#Mali : Mariage consanguin : Pratique désuète tolérée

Cette union, très souvent, fait long feu. Raisons : mésentente entre les belles-familles, méconnaissance du partenaire et disputes. Certains couples sont confrontés à des mauvaises surprises qui ont trait aux maladies et à des comportements malsains qui les dissuadent de choisir ce type d’union endogène

Publié jeudi 05 septembre 2024 à 19:48
#Mali : Mariage consanguin : Pratique désuète tolérée

 

“Les cousines sont faites pour les cousins”. C’est une expression bien connue de nos compatriotes pour parler du mariage consanguin «Badenya Fourou», en langue malinké. Cet hyménée est généralement une décision parentale visant à unir par le lien du mariage deux personnes partageant un lien de parenté. La pratique a pignon sur rue dans nos villes particulièrement dans les campagnes.

Mariam (nom d’emprunt) a épousé un cousin. Elle explique que les parents exercent une forte pression sur les deux jeunes pour qu’ils acceptent de s’unir. «On dit à la femme de se marier avec son cousin et à l’homme d’accepter celle-ci pour souder la famille», dit-elle, avant de trouver injuste ce diktat. Selon elle, cette union conjugale n’est pas sans regret.

«Généralement, au bout de quelques mois, ce sont des remords des deux côtés. Ainsi, des dissensions profondes s’en suivent car les deux personnes ne s’aiment pas. Certains n’ont parfois pas d’atomes crochus sur plusieurs aspects de la vie courante et conjugale», déplore cette jeune femme de 25 ans. Et de s’interroger sur la raison qui pousse notre société à continuer cette pratique sachant bien qu’un jour l’une des parties va demander le divorce provoquant ainsi la dislocation des liens familiaux.

Inna (nom d’emprunt), une mère de famille, contactée au téléphone, estime que seulement un mariage consanguin sur 10 réussit. «Aujourd’hui, les jeunes se choisissent entre eux. Malgré cela, il y a des problèmes, à plus forte raison leur imposer un mariage arrangé», soutient-elle, avant d’inviter les parents à abandonner certaines coutumes désuètes.

Binta Bocoum est assise dans son atelier de couture au quartier Hippodrome en Commune II du District de Bamako. Elle explique qu’elle a quitté deux unions consanguines. «Mon premier mariage s’est passé en 2010 avec un cousin germain. Pour la famille, c’était le choix parfait, car c’était un homme calme et peu bavard. Mais, il était alcoolique. Il me battait régulièrement. Un jour, il m’a fracturé le bras droit.

J’ai été obligée de divorcer, malgré une série de médiations de nos deux familles visant à me maintenir dans cette relation», raconte-t-elle. Deux ans après cette séparation, Binta Bocoum épousera un autre cousin venu d’Allemagne pour les vacances à Bamako. Elle révèle que ce dernier souffrait d’impuissance sexuelle. «Pire, il a volé tout mon or avant de disparaître un bon matin en 2012. Maintenant, elle se dit libre. «Je fais du commerce et gère un atelier de couture», se réjouit-elle, avant de saluer le soutien de ses parents.

 

OBJECTIFS DIVERGENTS- Abdoulaye et Lalia Sow vivent en couple depuis le 21 juin dernier. Ces habitants de Lafiabougou en Commune IV du District de Bamako sont des cousins. C’est grâce à Oumar Sow, leur oncle, que les deux tourtereaux ont accepté de s’unir pour la vie. Ce dernier soutient qu’une telle union est bénéfique du fait qu’elle renforce les liens familiaux. «Cela est conseillé dans notre coutume. Ça permet de garder la fortune de la famille chez soi. On ne doit pas se marier dans n’importe quelle famille afin de ne pas importer dans la sienne une mauvaise éducation et des maladies héréditaires. Tout ceci nous encourage à pratiquer le mariage consanguin», argumente le patriarche.

