#Mali : Fonction publique : Un regain d’intérêt

Les jeunes diplômés espèrent aujourd’hui, en tout cas pour la plupart, être recrutés à la Fonction publique de l’état au détriment de l’entrepreunariat jeune. Cet état de fait résulte du taux d’échec dans ce domaine, expliquent certains. Ceux-ci invitent aussi les autorités à abandonner la politique du chiffre, qui consiste à insérer le maximum de jeunes dans l’entrepreneuriat, au profit de celle du résultat

Publié lundi 22 avril 2024 à 05:13
#Mali : Fonction publique : Un regain d’intérêt

Le déroulement d’une épreuve du concours de la Fonction publique (archives)

 

La Fonction publique de l’état recrute des jeunes diplômés dans les différentes spécialités. Pour ce concours de recrutement direct à la Fonction publique, on sent un regain d’intérêt chez les jeunes. Certains en désespoir de cause expliquaient simplement que les moins nantis n’avaient aucune chance de passer le cap. Aujourd’hui, les conditions d’organisation de ces concours de recrutement direct à la Fonction publique de l’état sous la férule du ministre du Travail, de la Fonction publique et du Dialogue social, Fassoun Coulibaly, redonnent espoir.

En témoigne le nombre significatif de candidats aux concours de recrutement direct au titre de 2023. Ils sont plus de 65.000 majoritairement à la recherche d’un «emploi garanti». En attendant de trouver ces emplois, certains officient dans le secteur privé qui bat de l’aile du fait de la conjoncture actuelle et de l’arrêt des financements extérieurs.  La crise sécuritaire aussi y est pour beaucoup dans cette situation.

Le privé comporte aussi des employeurs qui foulent allègrement au pied la législation du travail donc par ricochet les droits des travailleurs. Au regard de tout ceci, les jeunes se retournent vers la Fonction publique.

Samedi dernier aux environs de 14 heures, la circulation routière est dense dans les parages du nouveau Palais des pionniers à Magnambougou en Commune VI du District de Bamako et le soleil continuait de darder ses rayons brûlants. Un vendeur de couches pour bébé, Daouda (un jeune diplômé) et ses amis, se mettent à l’abri de la forte température sous un hangar. Le trentenaire se prépare aussi à subir les épreuves du concours de recrutement direct de la Fonction publique de l’état pour les contrôleurs des services économiques samedi prochain. Après des années de chômage, le diplômé en marketing et communication s’est reconverti revendeur de couches pour bébé en 2021.

Il reconnait qu’actuellement, le marché est très timide parce que les clients ne se bousculent pas aux portillons de sa boutique. «Ça fait trois jours que je ne vends pas», déplore-t-il, avant de confier que s’il devient fonctionnaire, il pourrait fructifier son commerce grâce aux opportunités qu’il aura en termes de salaire régulier et d’accès au crédit bancaire. Adama Traoré fera le concours dans la spécialité «agriculture/agronomie/production végétale». Selon l’ingénieur agronome, reconverti pour l’instant réparateur de téléphones, ce métier ne lui permet pas de faire face à ses charges.

Il explique gagner au maximum 200.000 Fcfa par mois. Ce montant, selon lui, est loin d’être suffisant pour assurer ses dépenses. Il espérait pouvoir  créer son entreprise, mais le manque d’opportunités d’accéder à un périmètre agricole le contraint à faire le concours de la Fonction publique.

Oumar, professeur d’allemand de son état, dénonce les conditions de travail pénibles qui règnent dans les lycées privés. Selon le pédagogue, le non-paiement régulier des salaires dans ce secteur coupe le sommeil aux enseignants. Face à cette situation, justifie-t-il, «on continuera à courir derrière la Fonction publique».  

