
Lorsqu’une
femme accouche, il est de tradition que certaines personnes préparent de la
soupe pour la nouvelle maman. Pour sacrifier à ce rituel, Mme Camara Fatoumata
Touré s’est rendue au marché de volaille de Kati pour acheter deux poulets et
préparer une soupe pour sa belle sœur qui venait d’accoucher. Avec un billet de
10.000 Fcfa, elle espérait pouvoir avoir deux poulets locaux. Elle est surprise
par une augmentation des prix.
En
plus de la hausse, il est aussi difficile de trouver un poulet qui satisfait du
fait de la mauvaise alimentation de la volaille. Mme Camara s’est donc tournée
vers le poulet de chair dont elle croyait avoir le kg à 2.000 Fcfa comme d’habitude.
Là aussi, une vendeuse lui fait savoir que le kg de cette race est passé à
2.500 Fcfa. Au marché de Kati comme ailleurs, il est aujourd’hui difficile de
se procurer un poulet local sans débourser entre 5.000 à 7.500 Fcfa.
Les causes
de la hausse du prix de la volaille sont liées, selon le président de la
commission développement partenariat et financement de la Coopérative de
valorisation des races aviaires locales (Wasaso), Cheickna Dianka, au coût
élevé des ingrédients indispensables à l’aliment-volaille notamment le maïs,
source de protéines et autres additifs. Selon lui, d’autres causes seraient
l’insuffisance de l’offre de volaille, la prévalence de maladies aviaires à
cycle répétitif à la base de fortes mortalités, la faible organisation des producteurs
avicoles et l’insuffisance des capacités techniques, institutionnelles et
organisationnelles des acteurs du sous-secteur avicole.
évoluant
dans l’aviculture depuis 5 ans, Ladji Bouaré, est un jeune entrepreneur qui
s’intéresse à l’élevage. Il dispose de sa propre ferme de volaille. À ses
dires, il a commencé par les poulets locaux pour ensuite aller vers la race
métisse ou «barama» et finir avec la race 3/4. Concernant la flambée des prix
de la volaille, ce jeune entrepreneur dit que le coût du transport a rendu
difficile l’élevage surtout pour les races importées comme les «barama».
La
flambée du prix de l’essence a aussi eu un impact sur l’importation des
produits, notamment l’aliment volaille. S’ajoute l’avènement de la Covid-19 qui
a beaucoup freiné la production de certaines races importées. Selon Ladji
Bouaré, le prix du principal ingrédient de l’aliment volaille qui est le maïs a
pris l’ascenseur. Au moment de la Covid-19, le sac de 100 kg de maïs était
vendu à 35.000 Fcfa contre 14.000 avant cette pandémie.
Aujourd’hui, le même
sac varie entre 28.000 et 32.500 Fcfa, soit une baisse légère. Aussi, l’aliment
chair qui était cédé à 13.500 Fcfa a grimpé à 18.000 Fcfa aujourd’hui. Autre
aliment indispensable dans la production est la vitamine concentrée dont le sac
a aussi subi une petite augmentation, passant de 35.000 Fcfa à 40.000 Fcfa.
HAUSSE
DE 30%-Le représentant de la Coopérative des producteurs de poulets de chair,
Thierno Sidibé, confirme la hausse du prix du poulet de chair et du poulet
local. Il ajoute que le coût de production d’un kilo de poulet de chair a connu
une augmentation de presque 35%.
Pour lui, cette augmentation est tout à fait
justifiée par le coût élevé des matières premières indispensable à l’élevage de
la volaille, notamment le maïs qui intervient dans l’aliment volaille à hauteur
de 60%. Cet ingrédient, beaucoup sollicité dans l’alimentation des volailles et
cultivé chez nous, était une chance pour notre pays. Malheureusement,
déplore-t-il, «ce produit est exporté malgré l’interdiction d’exportation des
produits alimentaires par les autorités maliennes».
Le
tourteau de coton, un autre ingrédient dans l’alimentation volaille, est une
source de protéines d’origine végétale. La production du tourteau de coton
devrait donner aux éleveurs beaucoup de facilités. Le tourteau, capital dans
l’aliment volaille, est importé du Burkina Faso. Cet aliment utilisé dans
l’aliment de volaille à 20% a aussi connu une augmentation passant de 11.500
Fcfa à 16.000 Fcfa le sac de 50 kg.
Sans compter les ruptures qui ont fortement
perturbé le marché. Il y a aussi le son de blé qui a connu une augmentation
assez remarquable passant de 100 à 200 Fcfa le kilo. Le kilo d’aliment pour les
poulets de chair est passé de 300 Fcfa à 450 Fcfa, soit une augmentation de
40%. Et le kilo d’aliment de pondeuse qui était 250 Fcfa est passé à 400 Fcfa,
soit 45% d’augmentation. Dans l’alimentation volaille, en plus des aliments
cités, il faut compter les ingrédients qui viennent de l’extérieur comme le
complexe minéral vitaminé (CMV) qui n’est pas fabriqué au Mali, mais importé
d’Europe et du Maghreb. Ce produit a aussi connu une augmentation de presque
35%.
