Ces femmes rurales viennent essentiellement des villages de Félou, Bangassi, Mamoudiya et Lontou
En ce mois de mars
2024 aux environs de 9h00, le soleil éclaire peu à peu Félou et ses
environnants. Dans ce village situé à une quinzaine de kilomètres de Kayes, les
membres de l’Association des femmes concasseuses de pierres exercent leur
activité sous un temps ensoleillé. Ici, le genre retrouve tout son sens, car
les femmes aussi bien que les hommes travaillent tous ensemble dans cette
carrière.
À longueur de journée, ces bras valides ramassent des pierres, puis
les cassent en petits morceaux à l’aide de marteaux ou de moulins. Ensuite, ils
récupèrent ces morceaux de pierres pour former des tas, en attendant l’arrivée
des camions-bennes devant les acheminer dans les chantiers de construction de
la ville ou ailleurs. Mais, ces femmes ne
possèdent aucun moulin pour transformer ces pierres en sable.
Au niveau de
l’entrée du barrage de Félou, on aperçoit, à droite, des hangars en bois qui
sont couverts de bâches et des tas de pierres qui scintillent sous l’effet des
rayons solaires frais. Seuls les autochtones et les habitués de la zone savent
que des centaines de femmes bravent chaque jour les intempéries pour concasser
des pierres qu’elles vendent à des transporteurs afin de subvenir à leurs
besoins. Elles chargent aussi les camions devant approvisionner les différents
chantiers de la cité des rails.
Le spectacle de la
carrière fourmille de travail semblable à une termitière et donne l’impression
d’être en face d’ouvrières, voire de manœuvres d’une usine. Mais, ces
exploitantes sont pour la plupart des femmes rurales, de par leur accoutrement
et leur physionomie (visages souvent ridés). Ces travailleuses se démarquent du
lot, lorsqu’elles s’expriment dans leur langue vernaculaire «le Khassonké» qui
s’apparente au Malinké parlé dans les Cercles de Kéniéba et de Bafoulabé.
Ces femmes rurales viennent essentiellement des villages de Félou, Bangassi, Mamoudiya et Lontou. Regroupées au sein de l’Association des femmes concasseuses de Félou, ces ouvrières travaillent à la sueur de leur front pour gagner dignement leur pain quotidien. Souba Diarra et ses collègues travaillent dans des conditions difficiles et sont exposées aux mêmes risques d’accidents, de blessures, de morsures de serpent, de maladies et d’agressions que courent leurs semblables qui exploitent de l’or dans les placers du Cercle de Kéniéba et d’autres localités de la Région de Kayes.
PLUS DE 10 ANS-
Vêtue d’un tee-shirt rouge et d’un pantalon gris, Sabou dite Safiatou Diarra et
ses camarades portent des gants pour casser ou écraser les pierres à l’aide de
marteaux. Elles utilisent également des piques, des dabas ou houes pour les
extraire du sol. L’attention du passant est vite attirée par le bruit assourdissant
et sec des coups de marteaux, de dabas, pelles et autres instruments
indispensables pour leur activité. «Nous sommes là, il y a plus de 10 ans.
Cette activité nous permet de faire face à nos charges et aux besoins familiaux
(inscription des enfants à l’école, achats de fournitures scolaires et
d’habits, santé)», raconte Sabou Diarra. La présidente souhaite que l’État leur
apporte une aide financière et des équipements.
Du point de vue
sécuritaire, cette carrière profite de la présence des agents qui veillent sur
le barrage de Félou. Mais, les éventuels assaillants ou bandits peuvent
surprendre les occupants de la zone à tout moment. Surtout que le chantier
n’est entouré que par un grillage que l’ennemi peut facilement défaire pour
passer à l’action. Sabou Diarra s’indigne du fait que des gens viennent avec
des caméras pour prendre les images dans la carrière sans qu’il n’y ait des
retombées pour elles. «On avait commencé à interdire l’accès de notre chantier
à ces gens, car après leur passage, nous ne bénéficions de rien. Or, ils
peuvent s’enrichir, en vendant nos images aux projets et ONGs. Nous souffrons
beaucoup et nous n’avons pas d’autres sources de revenus», déplore Sabou
Diarra.
Le coût d’un
chargement de gravier est évalué à 17.500 Fcfa. Mais, celui des pierres cassées
oscille entre 20.000 et 40.000 Fcfa. Les transporteurs déboursent 10.000 Fcfa
comme frais de chargement. Cependant, les exploitantes de carrières dénoncent
vigoureusement ces montants qui, à leurs yeux apparaissent dérisoires. Elles
estiment que leur travail est sous-évalué, d’autant plus que le marché profite
plus aux transporteurs; qui gagnent plus que les femmes concasseuses de
pierres. Du côté des transporteurs, ceux-ci évoquent le coût élevé du gaz-oil
pour justifier leur prix.
Quand la ministre de
la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille, Mme Coulibaly Mariam
Maïga, a eu vent de l’existence de l’Association des femmes concasseuses de
pierres dans cette zone rocheuse, située au bord du fleuve Sénégal, elle
les a rencontrées en janvier dernier
afin de s’imprégner de leurs conditions de vie et de voir comment les aider.
«Nous sommes très
impressionnées par le travail de ces femmes qui sont très engagées. À Félou,
les femmes effectuent un travail noble, en exploitant du gravier et sont
exposées à des risques. Nous allons voir comment on peut fixer des prix
conventionnels pour la commercialisation de leurs produits. Nous allons aussi
chercher des partenaires qui pourront également leur apporter de l’aide», a annoncé
la ministre Mme Coulibaly Mariam Maïga.
Elle n’est pas venue les mains pour une simple visite de courtoisie ou d’entretien. Elle a offert aux femmes de la carrière des dons constitués de vingt-cinq marteaux de 3kg ; vingt binettes ; quinze houes ; dix bâches de 4m/5m ; cinquante gants à main ; une balle de pagnes 8 mars et une enveloppe symbolique. Un geste très significatif pour ces braves dames qui sont des modèles à travers leurs activités, elles donnent à l’émancipation des femmes tout son sens.
Bandé Moussa SISSOKO / AMAP-Kayes
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