
Fatoumata Sylla est friande de chair blanche qu’elle
consomme presque quotidiennement. La jeune dame que nous avons rencontrée un
soir au marché de Kalaban-coura (Commune V du District de Bamako) préfère la
viande de poulets locaux (élevés dans les conditions naturelles). «La
consommation élevée de la viande des poulets de chair peut présenter des
risques pour la santé humaine en raison de la présence de résidus de produits
chimiques dans leur chair.
Je préfère toujours les poulets locaux plus agréables
à la consommation que les poulets de chair, même si ces derniers sont moins
chers et plus rapides à la cuisson», argumente-t-elle pour expliquer les
raisons de ce choix. C’est toujours la peur au ventre qu’elle consomme les
poulets de chair, car ne sachant pas dans quelle condition la volaille a été élevée.
Moussa Coulibaly, lui, privilégie d’autres sources de protéines
animales qu’il juge plus saines telles que les poissons et les viandes
biologiques et la volaille ayant suivi un processus de croissance normale et
naturel. Il ne cache pas non plus son dégoût pour les poulets de chair. «Je
mange ces poulets uniquement dans des lieux de rencontre populaire, sinon à la
maison, je consomme du poulet local», confie ce père de famille.
Nos deux consommateurs partagent une même inquiétude :
celle de contracter des maladies d’origine animale en consommant de la viande
des poulets de chair. Car, pensent-ils, ceux-ci sont généralement produits ou élevés
dans des conditions peu respectueuses des règles et normes exigées en la matière.
Leurs craintes et récriminations sont-elles fondées ?
Nous avons rendu visite à Ousmane Dara, éleveur de poulets
de chair. Rencontré dans la basse-cour au milieu de sa volaille, il tient dans
sa main une calebasse remplie de céréales qu’il verse par terre pour inviter
les poules à sortir du poulailler. «J’ai commencé cette activité, il y a deux
ans, avec seulement 50 sujets. Actuellement, j’ai acheté plus de 100 poussins
de chair dans l’espoir de les revendre rapidement pour booster mon
investissement et ma rentabilité», explique ce jeune diplômé en lettres.
Notre
interlocuteur confirme qu’il donne régulièrement des antibiotiques et inocule
des vaccins à ses poussins sans aucune réelle connaissance des règles d’usage
de ces produits. N’ayant jamais collaboré avec des vétérinaires pour avoir des
conseils pratiques, Ousmane Dara explique qu’il achète ses poussins avec une
entreprise de la place spécialisée dans la distribution et la vente de produits
et matériels avicoles. C’est avec cette société, dit-il, qu’il a pris des
conseils concernant les normes dans la production des poulets.
Cette manière de faire qui semble loin d’être un cas isolé,
ne rassure guère Papa Namory Traoré, ingénieur en environnement et santé
publique, et producteur de volaille. Car, soutient-il, la consommation de
poulets de chair peut avoir des impacts sur la santé si les normes de
production ne sont respectées. «Les poussins se nourrissent avec des aliments
contenant des antibiotiques et sont traités à l’aide de vaccins. Cela peut
contribuer au développement de bactéries résistant aux antibiotiques entrainant
ainsi un risque sanitaire élevé pour les humains», analyse-t-il.
Pis, insiste le spécialiste, la consommation de poulets
abattus pendant qu’ils sont encore sous traitement antibiotiques peut provoquer
d’énormes problèmes pour la santé humaine notamment des maladies cancérigènes
et autres maladies transmissibles de l’oiseau à l’homme comme la grippe
aviaire.
«Or, croit-il savoir, à part les propriétaires des grandes fermes, les
particuliers qui exercent ce métier surtout sur les toits des maisons, ne font
pas recours à des vétérinaires.» Conséquence, déplore Papa Namory Traoré, les
poulets malades abattus et mis en vente sans bénéficier des soins appropriés
peuvent provoquer des contaminations», édifie le spécialiste.
Nocivité des produits utilisés- Les produits utilisés pour
la vaccination de la volaille sont souvent mal gérés, révèle le spécialiste
environnemental et de santé publique. Ces vaccins, précise-t-il, contiennent
souvent des virus qu’on doit détruire avant de les déverser dans la nature.
Selon le spécialiste, au Mali, 80 à 90% des aviculteurs utilisent des produits
vétérinaires et abattent les poulets sous traitement antibiotique, ce qui représente
un énorme danger pour la santé des populations.
Selon lui, les produits
chimiques utilisés dans l’élevage de la volaille ont un délai d’attente qu’il
faut nécessairement respecter. «Après l’utilisation de certains produits, il
faut nécessairement attendre cinq jours avant de mettre les poulets sur le
marché. Cette règle n’est pas du tout observée par certains producteurs qui
abattent les poulets encore sous traitement vétérinaire», affirme-t-il.
