Salon international de l’entrepreneuriat - AES : La jeunesse sahélienne expose son savoir-faire

Au 2è jour du Salon, nous nous sommes intéressés aux jeunes entrepreneurs du Mali, du Burkina Faso et du Niger venus présenter leur savoir-faire, défendre le consommer local et tisser des partenariats avec d’autres participants

Publié jeudi 20 novembre 2025 à 08:05
Salon international de l’entrepreneuriat - AES : La jeunesse sahélienne expose son savoir-faire

Sur l’esplanade du Stade du 26 Mars, transformée en véritable ruche entrepreneuriale, les stands se succèdent, porteurs d’histoires, de défis et d’espérances. Pour cette 1ère édition du Salon international de l’entrepreneuriat- AES, jeunes entrepreneurs du Mali, du Burkina Faso et du Niger sont venus pour présenter leurs savoir-faire, défendre le consommer local et tisser des partenariats dans un espace désormais pensé comme un marché commun.

Dans l’animation dense des allées, trois initiatives retiennent particulièrement l’attention : l’agriculture circulaire du Burkina Faso, la valorisation du moringa et des produits laitiers du Niger, et une innovation numérique malienne en langues locales.

Parmi les jeunes exposants, Kelem Élodie Wend kuni représente avec fierté la jeunesse entreprenante du Burkina Faso. Co-fondatrice de Wend Kuni Service, elle évolue dans un modèle intégré alliant production maraîchère, pisciculture et recyclage des déchets organiques. «Rien ne se perd chez nous, tout est utilisé. L’eau de la pisciculture nourrit nos cultures, les résidus sont transformés en compost. Nous sommes pleinement dans l’économie circulaire», explique-t-elle.

 Depuis 2022, son entreprise produit tomates, choux, oignons, concombres, papayes, bananes et citrons sur un site d’un hectare. Elle y associe la production de carpes pour le marché local. Au Salon, elle présente surtout son compost organique, obtenu après 45 jours de transformation de résidus agricoles et de fumier. Son ambition est d’agrandir le site, former des jeunes et faire de son modèle un exemple reproductible au Burkina et dans l’AES. 

Dans le stand voisin, Mahmoud Aboulaziz, un jeune entrepreneur nigérien, présente un modèle de ferme intégrée biologique, spécialisée dans la valorisation du moringa, une plante aux vertus nutritionnelles et thérapeutiques reconnues. «Le moringa pousse très bien chez nous et représente un enjeu mondial. Nous produisons selon les standards biologiques certifiés Ecoset, ce qui nous distingue», explique-t-il. Huiles, tisanes, poudres… Le moringa nigérien est ici présenté «sous toutes ses formes». L’entrepreneur mise sur la certification pour s’ouvrir les portes du marché africain et international.

Le Salon, pour lui, est un carrefour stratégique. «L’AES doit devenir un espace économique intégré. Ici, nous construisons un réseau et des partenariats capables de porter nos produits au-delà des frontières», souligne-t-il. Mais l’accès au financement, aux équipements modernes et aux marchés reste un obstacle majeur. Il appelle à plus de synergie entre secteur privé et pouvoirs publics, ainsi qu’à des avantages fiscaux adaptés aux jeunes entreprises.


Des jeunes exposant leurs produits, créations et innovations

Ami Issoufou Bickou, fondatrice de la laiterie-fromagerie Amansi au Niger, expose un produit typiquement nigérien : le tchoukou, un fromage traditionnel revalorisé et certifié. «Nous avons amélioré la présentation et les techniques pour conserver ce fromage plus d’un an. Il est nutritif, riche en calcium et adapté aux zones sans chaîne de froid», explique-t-elle. Sa start-up transforme lait de vache, de chèvre et de chamelle, produisant du fromage frais et sec. Grâce au Salon, elle espère toucher le marché malien. «Le Mali est un grand marché. Même 10% de ce marché serait une opportunité immense pour nous», déclare-t-elle.

Dr Mamadou Gouro Sidibé, cofondateur de Niaga, présente au Salon international de l’entrepreneuriat de l’AES une innovation technologique qui pourrait transformer la communication et l’accès aux services dans l’espace sahélien. L’application, fraîchement dévoilée au public, se veut un réseau social africain capable de comprendre, parler et traduire les langues locales. Selon son promoteur, Niaga prend déjà en charge le bambara, le moré et le hausa, des langues dominantes dans les trois pays de l’AES. Cette capacité ouvre, selon lui, la voie à une intégration réelle entre plus de 70 millions de citoyens, mais aussi à une inclusion numérique inédite.

 «La langue ne doit plus être un obstacle, même dans les échanges de type WhatsApp», confie-t-il. Le projet n’en est qu’à ses premières apparitions publiques, mais les premiers tests effectués par l’équipe et quelques partenaires sont jugés concluants. Dans sa démarche, Niaga propose également des services de «chat IA» destinés aux entrepreneurs et aux structures ne maîtrisant pas totalement les outils digitaux. 

Le Salon constitue pour la jeune entreprise une opportunité majeure de visibilité. L’affluence autour de leur stand et les échanges noués en marge d’un panel auquel Dr Sidibé a participé ouvrent des pistes de collaboration prometteuses. Comme de nombreuses startups, Niaga fait toutefois face à des défis structurels. Les difficultés liées à l’énergie, au carburant ou encore aux coûts d’exploitation freinent parfois la progression.


«Rien ne nous arrêtera. Les obstacles sont faits pour être levés», affirme le cofondateur. Dr Sidibé, également président de l’association Mali Startup, place de grands espoirs dans l’adoption du Startup malien. Il insiste aussi sur la nécessité de plateformes locales capables de porter un narratif africain, sans dépendre exclusivement des réseaux sociaux étrangers. L’avenir de Niaga s’inscrit clairement dans la dynamique d’intégration de l’AES. 

Amadou GUEGUERE

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