Les stations-service nouvelle formule ont vraiment le vent en poupe
Un
matin de janvier, Madou Samassa et ses enfants vêtus de leurs uniformes scolaires,
passent prendre du carburant dans une station d’essence. Ici, divers services
leur sont proposés dans des espaces dédiés dont les employés sont
reconnaissables à leurs vêtements verts, noirs et blancs. Madou Samassa
apprécie le lieu à cause de sa propreté. «La station est toujours propre, et
cet aspect encourage davantage le client à revenir», souligne-t-il en souriant.
Le quadragénaire témoigne que les pompistes sont diligents et courtois dans
leur travail. «Le service y est bien meilleur que d’autres stations de la
place. Même si les clients sont nombreux, il y a de la place pour la file
d’attente d’ici que votre tour arrive. De plus, l’espace est aéré et joli»,
note-t-il.
Le
commerçant Jacques Sogoré s’approvisionne, lui, dans des stations appartenant à
nos compatriotes, car il apprécie ces entreprises qui imitent les
stations-service des pays européens. «J’ai choisi de valoriser nos stations
locales depuis le jour où, grâce à ses commodités, une station locale m’a servi
d’abri», relate-t-il.
À
l’ACI 2000, voilà seulement quelques mois qu’une nouvelle station vient de
s’installer. Cheffe d’entreprise de cosmétiques, Aminata Mariko a rapidement
adopté le lieu pour y effectuer tous ses achats à la fin de sa journée de
travail. Comme elle, les automobilistes font d’une pierre deux coups : ils
profitent de leur arrêt pour acheter de l’essence mais aussi pour se
ravitailler dans les rayons bien fournis du mini-market installé à deux pas des
pompes. «Je suis heureuse de voir le pays se développer et la ville s’embellir
avec l’implantation de ces stations que je trouve modernes. Je me sens comme en
Europe. Plus besoin d’aller jusqu’au marché pour acheter mes produits
culinaires. Je peux tout trouver ici. Pas d’inquiétude non plus pour trouver où
garer sa voiture ou de perdre du temps à chercher un produit que l’on n’arrive
pas à dénicher», se réjouit-elle. Autant de compliments, et même plus encore,
que mériterait une station sise à Sébénicoro.
Cette station-service a pris le
dessus sur ses concurrentes dans le secteur. Des guichets de banque
automatiques, de la pharmacopée, des dépôts de boissons, un pressing, nombre de
services et magasins sont disponibles dans cette station décorée de fleurs à
l’entrée et à la sortie. Assan Diarra, une jeune étudiante, adore la multitude
de services disponibles dans les nouvelles stations. «Tous les jours, après
l’université, je viens prendre ma pause ici, à la cafeteria et je trouve que
c’est moins cher qu’à la cantine universitaire», constate-t-elle, en souhaitant
que toutes les stations soient aussi accueillantes et intéressantes.
Durant
son exploration des lieux, Assan a certainement visité la boutique Hinsane qui
vend exclusivement des tailleurs pour femme. La responsable du magasin explique
avoir été séduite par l’accès facile et l’espace aéré de la station pour y
installer son commerce. «Ça me convient parfaitement. En plus de la proximité
du lieu de mon domicile, je n’ai pas trouvé mieux dans les parages», avoue
Lalla Aicha Traoré.
La
boutique Djeyi commerce et industrie, ouverte juste à côté, est plutôt
éclectique : elle propose des appareils de seconde main et fabrique du savon et
des étiquettes. La responsable du magasin, qui a souhaité garder l’anonymat
apprécie, elle aussi, ce site très fréquenté où les locaux commerciaux sont
vastes. Elle qui habite le Banconi, n’a pas hésité de louer à Sébénicoro après
avoir cherché un magasin à sa convenance dans toute la ville.
L’implantation de
ces nombreux points de vente qui transforment les stations-service en centres commerciaux,
ne fait pas que des heureux notamment chez les propriétaires de petites
alimentations de quartier. En effet, les pompes à essence fournissent sur un
plateau une clientèle de la classe moyenne à supérieure aux boutiques
installées autour, en premier lieu les épiceries bazars.
Ce sont justement ces
clients aux habitudes de consommation citadines et dotés d’un certain pouvoir
d’achat que ciblent aussi les alimentations comme celle des frères Diawara à
Djicoroni-Para. «Nos clients viennent très peu ces temps-ci. Mais c’était
prévisible depuis qu’on voit au sein des stations, les nombreuses boutiques
s’ouvrir, surtout des alimentations. Avant, les gens se bousculaient dans notre
alimentation», dit Amadou, l’un des propriétaires. Ce constat, presque toutes
les petites alimentations de quartier l’ont fait sans pouvoir trouver la
parade. Les stations-service nouvelle formule ont vraiment le vent en poupe.
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Danger pour le voisinage
Les
stations-service prolifèrent sur le bord de nos routes non sans divers
désagréments dont le plus frappant est la proximité avec les habitations. Le
non respect de la distance de sécurité expose des familles à des dangers. Pourtant, en théorie, pour implanter un point
de vente de carburant, le promoteur doit remplir des dossiers et obtenir
l’autorisation de la direction nationale de la géologie et des mines (DNGM).
Contactée, celle-ci n’a pas donné suite à nos demandes d’informations sur la
procédure à suivre.
Les familles qui subissent contre leur gré le voisinage dangereux d’une station-service se sont montrées par contre, beaucoup plus accessibles et loquaces. Les Coulibaly ont brusquement vu apparaître et se développer un chantier de station dans leur voisinage immédiat. «On a cherché à rencontrer le promoteur pour discuter sur l’écart de distance qu’il doit mettre entre ma famille et sa station, mais jusque-là, je n’ai pas pu le voir.
Le
chantier est achevé, la station est déjà fonctionnelle et il n’y a aucun écart
entre nous. En cas d’incendie, je serais directement touché et nos vies seront
en jeu», souligne le chef de famille avec une pointe d’amertume.
Un agent de la Brigade urbaine pour la protection de l’environnement nous explique que la mairie intervient dans l’étude d’impact environnemental.
La municipalité, assure-t-il, est également
chargée de mener une enquête auprès des riverains des stations afin de savoir
si elles sont d’accord ou pas avec l’implantation de ces points de vente. Si
les conditions d’implantation ne sont pas respectées, indique-t-il, la mairie
peut procéder à la fermeture de la station.
Notre interlocuteur déplore que de
nombreuses familles ne bénéficient pas de ces mesures. Dans la documentation
que nous avons pu consulter, la législation impose que l’installation d’un
point de vente de carburant fixe sur le domaine public ou dans les
agglomérations, fasse l’objet d’une «demande d’autorisation d’occuper
l’emplacement».
Cette demande est adressée à l’autorité administrative du lieu d’implantation. Dans ce cas, la question est de savoir quels sont les critères de sécurité exigés et, aussi important, qui est chargé de les évaluer puis de les faire respecter ?
Fadi CISSE
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