
Les employés d’une unité de production d’eau en sachet en pleine activité
L’unité de conditionnement d’eau en sachet plastique d’Assitan, considérée comme clandestine, en est l’illustration parfaite. Sans passer par aucun dispositif de filtrage, l’eau du robinet est prélevée et directement conditionnée dans des sachets en plastique à l’aide d’une machine. Ici, même les enfants sont mis à contribution pour notamment empaqueter les sachets produits. Ils ne s’encombrent guère d’une quelconque mesure d’hygiène. Le petit business d’Assitan n’est pas connu des services techniques. Elle n’a d’ailleurs jamais cherché à formaliser son activité, de peur qu’elle n’ait à «payer des taxes».
Quid du respect des normes édictées par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et les services nationaux compétents en la matière ? Elle n’en sait rien. Nombreuses sont les petites unités qui, comme celle d’Assitan, évoluent dans la clandestinité, donc en marge des textes régissant le secteur. Elles prélèvent directement l’eau au robinet, des fois avec une forte turbidité. Certaines utilisent l’eau de forage. Avec la durée, l’eau, contenant du chlore, peut avoir des effets indésirables (saveur, odeur) au contact avec le sachet s’il n’est pas de qualité normative.
Pour écouler facilement leurs produits, ces
unités utilisent des fausses adresses et des faux contacts quand elles ne
s’octroient pas tout simplement les références d’une unité connue, provoquant
ainsi une concurrence déloyale. Selon les spécialistes, l’installation d’une
unité de mise en sachet d’eau potable doit se faire suivant des normes de sécurité
sanitaire en vigueur.
«Ce qui garantira que l’eau est propre à la consommation
et ne présente aucun risque pour la santé des consommateurs», rappelle Dr Maïga
Hamssatou Touré, chef du service assurance qualité et secrétaire permanente de
la Commission nationale d’autorisation de mise sur le marché. Et pour obtenir
cette autorisation de mise sur le marché (AMM), ajoute-t-elle, le producteur
doit approcher le secrétariat afin de s’enquérir des informations et
entreprendre les démarches nécessaires.
DÉPASSÉS PAR L’AMPLEUR DU PHÉNOMENE- Aminata
Niaré, propriétaire d’une unité clandestine, trouve qu’il n’est pas «facile de
respecter les exigences de l’état». Pour avoir l’autorisation, dit-elle, il
faut des mois. «Ce n’est pas que nous refusons de nous mettre en règle, mais
nous sommes découragés à cause des attentes assez longues. Le processus est un
parcours de combattant», justifie la productrice d’eau en sachet.
Des unités clandestines continuent ainsi de
produire. Les services techniques en charge de la question semblent dépassés
par l’ampleur du phénomène. «C’est difficile de reconnaître les unités qui
produisent clandestinement, car elles sont très nombreuses et leurs sources de
production sont masquées », concède le directeur général adjoint du
Laboratoire national de la santé (LNS), Dr Seydou Moussa Coulibaly.
Ainsi,
l’action de son service et celle du Laboratoire national des eaux (LNE) ne
visent que les unités répertoriées où des missions de contrôles et de vérifications
sont régulièrement effectuées. Le LNE procède en effet à une série d’échantillonnages
des eaux en sachet au niveau de Bamako et de Kati. Ainsi, différents types sont
analysés. « Il ressort des résultats que les paramètres physico-chimiques
mesurés au laboratoire sont conformes aux directives de l’OMS », résume
une note technique publiée en avril dernier par le ministère de l’énergie et de
l’Eau.
Cependant, les non-conformités sont constatées souvent au niveau des analyses bactériologiques. Aussi, souligne la même note, «il existe de nombreuses unités clandestines, les mêmes emballages sont utilisés par plusieurs entreprises et également beaucoup de sachets existent avec des fausses adresses». Ces facteurs font que le suivi de la qualité de ces eaux est assez complexe, soutient-on au Laboratoire national des eaux. Les spécialistes indiquent également que les emballages utilisés peuvent agir sur la qualité des eaux si les indications mentionnées sur les étiques ne sont pas respectées.
PRÉSERVER LA SANTÉ- Dr Seydou Moussa Coulibaly
du LNS estime qu’il est du devoir de tout bon citoyen de participer à la préservation
de la santé de ses concitoyens, en évitant de mettre sur le marché des produits
illégaux et dont la source de production n’est pas connue. «Les personnes qui
font ce travail illicite sont des gens qui veulent avoir de l’argent au détriment
de la santé des autres», martèle-t-il, tout en demandant aux consommateurs de
ne payer que des «sachets étiquetés et dont la provenance est connue».
Vendeuse d’eau en sachet au marché de Kalaban
Koulouba depuis 2 ans, Kadia Kouyaté, aide-ménagère, travaille pour le compte
de Djénèba Soumaré qui habite non loin du marché dudit quartier. Sa patronne a
découvert le filon, il y a cinq ans. Et depuis, elle en a fait sa principale
source de revenus. Djénèba Soumaré dit s’approvisionner auprès d’un
distributeur d’eau et avoue n’avoir jamais cherché à savoir ni la provenance ni
les conditions dans lesquelles le liquide est conditionné. «Ce qui m’intéresse,
c’est le profit. Par jour, je gagne entre 2.500 et 3.000 Fcfa», confie-t-elle.
Une bonne partie des sachets produits se retrouvent au niveau des carrefours. Ils comptent aussi parmi les denrées prisées dans les cérémonies de baptême, de mariage ou encore de funérailles. Toutes choses qui ont favorisé la prolifération des unités de conditionnement. Les prix appliqués (25 à 50 Fcfa) sont à la portée de toutes les bourses. «J’achète les sachets d’eau parce que j’ai pas assez d’argent. L’eau minérale, c’est pour les riches. Je ne peux pas me prononcer sur leur qualité mais il y en a qui sont vraiment désagréables et elles sentent des odeurs bizarres», affirme Sitan Dramé, vendeuse de légumes au marché Woninda.
Cette prolifération d’eau en sachet constitue
de nos jours un danger pour la santé humaine en raison du mode de prélèvement
et de conservation. Selon Mme Maïga Hamssatou Touré, cheffe de service à
l’Agence nationale de la sécurité sanitaire des aliments, les eaux en sachets
peuvent exposer à la contamination microbiologique, aux virus, aux parasites ou
d’autres micro-organismes pathogènes.
Elles peuvent être sources de
maladies : diarrhée, problèmes liés aux reins, au foie et au système
nerveux. «Il est donc essentiel de s’assurer que les eaux que nous consommons
sont produites légalement et conformément
aux règlementations et aux normes de sécurité alimentaire en vigueur. Optez
pour des marques, en s’assurant que l’eau est conditionnée et stockée dans les
meilleures conditions hygiéniques», conseille-t-elle.
Aminata DIARRA
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