#Mali : Expo photo : Seydou Keïta et Malick Sidibé restent des références

Olivier Sultan, directeur de la Galerie Art-Z qui vise à promouvoir des artistes contemporains africains, a inauguré le 4 mai dernier l’exposition : «Regardez-moi», qui réunit les grands maîtres du studio photo en Afrique des années 60 et 70.

Publié vendredi 10 mai 2024 à 07:28
#Mali : Expo photo : Seydou Keïta et Malick Sidibé  restent des références

Les clichés de Malick Sidibé, Seydou Keïta, Sanlé Sory, Oumar Ly, Tidiani Shitou, Soumanou Yekimi et du Studio Venavi plongent dans ce mouvement photographique unique apparu dans les années 50. La photographie est apparue en Afrique dès le milieu du XIXe siècle, pourtant sa reconnaissance en tant qu’art est un phénomène récent. Dans les années 1950, l’apparition du studio photo établit une relation d’apparat entre le photographe et son modèle.


D’emblée, ces photographies de studio frappent par la solennité des poses et par le respect mutuel entre le photographe et son modèle. Cette relation s’explique par deux particularités récurrentes chez nombre de photographes africains : en Afrique, le photographe de studio est un professionnel respecté, au statut social élevé. Il est aussi le gardien de la mémoire visuelle d’une communauté, le garant de l’identité de l’individu et le témoin de l’évolution de la société. Il est choisi pour ses qualités de médiateur, d’interprète social, d’intercesseur qui en font plus qu’un habile technicien : un fabricant d’icônes.

Le prix de la séance est assez élevé, et il s’agit souvent du premier et unique portrait. C’est un véritable événement. On vient de loin, on s’habille en fonction, on se parfume même parfois ! Le photographe doit souligner la position sociale du modèle et introduire par son style cette part de rêve et de fantaisie constitutive de son écriture, de son style.

Les accessoires (lunettes, vêtements, montre, téléphone, radio, fleurs en plastique, chaussures, cigarette, chapeau, mobylette) ont une très grande importance : il s’agit sans doute moins de montrer ce que l’on est que ce que l’on désire devenir. Le photographe doit accorder du temps, pour être à même de bien saisir les ressorts de la personnalité qui pose devant lui.

La photographie africaine étant, à ses débuts, à destination du marché local et non d’un regard extérieur, sa particularité est qu’elle révèle avant tout les aspirations du sujet. Petit à petit, les photographes intègrent la recherche esthétique dans leur travail.Le portrait doit se comprendre comme une représentation rituelle condensée de la réalité, de l’image sociale. La famille, la collectivité en sont souvent les premiers destinataires (on sait l’importance de la famille élargie en Afrique, une collectivité à l’intérieur de laquelle le portrait photographique vient prendre sa place). Pour le photographe, il s’agit souvent de deviner, de révéler les rêves, les aspirations profondes de son modèle. Ainsi, à la fin des années 1960, les jeunes «yé-yé» de Bamako, de Bobo Dioulasso, ou de Dakar arborent leurs pantalons «pattes d’éléphant» ou leurs jupes courtes pour la première fois dans le studio de Sanlé Sory ou de Malick Sidibé. 

La jeunesse est ainsi la principale clientèle de ces photographes de studio, montrant un enthousiaste envers certains aspects de la culture européenne, ainsi qu’une quête de soi, et la revendication nouvelle de son individualité.  À leurs débuts, Seydou Keïta, Malick Sidibé ou Sanlé Sory ne se considéraient pas comme  «artistes», mais comme intercesseurs, médiateurs, metteurs en scène de l’image sociale portée par leurs clients.

 Peu à peu, en sublimant leurs modèles, en introduisant des décors, en travaillant les poses, (les «vues de dos» chez Malick Sidibé, le travail sur les fonds en tissu chez Seydou Keïta), ces photographes ont affirmé leur style, leur écriture. Ils ont su magnifier les visages, travailler la mise en scène, intégrer la dimension esthétique dans leur travail. En phase avec leur temps, doués d’une acuité extraordinaire, ils ont réinventé l’art du portrait en Afrique. La récurrence des mises en scène se conjugue avec le souci primordial de la place du modèle : chaque portrait est une rencontre, chaque sujet est présenté de manière unique, exaltée dans son élégance, sa noblesse, sa richesse.

Les mêmes fonds, les mêmes accessoires se retrouvent par commodité d’une personne à l’autre, une façon pour l’artiste de marquer le caractère rituel de la pose au profit du sujet dans sa singularité. Mais c’est pour mieux libérer l’artiste du cadrage de la composition, au profit du véritable sujet.

Certes, Seydou Keïta - connu de tout Bamako, et exposé à la Fondation Cartier à Paris - et Malick Sidibé - Lion d’Or de la Biennale de Venise en 2007, prix Hasselblad en 2003 -, sont sans aucun doute les photographes africains les plus renommés au niveau mondial.

Ils en avaient conscience. Ils avaient, peu à peu, déplacé leurs points de vue, modifié certains repères, sans perdre leurs avancées dans la création artistique, ni le regard sur le sujet inscrit dans le présent. 

Synthèse de

Youssouf DOUMBIA

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