
C’est au détour d’une fortuite discussion que Amadou Koné a découvert le filon : la crotte de tortue est un puissant fertilisant. Et depuis, cet habitant de Kalaban Coro l’utilise dans son petit jardin de tomates, piments et d’oignons. «Comme engrais, j’utilise des crottes de tortues mélangées à d’autres produits. Cela est très bénéfique et fait que mes cultures poussent mieux sans que je n’utilise les produits chimiques», témoigne-t-il. Mohamed Coulibaly, lui, s’est offert deux tortues terrestres pour des raisons thérapeutiques : «J’ai appris que la tortue débarrasse l’air de l’asthme en expirant», confie le père de famille. Et depuis, son garçon, qui souffrait d’asthme sévère, a des crises très espacées. «Même les deux maisons voisines en bénéficient de leur pouvoir purificateur», croit-il.
Ces vertus, parmi tant d’autres, en font que ce reptile herbivore est très recherché. Ainsi, certains se sont lancés dans l’élevage des tortues. Bréma Bocar Emmanuel Traoré fait partie des plus passionnés. Connu sous le pseudonyme de «Niono Bri» dans le Cercle de Niono, il est ancré dans ce travail depuis plus d’une décennie. À Sirakoro Méguétana et à Niono, il élève les tortues avec une prévision annuelle de 75.000 tortues cette année. Rien que pour les nourrir, il a cultivé 20 hectares de pastèques, haricots, citrouilles et patates douces. Selon cet éleveur, aujourd’hui, le mode d’incubation a changé, on ne met plus les œufs sous terre. Ils sont placés dans des jarres en terre cuite pouvant contenir jusqu’à 150 œufs. Sa production annuelle en petites tortues est estimée à plus de 4.000, dont la taille varie entre 6 et 15 cm.
À côté, plus de 600 tortues mères vivent dans des enclos, dans de très bonnes conditions. L’âge des reproductrices varie de 12 à 120 ans, nous apprend-t-il. Niono Bri vend ses tortues au Mali mais aussi à l’international, notamment en Chine et en Thaïlande. Les ventes commencent à partir de 7 cm. Pour la paire et selon leurs tailles, il faut débourser entre 30.000 et 175.000 Fcfa. Un seul œuf coûte 5.000 Fcfa. Dans notre pays, il n’existe pas de vétérinaire spécifique pour les tortues.
Au besoin, nombre de clients contactent Bri qui les recommande souvent des vermifuges ou des antibiotiques. Parfois, il les oriente vers une pharmacie vétérinaire. À en croire «Niono Bri», tout est médicament sur une tortue. La carcasse renferme des vertus thérapeutiques énormes, allant de remèdes contre l’impuissance sexuelle aux douleurs thoraciques, abdominales et autres, au traitement de certaines malformations congénitales. La partie dorsale (couche blanche) porterait 13 fois le nom d’Allah (Allahou) et servirait à soigner beaucoup de maladies. Elle protège aussi contre les maraboutages.
Seydou Banou, qui appartient à une famille d’éleveurs de tortues terrestres sur plusieurs générations, est préoccupé par le sort des tortues terrestres. À Yirimadio, quartier périphérique de la capitale, il en élève une centaine. Mais au-delà de la passion, l’activité est surtout pour lui un moyen de se faire de l’argent. Il vend les tortues mais aussi leurs œufs. Pour les nouveaux nés, il faut payer 7.500 Fcfa. «La tête, la carapace et les œufs de la tortue sont prisés pour leurs effets thérapeutiques. Ils guérissent le cancer, l’ulcère gastrique, l’asthme, l’impuissance sexuelle chez les hommes, certaines maladies des yeux…», dit-il. En plus, poursuit l’éleveur, la tortue représente la grandeur et dans les empires anciens, chaque famille en avait. Aujourd’hui encore, l’on prête à la tortue le pouvoir de renforcer l’unité et la cohésion dans une famille.
PRESERVER L'HABITAT NATUREL- Selon un récent rapport de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), les tortues terrestres du Mali sont confrontées à de multiples menaces, notamment la perte d’habitat due à l’expansion humaine, la fragmentation des populations et le trafic illégal d’animaux sauvages. Un expert en conservation de la faune au Mali, qui a requis l’anonymat, souligne l’importance cruciale de préserver l’habitat naturel des tortues terrestres pour assurer leur survie à long terme. La dégradation de leur habitat est l’une des principales menaces pesant sur ces espèces, insiste-t-il. Et d’ajouter : «En protégeant les zones de reproduction et en sensibilisant les communautés locales à l’importance de la conservation, nous pouvons inverser cette tendance.»
La Ferme Kledu est depuis des années, dans cette dynamique de sauvegarde de l’espèce. L’on y retrouve à peu près 9.000 tortues. Moussa Balla Coulibaly, responsable commercial de cette ferme, évoque avec fierté la détermination de son entreprise à contribuer à la sauvegarde de cette espèce dont la survie est menacée au Mali et dans le monde en général. «On a créé un cadre pour la réintroduction de ces tortues dans leur milieu naturel», dit-il. Un agent du Parc zoologique de Bamako, qui a voulu garder l’anonymat, estime que l’élevage en captivité peut contribuer à la conservation des espèces menacées et permettre aux enfants de les connaître. «J’assiste souvent à l’euphorie des enfants devant la cage des tortues, car ce sont des animaux présents dans les dessins animés, et le parc donne l’opportunité de les voir en vrai», témoigne notre interlocuteur.
Classée parmi les espèces protégées au Mali, il n’est permis de tuer une tortue que pour des raisons exclusivement thérapeutiques.
La vitesse à laquelle ces créatures fragiles disparaissent de notre écosystème a amené les autorités et les organisations de conservation à intensifier les efforts pour leur protection. L’ONG Conservation Mali, en partenariat avec le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE), a réalisé un projet de sensibilisation visant à informer les populations locales sur l’importance écologique de ces reptiles et les mesures à prendre pour les protéger. De plus, des programmes de recherche sont en cours pour mieux comprendre la biologie et l’écologie des tortues, afin d’orienter les stratégies de conservation.
Anta CISSÉ
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