Éric Sékou Chelle : «Mon ambition est de laisser des traces ici»

Dans cette interview qu’il nous a accordée, à moins de deux mois de la CAN, le sélectionneur des Aigles revient sur le bilan de sa première année à la tête de la sélection nationale et se projette sur les éliminatoires de la Coupe du monde et la phase finale de la prochaine CAN. L’ancien international exprime également son bonheur de diriger les Aigles et assure que plus le temps passe, plus son amour augmente pour le Mali

Publié jeudi 26 octobre 2023 à 06:18
Éric Sékou Chelle : «Mon ambition est de laisser des traces ici»

L’Essor : Dix matches, huit victoires, un nul et seulement une défaite après un an passé à la tête de la sélection nationale. Quel commentaire vous inspire ce bilan ?


Éric Sékou Chelle : Le bilan est intéressant sur le plan comptable, mais aussi sur d’autres plans comme la constitution du groupe, la découverte de la profondeur de l’effectif. du projet de jeu mis en place, bref, je pense que c’est un bilan très intéressant. Le premier objectif qui était la qualification de la CAN est validé, maintenant le but est de se pencher sur les prochaines échéances, notamment la phase finale de la CAN et les éliminatoires de la Coupe du monde qui arrivent dans deux mois.

En attendant, on va essayer de voir ce qui a marché et ce qui n’a pas marché. On a en tête que le groupe peut toujours s’améliorer et on va continuer à travailler dans ce sens. Les échéances à venir sont très importantes pour nous, je veux parler de la phase finale de la CAN et des éliminatoires de la Coupe du monde.

L’Essor : Les observateurs sont presque unanimes à dire que vous avez amené un nouvel état d’esprit au sein de la sélection nationale mais aussi des changements significatifs sur le plan tactique. Qu’en dites-vous et quelle est votre recette ?

Éric Sékou Chelle : Je leur dis merci, mais je rappelle quand même que rien n’est encore acquis. Ce qu’il s’est passé est désormais derrière nous. Je préfère regarder devant, c’est-à-dire sur le futur. Autrement dit, je veux me focaliser sur les échéances qui arrivent. Nous avons de grosses ambitions pour la CAN mais, je dis toujours qu’il faut être humble et travailler dans la discrétion.

Ma recette, c’est faire preuve d’humilité, travailler et être ambitieux à la fois dans le jeu et dans les objectifs. Bien sûr, j’essaye toujours d’apporter la vision que j’ai du football. Je ne dis pas que je détiens la science infuse dans le football, mais j’ai ma vision du jeu que j’essaie d’inculquer à mon équipe. Pour le moment, ça marche et j’en suis heureux. J’espère que ça va continuer à marcher et surtout lors de la CAN.

L’Essor : Justement, la CAN, Côte d’Ivoire 2023, aura lieu dans deux mois et les Maliens fondent beaucoup d’espoirs sur les Aigles, après leur brillante qualification à la phase finale. En clair, la plupart des supporters pensent que le Mali peut viser la couronne continentale, lors de la prochaine CAN.

Éric Sékou Chelle : Le plus dur, c’était de se qualifier à la CAN, après tout le monde a des chances de remporter le trophée. Toutefois il y a aussi une part de qualité d’équipe et une part de chance. Tous ces détails doivent être pris en compte dans la préparation de la CAN. L’équipe doit être bien préparée sur le plan physique, mental et technique.

Ensuite, pendant la compétition, il faut être armé sur des petits détails, notamment sur la récupération et la planification des entraînements. On se prépare tout doucement d’ailleurs, on a une réunion tout à l’heure avec le ministère en charge de la Jeunesse et des Sports (l’entretien s’est déroulé mardi quelques heures avant la rencontre avec le département, ndlr) pour essayer d’étoffer le staff pour gommer ce petit détail ou ajouter de la compétence qui va nous permettre d’élever le niveau de l’équipe.

L’Essor : Selon vous, quelle est aujourd’hui la force de la sélection nationale ? L’équipe a-t-elle des lacunes qu’il faut corriger avant la CAN ?