Selon plusieurs intervenants, le mariage consanguin est à l’origine de nombreux problèmes. Alima Diaby raconte son cas. «J’ai épousé un cousin en 2019, suite à l’insistance de mes parents. J’ignorais que cet expatrié était atteint d’une maladie sexuellement transmissible. J’ai été contaminé depuis la première année de mon mariage. Jusqu’à présent, je continue de me soigner. Je ne conseille à personne le mariage entre cousin et cousine», affirme-t-elle.

Aliou Diallo, un chef de famille, estime que cette relation est souvent à l’origine de la division totale des familles. «J’ai donné ma fille en mariage à l’un de mes neveux. J’en sais quelque chose. Chaque fois qu’il y a des brouilles entre eux, ma sœur défend son fils. J’adopte la même position en faveur de ma fille. Finalement, le divorce a été consommé. Depuis ce jour, ma sœur et son époux ne me parlent plus. Ils ne mettent plus les pieds chez moi», témoigne-t-il.

«Dans notre pays, les mentalités ont changé, explique le sociologue Modibo Touré. Selon lui, le mariage entre cousins n’est plus intéressant. «Il y a tellement d’hommes et de femmes sur la terre, je ne vois pas la nécessité de contracter un mariage au sein d’une même famille. On peut chercher son âme sœur partout. C’est ce qui est intéressant. On peut renforcer les liens familiaux autrement», soutient-il.

Et de relever que les jeunes sont de plus en plus réticents face à la pratique parce qu’ils veulent soulager les parents qui sont souvent acculés par les plaintes des parties prenantes. «Beaucoup de parents, notamment ceux vivant en ville, demandent le consentement de leurs enfants avant le mariage. Car certains ont bien compris que nous sommes au 21è siècle et que les cousines ne sont pas faites uniquement pour les cousins qui ont d’autres objectifs et vice-versa», explique le sociologue.

Une chose est sûre, notre époque est différente de celle de nos ancêtres qui ont vécu une période où l’éducation des enfants était fondamentale. Face à la dépravation des mœurs, il faut nécessairement se demander s’il faut continuer à observer de telles habitudes.

Djeneba BAGAYOGO

Lire aussi : Crise du carburant : Bamako tourne la page

Il n’y a plus de longues files dans les stations-service de la capitale. Les clients sont servis à la minute près. La circulation est revenue à la normale et les Bamakois vaquent paisiblement à leurs occupations. C’est le constat fait hier par nos équipes de reportage.

Lire aussi : Lutte contre les violences faites aux femmes et aux filles : Disons halte au fléau

La campagne 16 jours d’activisme contre les violences faites aux femmes et aux filles a été initiée dans le cadre de la Journée internationale de lutte contre ce phénomène. Il ressort des données du Système des Nations unies que la violence numérique touche entre 16% et 58% des femmes et .

Lire aussi : Crise d’adolescence : Du fil à retordre pour les parents

Propre à la puberté, sa mauvaise gestion est marquée par un manque de communication avec les enfants, l’inaptitude à faire face à leurs problèmes personnels et des pratiques de maltraitance à leur égard. Ce qui peut souvent aboutir à des fugues régulières, des grossesses non désirées .

Lire aussi : Kidal : Des terroristes et moyens logistiques traités avec succès par l'armée

A l'issue des opérations menées hier vendredi, l'ėtat-major général des Armées a indiqué dans un communiqué rendu public ce samedi que des terroristes regroupés ont été neutralisés en plus de la destruction d'un véhicule camouflé.

Lire aussi : Journée mondiale du droit de l’enfant : Une note de plaidoyer remise aux autorités

Ce document stipule, entre autres, de mettre en place un outil de suivi des ressources spécifiquement réservées aux enfants, de porter le budget du ministère en charge de la Promotion de l’Enfant à au moins 3% du budget national. La note dit d’augmenter aussi les dépenses de santé à au m.

