Taoulé Keïta : Ce garçon vendeur de beignets

Il est 13 heures, le jeune Taoulé Keïta quitte précipitamment son lycée. Il n’emboîte pas le pas à ses camarades de classe qui se retrouvent aux «grin».

Publié mercredi 29 mars 2023 à 06:23
Taoulé Keïta : Ce garçon vendeur de beignets

Il préfère s’adonner à une activité peu commune pour un garçon de son âge sous nos latitudes : préparer la pâte de beignet qu’il va faire frire et vendre durant l’après-midi.

Ce lundi, comme tous les autres jours, celui que ses camarades d’enfance surnomment Taliché, a un emploi du temps chargé. Il doit effectuer les tâches ménagères de sa mère et nettoyer tous les ustensiles nécessaires à son négoce de beignets pendant que la pâte monte. L’horloge sonne pour annoncer 15h30. Il est l’heure de prendre une douche et de s’habiller pour le travail de l’après-midi.


L’adolescent de 17 ans, taille moyenne et teint foncé, transporte son matériel de cuisine jusqu’au point de vente installé à une trentaine de mètres de son domicile. Visiblement, ce n’est pas une corvée pour Taoulé Keïta qui semble même un peu impatient de se mettre à la tâche. Une motivation qui a dû pas mal contribuer au succès de ses beignets et de sa relative célébrité dans le coin.

À 16 heures, la poêle est déjà posée sur le foyer et les premiers fragments de pâte commencent à frire. La cuisson à peine entamée, une queue se forme tandis que se succèdent les commandes par téléphone. La file d’attente grossit et la foule de clients devient si compacte que l’on parvient à peine à distinguer Taliché.

La première fournée est prête à la satisfaction de Blaise Ganten qui est le premier servi. Ce Togolais, résident à Sébénicoro en Commune IV de Bamako, connaît bien Taoulé. C’était, raconte-t-il, un gamin qui épaulait sa maman qui faisait les beignets. Quand celle-ci est tombée malade, le garçon, qui n’a pas de sœur pour assurer la relève, a repris l’affaire.

Taliché confirme l’histoire et en commente quelques aspects : «Certains clients ne viennent que par simple curiosité, juste pour me regarder faire ce travail. Parfois, on me pointe même du doigt, mais ça ne me dit rien car toutes nos petites dépenses familiales sont couvertes par le produit de cette vente».

Blaise Ganten n’éprouve aucune curiosité malsaine envers l’adolescent. Bien au contraire, il veut l’encourager en lui achetant tous les jours des beignets car, de son point de vue, cette activité lui évite d’être tenté par la délinquance.

Dans la foule, une voix retentit : «J’en veux pour 200 Fcfa». Mohamed Koné est aussi un client fidèle de Taliché qu’il juge très courtois et respectueux. «J’ai fait sa connaissance grâce à un de mes amis qui m’a fait goûter un jour ses beignets alors que nous étions de passage. J’ai aimé et je me suis régalé.


Depuis ce jour, j’en achète tous les jours», indique-t-il. Et il n’est pas le seul apparemment puisqu’à 17 heures, les beignets sont épuisés et les retardataires, comme Aminata Cissé, repartent les mains vides. La friandise est le péché mignon de cette jeune élève de treize ans qui en achète quotidiennement après les classes mais qui, ce jour, a dû, la mort dans l’âme, ravaler ses envies.


Rokia Traoré est aux premières loges pour assister à ce ballet d’amateurs de délicieux beignets car elle vend des poulets de chair grillés juste à côté de Taoulé Keïta. En voisine observatrice, elle dit beaucoup de bien de celui-ci : «Taoulé est un jeune pas comme d’autres. En plus d’être bien élevé et respectueux, il n’a aucun problème et n’envie pas les autres. Sa maman est malade et son père ne travaille plus, donc il est le seul espoir de sa famille».

Grâce aux revenus générés par la vente des beignets, poursuit-elle, il règle la location de leur maison et achète de quoi manger. «Il est tout pour sa famille. Il fait toutes sortes de tâches que font les filles. Et malgré ses occupations, il travaille bien à l’école», révèle la jeune dame si émue qu’elle en a les larmes aux yeux.

Recoupements faits, Taliché est bien ce garçon dévoué et travailleur et ce bon élève. Et c’est aussi un amoureux de foot qui aimerait avoir plus de temps à consacrer à sa passion mais qui rêve, par-dessus tout, de bénéficier d’aide pour soigner sa maman et bâtir une maison pour sa famille.

Fadi CISSE

Lire aussi : Marché du carbone : Un potentiel sous exploité au Mali

Les secteurs prioritaires en matière de produits carbones, concernent en premier l’agriculture, l’agroforesterie et les énergies renouvelables.

