Sa passion pour l’enseignement remonte à sa tendre enfance. Mme Traoré Diomansi Damba, professeure d’enseignement secondaire à la retraite, continue pourtant de mettre son expertise et son art consommé de la pédagogie au service des élèves. Celle qui a enseigné la langue russe pendant des années avait refusé à l’époque la proposition à elle faite de prendre la direction de l’annexe d’alors du lycée Bouillagui Fadiga, aujourd’hui lycée Bilali Sissoko, sis à l’Hippodrome en Commune II du District de Bamako. Elle motivera ce refus par sa volonté de rester en contact avec les élèves pour leur transmettre son savoir, mais aussi apprendre d’eux en classe.
La sortante de l’École normale supérieure (ENSup), avait eu la chance d’avoir une bourse pour l’ex-Union des républiques socialistes soviétiques (URSS) où elle a passé la troisième année de sa formation, avant de revenir décrocher son diplôme à l’ENSup. Elle servira d’abord au lycée Bouillagui Fadiga avant de poser ses valises au lycée Ibrahima Ly, d’où elle fera valoir ses droits à la retraire en 2016.
Du haut de ses 70 ans, Mme Traoré Diomansi Damba explique : «Les élèves étaient pressés de voir leurs enseignants dispenser les cours. J’étais heureuse de transmettre la connaissance. Et il m’arrive toujours d’apporter ma lumière sur certains sujets de composition, de concours ou de mémoire.».
L’enseignante avait l’estime de la communauté. «L’enseignant de façon générale était le miroir de la société. Au sein de la famille proche, il ou elle reste un réconfort et un socle non négligeable pour les enfants dans leur apprentissage. Dans la famille élargie, l’enseignant demeure, de par sa pédagogie, sa manière d’être, un exemple de fierté pour tout le monde», explique celle qui s’est battue pour un enseignement de qualité dans les établissements scolaires.
Elle matérialise ce combat au sein de l’Association des parents d’élèves au lycée technique de Bamako afin de faciliter la vie entre professeurs, parents d’élèves et élèves au sein de l’établissement. La russophone a su relever beaucoup de défis grâce à son amour pour la fonction enseignante. «Ce n’était pas facile de concilier la vie de mère de famille avec les cours de 7 heures du matin avec de bonnes préparations. Il y avait aussi les contraintes d’ordre financier, notamment les retards de salaires et de primes. Ces désagréments m’ont aussi permis d’acquérir plus d’expériences», révèle la septuagénaire.
Selon elle, la refondation à travers l’éducation passe par l’amélioration des conditions de vie et de travail des enseignants afin de susciter un regain d’intérêt pour ce métier. L’enseignante doublée d’une mère de famille invite les autorités à recruter des pédagogues par vocation. «On n’est pas enseignant qui le veut. On doit avoir la pédagogie, bien préparer de façon régulière les leçons et aller permanemment à la recherche de la connaissance», conseille-t-elle. Mme Traoré Diomansi Damba explique aussi que la refondation requiert l’augmentation de la représentativité des femmes à tous les niveaux de décisions.
Sa fille, Fatoumata Haroun Traoré, pense le plus grand bien de sa mère. D’après elle, son dévouement professionnel a contribué à l’épanouissement éducatif et scolaire de ses enfants. «Elle a consenti beaucoup de sacrifices pour la réussite scolaire des enfants de son village et de celui de son époux», témoigne cette consultante en gestion administrative et financière.
Mohamed DIAWARA
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