Lire aussi : Tabankort et Intilit : Les opérations aériennes dispersent des groupes terroristes

Le 18 novembre 2025, la Force unifiée de la Confédération des Etats du Sahel (AES) a conduit une frappe aérienne à Tabankort, à 8 km de la frontière nigérienne, sur la base de renseignements confirmant un rassemblement de terroristes dotés d’une importante logistique..

Les articles de l'auteur

CAN 2025 : Boubou traoré et Modibo samaké parmi les arbitres

La Confédération africaine de football (CAF) a rendu publique, mardi dernier, la liste des arbitres sélectionnés pour officier lors de la Coupe d’Afrique des nations (CAN 2025), qui se tiendra au Maroc, du 21 décembre 2025 au 18 janvier 2026. Deux Maliens ont été retenus par l’instance dirigeante du football continental. Il s’agit de Boubou Traoré «Peni-Peni», arbitre central et Modibo Samaké, arbitre assistant..

Par Djeneba BAGAYOGO


Publié jeudi 27 novembre 2025 à 09:06

Nos Expatriés : Le retour gagnant de kamory doumbia

L’international malien a repris la compétition après quelques semaines d’absence pour cause de blessure et s’est illustré en marquant le 2è but du Stade Brestois face à Metz défait 3-2 au compte de la 13è journée de la Ligue 1 française. Une bonne nouvelle pour les Aigles.

Par Djeneba BAGAYOGO


Publié jeudi 27 novembre 2025 à 09:00

US Bougouba : Confusion après le départ de l’entraîneur Kalilou Doumbia

C'est la première crise de la saison en championnat professionnel Ligue 1 Orange. 48 heures seulement après la déroute (3-0) face à l'ASKO, l'US Bougouba a décidé de se séparer de son entraîneur, Kalilou Doumbia..

Par Djeneba BAGAYOGO


Publié mercredi 26 novembre 2025 à 07:53

Championnat professionnel Ligue 1 Orange : L’ASKO frappe d’entrée

La 2è édition du Championnat professionnel, Ligue 1 Orange a débuté vendredi dernier. Pour la première journée, seulement trois victoires ont été enregistrées. Les rencontres impliquant les cadors engagés en compétitions africaines (AS Réal-Stade malien et AFE-Djoliba AC) ont été reportées au mercredi 10 décembre..

Par Djeneba BAGAYOGO


Publié mardi 25 novembre 2025 à 08:55

Compétitions africaines des clubs : Le bon début du Stade malien de Bamako

Le Stade malien de Bamako a réussi son entrée en phase de groupes de la Ligue des champions d’Afrique en décrochant un nul précieux (0-0) sur la pelouse de l’Espérance sportive de Tunis (EST)..

Par Djeneba BAGAYOGO


Publié lundi 24 novembre 2025 à 11:03

Ligue des champions d'Afrique : Le stade malien de bamako à l’assaut de l’espérance de tunis

Le Stade malien de Bamako commence la phase de poules de la Ligue des champions d’Afrique en dehors de sa base. Les Blancs de Bamako effectueront leur première sortie ce samedi en Tunisie face à l’Espérance sportive de Tunis (EST) au stade Olympique Hammadi-Agrebi à 17h GMT..

Par Djeneba BAGAYOGO


Publié vendredi 21 novembre 2025 à 11:59

Coupe de la Confédération : Le Djoliba AC prêt à en découdre avec l’OCS du Maroc

Les Rouges entament leur campagne en phase de poules ce dimanche au stade du 26 Mars et misent sur une victoire à domicile face à l’Olympique club de Safi (OCS), une équipe marocaine en difficulté, pour lancer idéalement leur quête des quarts de finale.

Par Djeneba BAGAYOGO


Publié vendredi 21 novembre 2025 à 11:47

L’espace des contributions est réservé aux abonnés.
Abonnez-vous pour accéder à cet espace d’échange et contribuer à la discussion.
S’abonner