Lire aussi : Spéculation sur le carburant : Le Parquet général de Bamako met en garde les auteurs

Face à la montée des comportements spéculatifs observés sur le marché du carburant, le Procureur général près la Cour d’appel de Bamako, Hamadoun dit Balobo Guindo, a fait une mise en garde ferme, ce mercredi 8 octobre 2025, contre toute manipulation des prix, refus de vente ou diffusion d.

Lire aussi : Hydrocarbures : Efforts louables des autorités pour rétablir l’approvisionnement régulier

À la suite de la réunion du Comité interministériel de gestion des crises et catastrophes, présidée par le Premier ministre, le Général de division Abdoulaye Maïga, un point de presse s’est tenu ce mardi 7 octobre 2025 sur la situation d’approvisionnement en hydrocarbures dans le pays..

Lire aussi : Journée mondiale du coton : Le Mali célèbre la richesse de sa fibre

-.

Lire aussi : Burkina Faso : Aboubakar Nacanabo prend la présidence du Conseil des ministres statutaire de l’UEMOA

Le ministre burkinabè de l’Économie et des Finances, Aboubakar Nacanabo, a été désigné ce lundi 6 octobre 2025 comme nouveau président du Conseil des ministres statutaire de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA)..

Lire aussi : Approvisionnement en carburant : Le gouvernement renforce les mesures de sécurisation

-.

Les articles de l'auteur

Spéculation autour des hydrocarbures : Le ministre chargé du commerce appelle à l’esprit de responsabilité et de patriotisme

Face aux acteurs du secteur, Moussa Alassane Diallo a dénoncé la spéculation entretenue autour du carburant qui, selon lui, se manifeste sous trois formes : la rétention de stocks, la hausse non justifiée des prix et la désinformation sur l’approvisionnement du pays de façon à créer la psychose.

Par Fadi CISSE


Publié mardi 14 octobre 2025 à 07:44

Complexe nautique de Samaya : La Douane malienne vise loin

C’est sous un ciel nuageux dégageant une forte chaleur que le ministre de l’Économie et des Finances, Alousséni Sanou, a procédé, samedi dernier à Samaya, à la coupure du ruban symbolique du complexe nautique de la Direction générale des Douanes. C’était en présence du directeur général des Douanes, l’inspecteur générale Amadou Konaté..

Par Fadi CISSE


Publié lundi 29 septembre 2025 à 07:54

Systèmes financiers décentralisés : Des efforts remarquables accomplis durant l’année écoulée

À la fin de décembre 2024, la situation du secteur de la microfinance au Mali fait état de 116 SFD, 1.586.814 membres/clients, 158 milliards de Fcfa d’encours de dépôts et 191 milliards de Fcfa d’encours de crédits.

Par Fadi CISSE


Publié mardi 23 septembre 2025 à 07:51

Titre Forum de l’investissement en Afrique : La 1ère édition aura lieu du 2 au 4 décembre 2025 à Bamako

Pour renforcer le commerce et les investissements entre les états membres de l’Organisation de la coopération islamique (OCI), le Centre islamique pour le développement du commerce (CIDC), en partenariat avec le ministère de l’Industrie et du Commerce, organisera du 2 au 4 décembre 2025 dans notre pays, la 1ère édition du Forum de l'investissement en Afrique..

Par Fadi CISSE


Publié mardi 16 septembre 2025 à 09:46

Flambée des prix des condiments : C’est très dur pour les ménagères

Chou, tomate, piment, courge, aubergine, gombo frais, céleris et persils, poivron, viande, volaille, presque tout est cher en période de soudure. Une situation délicate qui coupe le sommeil à nombre de femmes au foyer.

Par Fadi CISSE


Publié mercredi 10 septembre 2025 à 12:58

Ciment : Le prix baisse

La tonne du ciment local doit être cédée à 112.000 Fcfa contre 117.000 Fcfa pour le ciment importé.

Par Fadi CISSE


Publié mardi 26 août 2025 à 09:22

Résilience socio-économique : La contribution satisfaisante de l’ONG Join for Water

Le 1er adjoint au préfet de Kati, Issa Pléa, a ouvert, hier à la préfecture de Kati, les travaux de la 2è session ordinaire du Comité local d’orientation de coordination et de suivi des actions de développement (Clocsad) couplée au 1er comité de pilotage du programme de l’ONG Join for water (JFW)/Protos au titre de l’exercice 2025. C’était en présence de sa Coordonnatrice pays, Mme Fomba Bintou Traoré..

Par Fadi CISSE


Publié vendredi 15 août 2025 à 08:57

L’espace des contributions est réservé aux abonnés.
Abonnez-vous pour accéder à cet espace d’échange et contribuer à la discussion.
S’abonner