
«L’erreur m’est une fois arrivée
de tomber enceinte de mon copain en 2020. Ma maman était la seule à être au
courant de ma grossesse. Elle a informé sa sœur qui m’a conduite chez un
médecin qui pratique l’avortement clandestin. Ma grossesse avait duré deux
mois. L’opération nous a coûté 125.000 Fcfa», se rappelle Assitan (nom
d’emprunt) avec regret.
La jeune dame, âgée d’une vingtaine d’années, justifie
sa décision par le fait qu’elle ne voulait pas être la risée de tous. Une autre
raison, dit-elle, était de préserver l’honneur de son père qui est un fervent
croyant. Après l’avortement, Assitan a passé trois jours clouée au lit. «Je
saignais abondamment. Après un mois, j’avais toujours mal au bas ventre. Il a
fallu que ma maman m’amène chez un gynécologue pour mettre fin à cette
douleur», raconte celle qui n’était pas prête à l’époque à accueillir un
enfant.
En effet, l’avortement clandestin
se définit comme toute interruption de grossesse effectuée en dehors du cadre
légal défini par le pays de résidence de la femme. La pratique reste un tabou
dans notre société. Mais, face à une grossesse non intentionnelle, beaucoup de
filles ne lésinent pas sur les moyens pour se livrer à l’avortement. Selon le
Fonds des Nations unies pour la population (UNFPA), environ 60% des grossesses
non intentionnelles aboutissent à un avortement. Ces opérations interviennent
dans des conditions de risques énormes. En Afrique subsaharienne, plus de 77%
des avortements seraient, selon les estimations, non sécurisés. Au Mali, selon
l’UNFPA, pas moins de 45% des avortements ne sont pas médicalisés.
Malgré les risques qu’elles
encourent, certaines femmes concernées, l’insécurité dans laquelle se déroule
l’avortement n’est pas une raison d’abandonner la pratique quand l’honneur ou
les responsabilités sont en péril. Bijou, une professionnelle du sexe, réside à
Hamdallaye, en Commune IV du District de Bamako. Elle a avoué avoir avorté à
trois reprises pour éviter de perturber ses activités qui lui permettent de
prendre en charge les dépenses des parents. Rencontrée au début du mois d’avril
dernier, la jeune dame est assise sur une moto de marque Djakarta non loin du
monument de l’Hippopotame.
Habillée d’une robe courte de couleur rose, elle est
coiffée de mèches brésiliennes qui rehaussent son élégance. «Je viens d’une
famille très pauvre. Je ne sais rien faire comme activité pour gagner de
l’argent. Je me sens obligée de me prostituer pour subvenir aux besoins
familiaux. Je sors avec des hommes mariés qui ne souhaitent pas avoir
d’enfants.
En cas de grossesse, ils me donnent de l’argent pour les
avortements», confie celle qui ne fréquente plus le lycée depuis 2021. «Je ne
pouvais plus jongler les études et mes occupations professionnelles. Mes
parents ignorent que j’ai abandonné l’école», explique-t-elle, avant de
préciser que sa dernière Interruption volontaire de grossesse (IVG) date de
janvier. Bijou avoue qu’elle a recours à un médecin pour arriver à ses fins.
«Il connait bien son travail, car après trois semaines, je peux reprendre mes
activités», assure-t-elle. Ces avorteurs exercent leur métier dans la plus
grande discrétion.
STÉRILITÉ DÉFINITIVE- Issa (nom
d’emprunt) pratique l’avortement clandestin depuis 8 ans dans son domicile. Le
vendredi 5 avril dernier, vers 20 heures, le praticien est à l’œuvre dans une
chambre pour mettre fin à une grossesse. Environ 40 minutes plus tard, il sort
avec un sourire aux lèvres. «Je peux interrompre 4 à 5 grossesses par nuit.
C’est plus rassurant de travailler la nuit», affirme-t-il. Et d’assurer qu’en
cette période de délestage, il arrive à relever le défi grâce à deux groupes
électrogènes.
Parlant de son arrivée dans ce métier, Issa explique que c’est
après avoir échoué en classe de 5è année à l’école de médecine qu’il a opté
pour cette pratique clandestine qui lui a permis d’avoir de la renommée auprès
des filles. Il dit avoir construit une maison grâce à ce travail. «Je le fais
bien, je n’ai pas eu de problème avec les clientes. Dieu merci !», martèle
l’avorteur avec une mine de fierté.
L’avortement clandestin peut être
à l’origine de nombreuses complications chez la femme. Dr Salimata Diallo,
gynécologue obstétricienne dans une clinique de la place, explique que les
conséquences peuvent être immédiates, à moyen terme et même à long terme. Elle
cite l’hémorragie et toutes ses complications, à savoir la perte de sang
consécutive qui peut être la cause d’anémie conduisant à la mort subite de la
femme. Selon le toubib, la pratique peut causer la perforation de l’utérus de
façon accidentelle et les infections. La gynécologue indique que l’avortement
clandestin peut favoriser la stérilité définitive.
Dr Salimata Diallo conseille aux filles de faire recours à la planification familiale pour éviter les grossesses non désirées et faire attention à la sexualité.
Quant au psychologue Ibrahim
Traoré, il explique que l’avortement clandestin n’est autre que le fruit de la
peur et la honte. Il relève que la pratique peut causer des troubles mentaux
chez la concernée qui peut passer sa vie entière à se reprocher l’acte. «Car,
elle aura détruit un être qui n’a rien demandé. Dans le pire des cas, la
personne tombera dans la dépression et le regret. Car l’avortement peut provoquer
la stérilité», argumente-t-il.
Selon l’imam El Hadj Ibrahim Sylla de la mosquée du Badialan III, en Commune III du District de Bamako, l’islam interdit l’avortement sauf dans le cas où les médecins doivent faire un choix entre sauver la vie de la maman et celle du fœtus. Sur le plan juridique, il faut noter que l’article 211 du Code pénal du Mali criminalise l’avortement pour tout motif autre que la sauvegarde de la vie de la femme. La personne qui commet l’acte doit payer une amende allant de 20.000 à 200.000 Fcfa avec des peines de prison d’une durée de 6 mois à 3 ans.
Djeneba BAGAYOGO
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