationale, issu du processus d’Alger. Cet Accord nous a paralysés. C’est vrai,
il a été signé à Bamako, mais il a été préparé à l’extérieur dans un endroit où
la rébellion était plus cotée que la République du Mali. Donc, l’on a imposé
une camisole de force que l’on ne peut
porter. Et nous l’avons dénoncé. Maintenant, le pays est vide de toute
contrainte avec le départ de Barkhane, de la Minusma et d’autres organisations.
Nous avons dénoncé tous ceux qui ont une
émanation colonialiste, néo-colonialiste et impérialiste.
Le chef de l’État a eu l’élégance de nous demander et de réfléchir nous-mêmes
sur nos problèmes. C’est pourquoi, nous avons pu introduire la thématique «Géopolitique et environnement international». En 2019, les
rebelles nous ont refusé ce thème avec Baba Akhib Haïdara, Ousmane Issoufi
Maïga et Mme Aminata Dramane Traoré. Les rebelles ont fait tellement de bruit
que le régime d’alors a été obligé de céder. Puisqu’ils savent qu’avec la
géopolitique, on ouvre les yeux. À l’époque, les pays frontaliers étaient avec
eux. Ils déversent les gens dont ils n’ont pas besoin chez nous.
L’Accord étant dénoncé, certains
pays voisins se sont fâchés puisqu’ils en profitaient. Maintenant, il va
falloir que ces pays travaillent avec nous et non avec les rebelles. Nous avons
discuté tranquillement sans aucune coercition. Il faut dissoudre
tous les groupes armés et les mouvements armés en les renvoyant dos à dos. Il
n’y a pas de groupes armés amis et groupes armés ennemis.
Quiconque porte des armes, qui
n’est pas militaire du Mali, ne sera pas non plus toléré. C’est leur communauté
et leur peuple qui doivent être invités à travers leurs représentants pour
faire un nouvel Accord inter-Maliens. Nous avons toujours été une nation arc en
ciel et de la façon la plus belle. Nous avons des racines, des fiertés, des
trophées géopolitiques bien avant nos colonisateurs.
Désormais, nous reprenons notre
liberté. Je pense que ce Dialogue
permettra de nous reconstruire et
de faire un accord malien où les conseillers ne seront pas les néo-colonialistes
guidant les rebelles pour qu’il n’y ait jamais de paix. Mais ce serait
nous-mêmes. Cet Accord-là doit être entre les communautés du Mali. Ceux qui
voulaient faire du mal à notre pays ont été vaincus à Kidal. Et l’on ne
recommencera pas à les remettre en selle.
Propos recueillis par
Namory KOUYATE
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