#Mali : Félou : Dur labeur pour un revenu modeste

Les femmes concasseuses de pierre contribuent beaucoup à l’approvisionnement des chantiers de construction en divers matériaux. Le hic, c’est qu’elles tirent peu de ressources de leurs activités

Publié vendredi 12 avril 2024 à 09:49
#Mali :  Félou : Dur labeur pour un revenu modeste

Ces femmes rurales viennent essentiellement des villages de Félou, Bangassi, Mamoudiya et Lontou

 

En ce mois de mars 2024 aux environs de 9h00, le soleil éclaire peu à peu Félou et ses environnants. Dans ce village situé à une quinzaine de kilomètres de Kayes, les membres de l’Association des femmes concasseuses de pierres exercent leur activité sous un temps ensoleillé. Ici, le genre retrouve tout son sens, car les femmes aussi bien que les hommes travaillent tous ensemble dans cette carrière.

À longueur de journée, ces bras valides ramassent des pierres, puis les cassent en petits morceaux à l’aide de marteaux ou de moulins. Ensuite, ils récupèrent ces morceaux de pierres pour former des tas, en attendant l’arrivée des camions-bennes devant les acheminer dans les chantiers de construction de la ville ou ailleurs. Mais, ces femmes ne possèdent aucun moulin pour transformer ces pierres en sable.

Au niveau de l’entrée du barrage de Félou, on aperçoit, à droite, des hangars en bois qui sont couverts de bâches et des tas de pierres qui scintillent sous l’effet des rayons solaires frais. Seuls les autochtones et les habitués de la zone savent que des centaines de femmes bravent chaque jour les intempéries pour concasser des pierres qu’elles vendent à des transporteurs afin de subvenir à leurs besoins. Elles chargent aussi les camions devant approvisionner les différents chantiers de la cité des rails.

Le spectacle de la carrière fourmille de travail semblable à une termitière et donne l’impression d’être en face d’ouvrières, voire de manœuvres d’une usine. Mais, ces exploitantes sont pour la plupart des femmes rurales, de par leur accoutrement et leur physionomie (visages souvent ridés). Ces travailleuses se démarquent du lot, lorsqu’elles s’expriment dans leur langue vernaculaire «le Khassonké» qui s’apparente au Malinké parlé dans les Cercles de Kéniéba et de Bafoulabé.

Ces femmes rurales viennent essentiellement des villages de Félou, Bangassi, Mamoudiya et Lontou. Regroupées au sein de l’Association des femmes concasseuses de Félou, ces ouvrières travaillent à la sueur de leur front pour gagner dignement leur pain quotidien. Souba Diarra et ses collègues travaillent dans des conditions difficiles et sont exposées aux mêmes risques d’accidents, de blessures, de morsures de serpent, de maladies et d’agressions que courent leurs semblables qui exploitent de l’or dans les placers du Cercle de Kéniéba et d’autres localités de la Région de Kayes.

 

PLUS DE 10 ANS- Vêtue d’un tee-shirt rouge et d’un pantalon gris, Sabou dite Safiatou Diarra et ses camarades portent des gants pour casser ou écraser les pierres à l’aide de marteaux. Elles utilisent également des piques, des dabas ou houes pour les extraire du sol. L’attention du passant est vite attirée par le bruit assourdissant et sec des coups de marteaux, de dabas, pelles et autres instruments indispensables pour leur activité. «Nous sommes là, il y a plus de 10 ans. Cette activité nous permet de faire face à nos charges et aux besoins familiaux (inscription des enfants à l’école, achats de fournitures scolaires et d’habits, santé)», raconte Sabou Diarra. La présidente souhaite que l’État leur apporte une aide financière et des équipements.

Du point de vue sécuritaire, cette carrière profite de la présence des agents qui veillent sur le barrage de Félou. Mais, les éventuels assaillants ou bandits peuvent surprendre les occupants de la zone à tout moment. Surtout que le chantier n’est entouré que par un grillage que l’ennemi peut facilement défaire pour passer à l’action. Sabou Diarra s’indigne du fait que des gens viennent avec des caméras pour prendre les images dans la carrière sans qu’il n’y ait des retombées pour elles. «On avait commencé à interdire l’accès de notre chantier à ces gens, car après leur passage, nous ne bénéficions de rien. Or, ils peuvent s’enrichir, en vendant nos images aux projets et ONGs. Nous souffrons beaucoup et nous n’avons pas d’autres sources de revenus», déplore Sabou Diarra.

Le coût d’un chargement de gravier est évalué à 17.500 Fcfa. Mais, celui des pierres cassées oscille entre 20.000 et 40.000 Fcfa. Les transporteurs déboursent 10.000 Fcfa comme frais de chargement. Cependant, les exploitantes de carrières dénoncent vigoureusement ces montants qui, à leurs yeux apparaissent dérisoires. Elles estiment que leur travail est sous-évalué, d’autant plus que le marché profite plus aux transporteurs; qui gagnent plus que les femmes concasseuses de pierres. Du côté des transporteurs, ceux-ci évoquent le coût élevé du gaz-oil pour justifier leur prix.

Quand la ministre de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille, Mme Coulibaly Mariam Maïga, a eu vent de l’existence de l’Association des femmes concasseuses de pierres dans cette zone rocheuse, située au bord du fleuve Sénégal, elle les  a rencontrées en janvier dernier afin de s’imprégner de leurs conditions de vie et de voir comment les aider.

«Nous sommes très impressionnées par le travail de ces femmes qui sont très engagées. À Félou, les femmes effectuent un travail noble, en exploitant du gravier et sont exposées à des risques. Nous allons voir comment on peut fixer des prix conventionnels pour la commercialisation de leurs produits. Nous allons aussi chercher des partenaires qui pourront également leur apporter de l’aide», a annoncé la ministre Mme Coulibaly Mariam Maïga.

Elle n’est pas venue les mains pour une simple visite de courtoisie ou d’entretien. Elle a offert aux femmes de la carrière des dons constitués de vingt-cinq marteaux de 3kg ; vingt binettes ; quinze houes ; dix bâches de 4m/5m ; cinquante gants à main ; une balle de pagnes 8 mars et une enveloppe symbolique. Un geste très significatif pour ces braves dames qui sont des modèles à travers leurs activités, elles donnent à l’émancipation des femmes tout son sens.

 

Bandé Moussa SISSOKO / AMAP-Kayes

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