Vétérinaire et directeur général de la société d’importation
de médicaments vétérinaires (Avivet), Siriman Bougoudogo abonde dans le même
sens. «Quand on utilise les antibiotiques chez la volaille, il y a des délais
d’attente à respecter avant l’abattage. Sinon, on peut être confronté à des
risques d’antibio-résistants chez la volaille et chez l’homme. Ce délai n’est
pas généralement respecté dans nos élevages», confirme le technicien. D’où
l’importance, selon lui, pour les producteurs de collaborer avec les vétérinaires
pour connaître les normes afin de les respecter.
Toutefois, Siriman Bougoudogo assure que la consommation de
poulets de chair est une bonne source de protéines, donc «très bénéfique pour
l’homme ». Ce sont les manipulations génétiques des poulets de façon non
naturelle, qui peuvent être à la base des maladies chez l’humain telle que le
cancer. Chose qui, selon lui, n’est pas arrivée pour le moment avec le cas des
poulets de chair.
Le vétérinaire précise que les poulets de chair grandissent vite parce qu’ils consomment une grande quantité de protéines et d’aliments sur une période très courte. Ce qui, selon lui, à l’avantage de contribuer à la lutte contre la faim et la malnutrition. «Nous pouvons avoir beaucoup de viande en une période courte ce qui est très difficile avec les ruminants qui ont des cycles de reproduction longs. Cette viande blanche qui nous procure de la protéine animale, est mieux que la viande rouge. Elle est recommandée aux personnes âgées et aux jeunes qui veulent rester longtemps en forme», explique-t-il.
La pratique biologique- Afin d’offrir des alternatives à
ceux qui font moins confiance à la viande des poulets de chair, certains se
sont lancé dans la production biologique. Elle implique l’utilisation
d’aliments et de méthodes d’élevage naturels, explique Papa Namory Traoré.
Notre ingénieur en environnement et santé publique nourrit ses sujets avec des
plantes naturelles. Selon lui, les poulets de chair biologiques sont plus sains
et plus nutritifs que ceux produits de manière conventionnelle.
Papa Namory Traoré est propriétaire d’une grande ferme
avicole dans la zone de Kangaba où il pratique aussi de l’agriculture. «Je
n’utilise jamais de produits vétérinaires ni de vaccins pour le traitement de
mes poussins de chair. J’utilise uniquement des plantes biologiques pour leur
alimentation», insiste-t-il. En plus d’être respectueux de l’environnement et
de la santé humaine, l’élevage biologique est moins coûteux en termes
d’investissement.
En la matière, de nombreuses formations sont disponibles
pour une production naturelle utilisant essentiellement des plantes
traditionnelles, révèle le spécialiste. Selon Papa Namory Traoré, les produits
chimiques sont remplacés par des éléments naturels. Par exemple pour
l’installation et le démarrage (premier jour), les poussins consomment du miel
dissout dans de l’eau.
À partir du deuxième et troisième jour, ils commencent à
consommer des plantes comme les feuilles de Nîme «Maliyirini» avec d’autres
composants notamment le piment et l’écorce d’acacias qui sont utilisés comme
des antibiotiques durant quatre jours successifs. Et après, on utilise des
vitamines issues de mélanges de plantes biologiques. Cela jusqu’à la maturité
des poussins (45 jours). Exceptés les aliments de croissance comme les produits
concentrés importés d’ailleurs dont, pour le moment, nous ne disposons pas véritablement
en aliment biologique, les produits vétérinaires sont rarement utilisés dans
l’alimentation de nos poules, assure Papa Namory Traoré.
Reconnaissant qu’au Mali, il est temps de réglementer le
secteur avicole, le spécialiste en environnement et santé publique invite les
autorités compétentes notamment les services vétérinaires à plus de contrôle au
niveau des marchés à volaille afin de surveiller la qualité de la viande des
poulets. Et surtout de prendre les dispositifs nécessaires pour faire respecter
les normes en matière de production avicole.
Interrogé à ce propos, le directeur national des services vétérinaires (DNSV) explique qu’une loi existe en la matière. Dr Drissa Coulibaly informe que sa structure cherche à élaborer les textes d’application de cette loi. «Nous menons souvent des contrôles au niveau des exploitations et des marchés à volaille pour faire des prélèvements afin de s’assurer de la qualité des viandes», dit-il, poursuivant qu’au regard de la loi des sanctions sont prévues contre les fautifs.
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