Grève des pompistes : Le moment inapproprié ?

Dans certaines stations, le service était assuré par les gérants

Publié jeudi 07 avril 2022 à 06:37
Grève des pompistes : Le moment inapproprié ?

Les pompistes des stations services : Total énergie, Shell énergie (vivo), Oryx énergie et Ola énergies observent une grève de 72 heures depuis hier. Cela, en violation flagrante de la trêve que l’Union nationale des travailleurs du Mali (UNTM) et les autres centrales ont obtenue.


Celles-ci se sont engagées à observer, une trêve pour aider les autorités de la Transition, à faire face aux sanctions «inhumaines, injustes, illégales et disproportionnées» imposées au Mali par la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) et l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa), depuis le 09 janvier dernier.

 Les travailleurs de ces multinationales opérant au Mali réclament le respect de la Convention collective des entreprises pétrolières, du Code du travail notamment les aspects liés au salaire, en passant par leur inscription à l’Institut national de prévoyance sociale (INPS), l’Impôt sur le traitement des salaires (ITS), l’Assurance maladie obligatoire (Amo) et la bancarisation de leur salaire. Cela en application d’un procès verbal de conciliation signé et dont la mise en œuvre devrait être effective à compter du 31 décembre 2021.

Hier mercredi, premier jour de grève, le mot d’ordre était suivi à travers la ville de Bamako. Certaines de ces stations services étaient désertes. On y notait la présence des forces de l’ordre. D’autres stations étaient en activité. Le service était assuré par les gérants de station eux-mêmes, souvent assistés par d’autres agents. Ce constat a été fait par notre équipe de reportage.

C’était le cas d’Amadou Koné, gérant des stations Shell : «Indépendance» et de «Sotuba Quinzambougou». À la station Shell de la place de l’Indépendance où nous l’avons rencontré, l’affluence était au rendez-vous. «Le salaire du pompiste aujourd’hui, c’est le smic», précise-t-il. Le salaire minimum interprofessionnel de croissance (Smic) est le salaire horaire en dessous duquel il est interdit de rémunérer un salarié. Selon lui, leur traitement est en train d’être amélioré pour dépasser ce niveau.

En la matière, pense le gérant, la direction a fait montre d’une bonne foi. «Je n’ai jamais vu, depuis quatre ans que je suis dans ce travail, une augmentation de 50% du salaire de tous les employés. Aujourd’hui, ce qui est proposé, c’est à peu près 60.000 Fcfa par mois pour un pompiste comme salaire net d’impôts sans compter les avantages», confie ce gérant.


Concernant le timing choisi, le secrétaire général du Syndicat national des assurances, banques et établissements financiers du Mali (Synabef) duquel relève les pompistes, estime que cette grève est inappropriée. Cela, argumente Hamadoun Ba, compte tenu de la trêve signée par l’UNTM, le contexte actuel du pays et la crise mondiale du pétrole.

Toutefois, rappelle-t-il, ce contexte ne peut ni ne doit dédouaner les responsables de ces multinationales du respect de nos lois et des engagements pris vis-à-vis des partenaires sociaux. «Nous disons aux directeurs de ces entreprises d’avoir le sens de la responsabilité et de la retenue pour pouvoir appliquer le droit. La loi est dure, mais c’est la loi. Et personne ne peut déroger à la loi, fut-elle une multinationale», prévient le responsable du Synabef.

Selon le syndicaliste, les gérants de ces stations s’étaient engagés, au 31 décembre 2021, à régulariser la situation des pompistes. Et à ce jour, rien n’a été fait à part le respect des horaires de travail.

Aujourd’hui, reconnaît le syndicaliste, les pompistes observent les horaires conformément à la loi et au Code du travail. À part cela, «ils sont recrutés par les gérants, mais ce sont les entreprises elles-mêmes qui les affectent aux postes ou les mutent. Le mode de recrutement et la responsabilité des gérants sont biaisés.

La plupart des contrats ne passent pas par l’Inspection du travail», développe-t-il. Hamadoun Ba ajoute que les contrats ne répondent pas aux normes. «Les bulletins de salaire ne sont conformes ni au Code du travail, ni à la Convention collective qu’eux-mêmes ont signé», déplore le syndicaliste.

À l’image de Laxi Jonase Koné, un des clients, tout en reconnaissant la légalité de la grève, il estime le moment «très mal choisi». Les grévistes devraient, selon lui, tenir compte de la situation du pays.

Babba COULIBALY

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