Le mercredi dernier, à l’issue d’une réunion à Niamey, les chefs
d’état-major des Armées du Mali, du Burkina Faso et du Niger ont annoncé la
mise en place prochaine d’une force conjointe de l’Alliance des États du Sahel
(AES) chargée de lutter contre les groupes terroristes qui sévissent dans les
trois États. Dans les lignes qui suivent, Dr Aly Tounkara, expert sur les
questions de paix, de défense et de sécurité au Centre des études sécuritaires
et stratégiques au Sahel (CE3S) analyse les motivations de cette initiative,
les actions conjointes déjà en cours sur le terrain bien avant la mise en place
officielle de cette force commune. Le chercheur évoque aussi les défis à
surmonter pour permettre à cette initiative d’atteindre les résultats
escomptés.
Selon le chercheur, les motivations qui sous-tendent la mise en place de
l’Armée conjointe de l’AES sont nécessaires et réalistes. Pour Dr Aly Tounkara,
elles sont nécessaires quand on regarde les parties dites des trois frontières.
Selon lui, les trois Armées, qu’elles soient avec la force conjointe du
G5-Sahel, les forces multinationales en l’occurrence Barkhane, Takuba ou même
la force onusienne, il n’y a pas eu d’actions militaires à proprement parler,
d’actions conjointes engagées dans la durée sur la base d’une planification
coordonnée, acceptée et partagée. D’où cette nécessité aujourd’hui avec les
trois Armées réunies non seulement de réfléchir sur des actions à court, moyen
et long terme à engager simultanément.
L’expert a aussi touché du doigt les
différents apports des États en termes de mutualisation des efforts. Il
soutient que ce sont des éléments qui ont manqué aux différentes formes de
coopération qu’a connues le Liptako Gourma jusqu’aujourd’hui. Dr Tounkara dira que les motivations de la mise en place d’une force
commune sont réalistes parce que dorénavant, on se rend compte que les trois
armées sont animées par la même ambition et ont également les mêmes objectifs
en termes de lutte contre la nébuleuse terroriste. Mais aussi pour asseoir une
paix durable et le retour des déplacés internes et même des réfugiés.
Pour le chercheur, cette force commune va permettre à ces trois États
d’avoir plus d’efficacité et de pertinence dans les actions militaires
conjointes et coordonnées. Lesquelles actions militaires ont même commencé
avant la mise en place effective de cette force alliée. Aly Tounkara indique
que le Mali, le Burkina Faso et le Niger s’entraident déjà mutuellement dans
les parties dites des trois frontières. Aussi, il fait remarquer qu’au-delà
même des frontières, des éléments, de part et d’autre, sont décorés et même des
éléments passent des nuits au-delà des frontières de leurs pays d’origine.
«C’est pour dire que cette mise en place officielle n’est qu’une concrétisation
des actions déjà engagées par les trois Armées», soutient le chercheur. Pour
lui, il ne s’agit pas de remplacer la force conjointe du G5-Sahel mais plutôt
de jouer le rôle que cette force était censée jouer pleinement en termes de
lutte contre le terrorisme.
Aussi, il estime qu’il ne s’agit pas de se substituer aux forces étrangères
mais plutôt de combler le vide laissé par celles-ci ou même parfois, ce
sentiment de complicité dont elles avaient par moment et par endroit. «À en
croire les différentes lectures qu’ont les trois Armées des forces étrangères
et même de la force conjointe du G5-Sahel, cette création va au-delà d’une simple
substitution à la force du G5-Sahel ou aux forces étrangères mais c’est plutôt
une innovation réaliste et même une impérieuse nécessité pour la survie des
trois États», analyse Dr Aly Tounkara.
D’après lui, c’est éventuellement pour
que ces trois pays puissent assister avec fierté à l’émergence d’un avenir
grandiose en matière d’offre et de sécurité et en même temps, d’actions de
développement dont ces localités ont besoin sur le plan économique, de la
justice, du social voire anthropologique. «C’est une création qui est plus
qu’une aubaine pour la survie de ces trois États», insiste le chercheur.
VOLONTÉ AFFICHÉE- Dr Tounkara croit
savoir que les trois forces ont déjà commencé à mutualiser les efforts qu’ils
soient humains, financiers et même militaires. De part et d’autre, il soutient
que des appuis militaires humains, financiers et matériels sont apportés. Des
militaires maliens arrivent à apporter des soutiens logistiques à l’Armée
burkinabè et même à lui porter main forte. De même, il y a des exemples récents
où l’Armée nigérienne a apporté des soutiens logistiques à l’Armée malienne et
vice-versa, fait savoir l’expert des questions de défense et de sécurité.
«Aujourd’hui, les clichés ou les préjugés qui ont longtemps émaillé
l’opérationnalité des Armées, ont nettement été dépassés par les trois chefs
d’État de Transition», explique Dr Tounkara. Pour lui, les insuffisances
notoires dont ont souffert dans le temps les actions militaires, diplomatiques
et même géopolitiques, sont grandement comblées par une volonté affichée,
partagée et concertée de la part de ces trois États. «L’espoir peut être nourri
aujourd’hui. Les Sahéliens pourraient espérer et compter une fois de plus sur
leurs Armées dans le cadre de la lutte contre la nébuleuse terroriste qui sévit
dans cette partie du Liptako Gourma depuis plus d’une décennie», explique
l’expert du CE3S.
Toutefois, Dr Tounkara prévient que des défis restent entiers. Selon lui, il est sans appel qu’aujourd’hui, la priorité reste dans ces trois pays d’extraire d’abord la menace terroriste avant de s’attaquer à n’importe quel défi. Le chercheur estime qu’il est important que ces trois États gardent à l’esprit de façon très soutenue que les actions militaires, qui sont plus qu’une nécessité absolue, à elles seules ne suffisent pas. D’après lui, les causes structurelles de cette insécurité liée au terrorisme ont pour noms la problématique de la gouvernance, la manière dont la justice est distribuée par certains acteurs étatiques et non étatiques, les perceptions qu’ont les communautés notamment frontalières des États en matière de délivrance des services sociaux de base.
Aly Tounkara pense que ce sont des éléments qui doivent évoluer de concert
avec les actions militaires. «La justice, l’école, les autres services sociaux
de base doivent aussi pleinement jouer leur partition au même titre que les
Armées en coalition afin de mettre un terme irrévocable à cette instabilité
chronique liée aux actions subversives des entrepreneurs de la violence»,
conseille l’expert. Pour ce faire, il propose que tous les compartiments des
États s’ajoutent aux efforts militaires en cours.
Car sans cette connexion
entre les compartiments, les efforts militaires dans la durée vont à coup sûr,
montrer toute leur limite au-delà de toute l’efficacité qu’ils drainent avec
eux. Dr Tounkara estime qu’il faut cette conjugaison avec les autres pans du
développement qui sont, entre autres, la justice, l’école qui reflètent la
manière dont les communautés perçoivent les services sociaux de base. Ce sont
des éléments qui doivent impérativement aller de concert avec les actions
militaires aujourd’hui qui sont à saluer, conclut le chercheur.
Dieudonné DIAMA
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