
Une langue nationale est une langue répertoriée, instrumentée sur le territoire et parlée dans une aire linguistique. Cette langue est aussi propre à une Nation ou un pays. À ce titre, la loi fondamentale a conféré le statut de langue nationale à 13 de nos langues : soninké, bamanankan, boum, dogosso, fulfuldé, hassanya (maure), Mamara (miniyakakan), songhoï, syenaare (sénoufo), tămašăyt (tamasheq), bozo, khassongué. Toutes, à l’exception du hassanya, sont instrumentées, c’est à dire qu’elles ont des règles de transcription.
L’officialisation de nos 13 langues nationales recommandée par les Assisses nationales de la refondation (ANR) est actée et entérinée par l’article 31 de la Constitution du 22 juillet 2023. L’Académie malienne des langues (Amalan) est l’une des structures chargées de la promotion de nos langues nationales. Le directeur général de l’Amalan, Pr Adama Diokolo Coulibaly explique que l’officialisation de nos langues nationales ne signifie pas qu’elles vont tout de suite remplacer la langue de travail qui est le français. Mais nos 13 langues nous interpellent à revenir à certaines valeurs ancestrales, à notre identité et à valoriser notre culture.
Leur officialisation est, selon lui, une plus-value. Au-delà de ces valeurs, tient à préciser le directeur général, l’officialisation de nos langues nationales voudrait dire que chacune d’elles peut être utilisée dans les cérémonies officielles au même titre que le français. À cet égard, insiste-t-il, chaque citoyen peut désormais s’exprimer dans une de ces langues dans n’importe quelle cérémonie officielle. Exemple : un député peut s’exprimer en langue soninké lors d’une session de l’Assemblée nationale. Il appartiendra à l’hémicycle de chercher un interprète pour transcrire ses propos. Pour Pr Adama Diokolo Coulibaly, l’officialisation de nos langues nationales peut accélérer le développement de notre pays, car il est plus facile de se comprendre et de travailler dans sa langue maternelle que dans celle d’autrui.
Feu Adama Samassekou qui a été président de l’académie africaine des langues, a œuvré toute sa vie pour la promotion des langues nationales
Cependant, le chef du département de l’Amalan, Dr Kanchi Goïta, met un bémol. Pour lui, l’officialisation des nos langues nationales implique leur introduction et enseignement de la maternelle à l’université, leur usage dans tous les secteurs de la vie publique (administration, justice et collectivités territoriales). Elle implique aussi que tous nos textes officiels soient libellés dans toutes nos langues.
Dr Kanchi Goïta estime qu’il faut, pour ce faire, une formation à grande échelle de tous les agents de l’administration, un financement conséquent pour les structures de promotion de nos langues nationales et la clarification des missions de ces services pour que celles-ci puissent travailler en synergie pour relever le défi. Et de révéler que les locuteurs du français sont 17% dans notre pays. Le français, rappelle-t-il, a servi à la colonisation et à la décolonisation de notre pays. Pour combattre une personne, il est important de comprendre et maîtriser sa langue.
LANGUE SECONDE- À titre d’exemple, le premier Président du Mali, Modibo Keïta s’est servi de la langue du colonisateur pour le comprendre et combattre sa politique. Le français fait partie de notre patrimoine historique et reste notre langue de travail, de relais et de communication en attendant la transcription de nos langues nationales, explique Dr Goïta. Il précise aussi que le jour où nos langues nationales deviendront des langues de travail, la langue française sera une langue seconde. Elle sera donc enseignée dans nos écoles comme une langue vivante tout comme l’anglais, le russe, l’allemand, le chinois, l’arabe et l’espagnol.
À la direction nationale de l’éducation non formelle et des langues nationales (DNENF-LN), le directeur adjoint, Diakaridia Diarra explique qu’officialiser les langues nationales, c’est leur donner un statut de langue de travail, de l’administration et d’actes officiels. Ce statut leur est conféré par la Constitution. Nos langues peuvent et doivent être utilisées dans tous les secteurs du pays et dans les Institutions de la République, lors de débats publics dans les médias, si les conditions sont réunies.
Même si nos langues nationales ne remplacent pas le français, soutient le spécialiste en sciences de l’éducation, elles vont prendre petit à petit leur place. À l’heure actuelle, cela semble impossible puisque nos langues nationales ne sont pas suffisamment instrumentées et instrumentalisées pour le remplacer, précise le directeur adjoint. Ce qui est clair, c’est que nous nous dirigeons vers une utilisation accrue de ces langues nationales qui sont devenues officielles avec le projet de loi organique fixant les conditions et les modalités d’emploi des langues officielles du Mali adopté en Conseil des ministres et qui doit être entériné par le Conseil national de Transition (CNT).
Nos langues officielles sont les langues dans lesquelles tous nos documents officiels sont publiés. Quant aux langues de travail, précise le chercheur en langues nationales Diakaridia Diarra, elles ont un statut légal et sont utilisées pour les communications internes. Dans le cas d’espèce, une fois les conditions réunies, tous les documents officiels seront publiés dans les langues officielles. Et on pourra mener toutes nos activités dans ces langues, y compris l’enseignement. Par contre, le français sera utilisé comme outil de communication pour faciliter l’intercompréhension entre les personnes dans les lieux de travail, explique Diakaridia Diarra.
Le linguiste pense aussi que la science et le progrès ne sont pas l’apanage d’une ou de quelques langues. Ils peuvent se faire dans toutes les langues du monde y compris les langues officielles du Mali. «Une fois les conditions réunies, nous enseignerons et formerons nos enfants dans nos langues. Toutes nos activités de développement et nos usines fonctionneront avec nos langues», rassure-t-il. Et d’ajouter que l’utilisation de nos langues nationales comme langues officielles est une option de non retour. Il nous faut réunir les conditions idoines pour l’utilisation de nos langues. Tout le monde doit s’impliquer pour l’opérationnalisation de l’article 31 de la Constitution.
Sidi WAGUE
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