Le ministère de l’Entreprenariat national, de l’Emploi et de la Formation professionnelle constate un intérêt croissant des jeunes à s’engager dans le domaine de l’entreprenariat. Le conseiller technique au niveau de ce département, Drissa Ballo, explique que les raisons sont, entre autres, la réussite de certains d’entre eux, le rétrécissement du marché de l’emploi qui offre très peu d’opportunités en termes d’emplois salariés. Y compris les efforts importants déployés par l’état et ses partenaires pour soutenir la promotion de l’entreprenariat au niveau de la jeunesse à travers les programmes de sensibilisation et de formation. «Nous avons mis en œuvre plusieurs programmes de soutien à l’entreprenariat des jeunes.

Parmi lesquels, le Programme emploi des jeunes, le Programme formation professionnelle, insertion et appui à l’entrepreneuriat des jeunes ruraux (Fier) et le Projet de développement des compétences et emploi des jeunes (Procej)», énumère le conseiller technique. Et de préciser que ces programmes sont pour la plupart arrivés à termes. Cependant, assure-t-il, son département est en discussion avancée avec le gouvernement et ses partenaires pour aller vers de nouveaux outils. L’ancien coordonnateur du Procej rappelle que le ministère en charge de l’Entreprenariat a lancé en mars dernier, la 2è phase du Programme Fier.

Doté d’un budget de 59,5 milliards de Fcfa, celui-ci vise à soutenir essentiellement les micro-entreprises et les Petites et moyennes entreprises (PME) du secteur rural. Le conseiller technique encourage les jeunes à plus de persévérance et d’abnégation, parce qu’être un entrepreneur est un challenge.

Le président de l’Organisation des jeunes patrons du Mali explique que notre système de formation prépare les jeunes à être des fonctionnaires. «Le constat est que l’emploi le plus garanti si on se réfère à la crise que notre pays a connue est la Fonction publique. Aucunement on n’a entendu que les fonctionnaires n’ont pas été payés alors que beaucoup d’entreprises ont mis leurs employés en chômage technique», poursuit Cheick Oumar Soumano. De nos jours, indique-t-il, les emplois à la Fonction publique sont les plus accessibles aux jeunes.

Selon lui, en plus de garantir l’emploi, l’état doit s’assurer que les bénéficiaires de ces postes donnent un bon rendement. «Pour le cas du secteur privé, un rapport estime que sur les 8 heures de travail, les employés travaillent difficilement 5 heures. Les trois heures restantes sont consacrées notamment aux appels téléphoniques et autres occupations non liées à leurs emplois», explique le jeune patron. Le président de l’Organisation des jeunes patrons du Mali salue la politique actuelle de l’État qui oriente les jeunes vers l’entrepreneuriat. Mais, constate-t-il, le taux d’échec est élevé. Et de regretter que la plupart de ces projets financés ne durent pas deux ans. Il invite les autorités à abandonner la politique du chiffre qui consiste à insérer le maximum de jeunes dans l’entrepreneuriat au profit de celle du résultat.

Cheick Oumar Soumano propose également l’accélération du temps de traitement des dossiers des présentateurs de projets à la recherche d’un financement. Selon lui, le processus ne devrait pas durer plus d’un mois et demi. Le jeune patron conseille aux diplômés sans emploi d’étudier le marché de l’emploi selon leurs potentialités au moment du choix de la filière d’études. «Je choisis une filière rentable dans cinq ans. Il faut des structures qui font des prévisions sur les opportunités offertes et dire les emplois non créés.

Il faut aussi exploiter les métiers tels que la plomberie, l’électricité, le staff, l’énergie renouvelable», renchérit-il, avant d’ajouter que le chercheur d’emploi doit se reconvertir quand son diplôme ne lui offre pas d’opportunités. Le ministre chargé du Travail, Dr Fassoun Coulibaly assure que les crises successives qui ont affecté le secteur privé depuis 2008 rendent difficile l’insertion professionnelle des employés. Il affirme avoir discuté avec le patronat sur la problématique.

Mohamed DIAWARA

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