D’abord, comme une trainée de poudre en ce vendredi 4 avril 2025, la nouvelle du décès d’Amadou Bagayoko est devenue ensuite très vite virale sur les réseaux sociaux. Oui hélas, elle est bien vérifiée. L’illustre chanteur et guitariste est décédé dans une clinique de Bamako des suites d’une courte maladie. On avait du mal à croire à cette information, car sciemment ou inconsciemment, on le croyait immortel tant le couple formé avec son épouse restait éternellement dans l’actualité.
En effet, il avait déjà 96 dates de concerts et autres prestations calées entre juin et septembre prochain, nous informe un de leur assistant Mohamed Gamy Keita. On les croyait éternels car ils étaient toujours choisis pour de nombreuses grandes dates comme l’investiture de l’ancien Président américain, Barak Obama ou encore les différentes cérémonies de clôture des Jeux olympiques de Paris.
Cela fait 50 ans que Amadou et son épouse sont sur la scène de la musique malienne et internationale. Ils sont inoxydables et indémodables car ils arrivent toujours à trouver le mot qu’il faut ou le rythme qu’il faut pour rester dans les affiches. Amadou l’explique lui-même par leur simplicité dans les contenus des chansons, dans les rythmes qui soutiennent leurs morceaux respectifs.
Le duo musical Amadou et Mariam est composé d’Amadou Bagayoko, né le 24 octobre 1954 et de Mariam Doumbia, née le 15 avril 1958. Devenus aveugles dès leur jeunesse (à 16 ans pour Amadou, à 5 ans pour Mariam), leur rencontre a lieu à l’Institut des jeunes aveugles de Bamako (IJA), en 1975. Là , ils font leurs débuts sur scène en jouant dans l’orchestre de l’institut. Une complicité les lie rapidement et ils se mettent en couple. Finalement, leur amour est consacré par un mariage.
Au milieu des années 80, ils émigrent en Côte d’Ivoire, à Abidjan. C’est à ce moment qu’ils trouvent réellement leurs marques en tant que duo musical et que leur carrière se déploie à l’international. À partir d’Abidjan, on peut dire que l’année 1986 marque le début de leur longue ascension vers la notoriété internationale. Les titres issus de cette période ne sont sortis qu’en cassette. Durant cette période, ils rencontrent Stevie Wonder.
Entre de nombreuses tournées dans divers pays d'Afrique de l’Ouest, ils séjournent à Paris pour la première fois en 1994 à l’occasion d’une session d’enregistrements. Ils reviennent en France en 1997, enregistrent un CD, Sou ni tilé qui sort en 1998, se produisent sur scène aux Rencontres transmusicales à Rennes, et commencent à acquérir un succès d’estime en France. Le titre «Je pense à toi» est un tube sur les radios françaises et se vend à 100.000 exemplaires. En 1999, c’est au tour de l’album Tje ni mousso d’être très bien accueilli par le public. À cette occasion, le duo fait une tournée européenne.
En 2002, ils sortent l’album «Wati». Leur collaboration avec le guitariste Manu Chao, qui a eu un véritable coup de foudre en découvrant leur musique, commence en septembre 2003 à Paris, pour se poursuivre jusqu’à la finalisation des enregistrements et de la production en avril 2004 dans leur ville natale de Bamako. L’album résultant de cette collaboration sort en novembre 2004 sous le titre «Dimanche à Bamako».
En 2005, le label Côte d’Ivoire Recordings sort pour la première fois un florilège, en CD en coffret et en édition limitée : 1990-1995 : Le Meilleur des années maliennes. Le 5 mars, Amadou et Mariam remportent la «Victoire de la Musique du meilleur album world de l’année» pour Dimanche à Bamako, ils sont nommés au Prix Constantin.
Le 26 octobre, ils reçoivent, des mains de Renaud Donnedieu de Vabres, ministre français de la Culture et de la ommunication, un disque de platine après leur concert à l’Olympia pour les 300.000 exemplaires vendus de Dimanche à Bamako. Ils gagnent ensuite deux BBC Radio 3 Awards dans la catégorie «World Music in the African» et «Meilleur album» pour Dimanche à Bamako.
La musique d’Amadou et Mariam a été de nombreuse fois distinguée. L’album Dimanche à Bamako remporte la victoire de la musique 2005, en tant que meilleur album world, tandis que l’album Folila gagne la Victoire de la musique 2013. Leurs albums «Welcome to Mali» et «La confusion» sont également de grands succès
En 2010, le Duo publie son autobiographie : Away from the Light of Day. À partir de 2012, Amadou et Mariam se lancent dans une tournée mondiale : Éclipse. La particularité de ces concerts est que les spectateurs sont plongés dans le noir. En 2011, Amadou et Mariam jouent en première partie des deux concerts de U2 en Afrique du Sud durant le 360° Tour. Ils deviennent ambassadeurs du Programme alimentaire mondial (Pam), visitent Haïti et offrent une nouvelle chanson «Labendela» («Les enfants sont l’avenir»), en guise d’hymne.
Le projet est en partenariat avec le Programme alimentaire mondial (Pam), une importante agence humanitaire contre la faim dans le monde. Le Pam nourrit chaque année, en moyenne, plus de 90 millions de personnes dans plus de 70 pays. Africa mon Afrique reverse alors 1 euro de chaque ticket vendu à cette agence entièrement financée par des contributions volontaires.
Leur 8e album, «Folila», sort le 2 avril 2012 : de nombreux invités y participent dont la chanteuse américaine Santigold, le chanteur des Scissor Sisters Jake Shears, le groupe new-yorkais TV on the Radio et le chanteur Bertrand Cantat. Le premier single extrait de l’album en France est le titre «Oh Amadou», enregistré avec Bertrand Cantat, tandis qu’en Grande-Bretagne c’est le titre «Dougou Badia» avec Santigold.
Ils donnent un concert remarqué le 29 juin 2012 aux Eurockéennes de Belfort, attirant une foule importante malgré la présence simultanée d’autres artistes. Bertrand Cantat se joint à eux sur plusieurs titres pendant ce concert où ils confirment la popularité dont ils jouissent en France. En octobre 2012, La Poste de France choisit un de leurs singles, «Sabali», pour illustrer une publicité diffusée très largement sur toutes les chaînes de télévisions françaises.
Les chanteurs ne sont pas seulement engagés dans la solidarité, mais ils évoquent également des défaillances politiques et universelles. Les paroles de leurs chansons sont toutes autant revendicatives, dénonçant l’injustice et l’hypocrisie de la politique dans sa généralité, comme on peut le comprendre dans la chanson «Ce n’est pas bon» de l’album «Welcome to Mali» : «Démagogie dans la politique»,«Ce n’est pas bon ce n’est pas bon nous n’en voulons pas», «L’hypocrisie dans la politique», n’en voulons pas» «L’hypocrisie dans la politique», « Ce n’est pas bon ce n’est pas bon nous n’en voulons pas», «Les corrompus dans la politique», «Ce n’est pas bon ce n’est pas bon nous n’en voulons pas» «Du bonheur du bonheur pour le peuple - yeah».
Youssouf DOUMBIA
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