À en
croire Thierno Sidibé, le marché des poussins a aussi connu beaucoup de
difficultés non seulement en termes de prix et de disponibilité. La cherté de
l’aliment volaille, le transport des sujets ont été durement ressentis par les
éleveurs qui enregistrent d’énormes pertes. À ces difficultés, s’ajoute le
manque de moyens de production des éleveurs.
D’ou une baisse de production et
l’absence des poulets sur le marché. «Les producteurs ont beaucoup perdu parce
que nous ne sommes pas rentrés dans nos coûts de revient pour faire des marges
qui peuvent nous permettre de continuer notre activité», regrette Sidibé. Il
note que l’aliment volaille occupe 80 % des dépenses de production et quand il
devient cher, les prix grimpent.
Manque de subvention- Pour Lamine Traoré, secrétaire à l’organisation de la Fédération des intervenants de la filière avicole au Mali (Fifam), ces augmentations sont à la base de la raréfaction. Lamine Traoré évoque aussi le problème de la subvention que l’État accordait aux producteurs et éleveurs sur certains types d’intrants importés de l’extérieur qu’on appelle les concentrés d’aliments volaille. Ces produits sont composés de vitamine, de minéraux et de protéines.
L’État
les subventionnait à 30% de remise à l’éleveur. Si par exemple l’éleveur
achetait le sac à 65.000 Fcfa, avec cette subvention, il va l’acheter à 50.000
Fcfa. Cependant, en 2022, la mise en place de cette subvention a été compliquée
et n’a pratiquement pas eu lieu. Toute chose qui a contribué à l’augmentation
des prix.
Selon
les chiffres de la Fifam, depuis l’avènement de la Covid-19, l’aviculture a
connu de sérieuses secousses. Avant la pandémie, cette fédération avait mis en
place des actions pour booster la filière. Ainsi, 3.657.830 poussins chair ont
été produits par couvoirs en 2019 contre 1.519.250 poussins pontes, soit au
total 5.177.080 poussins. Ceux-ci représentent environ 33% des besoins
nationaux. Avec un taux de croissance de 12% pour les poulets de chair et 8% en
pondeuses, les producteurs en 2019 ont mis en place 10.838.000 poulets de chair
et 4.846.250 pondeuses pour produire 15.390 tonnes de viande de volaille et
1.226.101.250 œufs de consommation.
Du côté de l’État, le secteur avicole familial et commercial a fait l’objet d’améliorations importantes ces dernières années dans le cadre des politiques de sécurité alimentaire et de lutte contre la pauvreté. Quelques investissements importants à travers divers projets dont le Programme de développement de l’aviculture au Mali (Pdam) et plus récemment le Programme spécial de la sécurité alimentaire (PSSA) ont été réalisés. Et des actions fortes ont été entreprises même si certains producteurs estiment que ces efforts sont insuffisants pour booster la filière. Lors de la 9è session du Conseil supérieur de l’agriculture, les autorités ont révélé les objectifs de production avicole pour l’année 2021 qui se chiffre à 3.038.766 pondeuses, 40.516.875 sujets de volaille locale, 467.918.392 œufs de consommation et 7.027.236 poulets de chair.
Implication
de l’État- Selon Mme Sanogo Diarrata Traoré, présidente de la Fifam, le Mali a
été le premier producteur de coton mais le tourteau qui intervient dans
l’alimentation de la volaille n’y est pas fabriqué, car les huileries n’ont pas
de structure pour en fabriquer. S’il y a des difficultés dans la subvention, il
faut que l’état exonère comme avant, tous les produits qui entrent dans
l’alimentation de la volaille au niveau du cordon douanier.
Ainsi les prix vont baisser. Mme Sanogo invite les autorités à accentuer le contrôle aux frontières pour que le maïs produit chez nous ne soit pas exporté. Mais aussi à accompagner la fédération à structurer et à règlementer la filière. Dr Sidibé explique que la consommation du poulet a des avantages énormes en termes de prix et sur la santé. Également, soutient-il, l’aviculture est un secteur qui crée beaucoup d’emplois. Raison pour laquelle, l’État doit tout faire pour encourager la production de poulet de chair. Cependant, les Maliens doivent changer leurs habitudes en fonction des contraintes du moment.
Anne Marie KEITA
À l’instar des autres communautés chrétiennes, celle du Mali a célébré, dimanche dernier, la fête de Pâques dans notre pays. Dans les différentes églises, les fidèles chrétiens ont témoigné de leur foi en Christ à travers des liturgies..
Dans un mois, les délestages quotidiens seront de mauvais souvenirs pour le Centre de sante communautaire (Cscom) de Sibiribougou en Commune IV du District de Bamako..
Les maladies animales contribuent à la perte de revenus pour les éleveurs et constituent un danger pour les consommateurs.
La production céréalière de l’Office de développement rural de Sélingué au titre de la campagne 2024 est estimée à 73.385,16 tonnes contre 71.403,29 tonnes en 2023, soit une hausse de 2,68 %.
Ce document stratégique va s’attaquer aux défis liés au changement climatique et en particulier au nexus «climat, paix et sécurité». La Coopération belge, l’Autorité du Liptalo-Gourma et le Pnud contribuent à son élaboration.
Oumar Konté a été porté à la tête de cette solide institution financière qui garde le leadership au plan national et le peloton de tête des banques performantes à l’échelle Uemoa.