 Ã‰ric Sékou Chelle : Je pense sincèrement qu’on a une équipe joueuse, par moments très joueuse. C’est une qualité mais ça peut aussi être un défaut. Je pense aussi qu’il va falloir, pendant cette préparation, qu’on axe notre travail sur l’aspect physique parce que l’équipe a besoin de mettre beaucoup d’intensité dans son jeu. Derrière, il faut qu’on progresse sur des situations de coups de pied arrêtés. Offensivement il faut qu’on arrive à être plus dangereux, quand je parle des coups de pied arrêté, je parle des corners, des coups francs et je parle aussi des penalties.

Aujourd’hui c’est à la fois un travail de répétition mais surtout un travail mental. Pour marquer des buts sur coup de pied arrêté, il faut avoir une certaine agressivité donc on aura le temps de bosser sur ça. C’est vrai que quand il y a des regroupements deux ou trois jours, on n’a pas le temps de trop bosser certaines parties du jeu. Nous allons tout faire pour mettre certaines choses en place avant la phase finale de la CAN.

L’Essor : Lors de la phase finale de la CAN, le Mali évoluera dans le même groupe que l’Afrique du Sud, la Tunisie et la Namibie. Que pensez-vous de cette poule et quel est l’objectif des Aigles ?

Éric Sékou Chelle : Il y a deux équipes qui ont un football anglo-saxon et un pays maghrébin qui sont dans notre poule. Ce sont deux footballs différents. La Tunisie qui vient avec sa capacité à répondre présent dans les grands rendez-vous, qui est une très grosse équipe.

L’Afrique du Sud qui a un passé est aussi une bonne équipe, qui a un football de transition. La Namibie  qui a fait de très bonnes éliminatoires et qui va vouloir aussi être ambitieux. C’est un groupe à notre portée, mais il n’y aura pas la place au relâchement, il va falloir être efficace dans tous les sens du terme à la fois en dehors et sur le terrain. Le premier objectif, c’est de sortir de cette poule, ensuite, on pourra se fixer d’autres objectifs.

L’Essor : Avant la CAN, il y aura les éliminatoires de la Coupe du monde 2026, notamment deux matches contre le Tchad et la Centrafrique. Peut-on dire que ce sont deux adversaires taillés sur mesure pour les Aigles pour bien préparer la CAN ?

Éric Sékou Chelle : La Coupe du monde, c’est une autre compétition. Je me souviens quand j’étais joueur, on a joué au Liberia où il y avait un contexte compliqué et on a perdu 1-0. On n’aurait jamais dû perdre contre cette équipe mais finalement on a perdu. Les éliminatoires de la Coupe du monde, c’est toujours le haut niveau et toutes les équipes doivent être respectées. On affrontera le Tchad à domicile lors de notre premier match.

Cette rencontre peut être piégeuse pour nous, parce que les Tchadiens viendront avec un bloc bas et tenteront de procéder par des contres. Il va falloir qu’on trouve des solutions, en imposant d’abord notre jeu et en faisant montre de percussion devant. Pour la Centrafrique, on va avoir un contexte compliqué parce que les Centrafricains ont décidé de délocaliser ce match aux Comores, alors que ce pays est dans notre poule. En plus, la rencontre se disputera la veille du match Comores-Ghana et les deux équipes auront l’occasion de voir notre match. Je ne comprends pas la décision de la Centrafrique de délocaliser le match aux Comores. Il y aussi le voyage qui peut durer plus de 24heures On verra ce qu’il y a lieu de faire pour mettre tous les atouts de notre côté, mais j’avoue que c’est une situation qui suscite quelques inquiétudes.

Les deux matches du Mondial vont servir de préparation pour la phase finale de la CAN. Après les matches contre le Tchad et la Centrafrique, on aura une quinzaine de jours pour préparer la CAN. On va essayer d’avoir un ou deux matches amicaux avant le début de la phase finale de la CAN. Je ne suis pas dans les calculs, ce qui m’intéresse, c’est travailler sur le contenu du jeu de l’équipe et travailler sur certains plans de jeu.

J’ai envie d’essayer certaines choses avant la CAN. La préparation va se dérouler à Bamako, je n’ai pas envie d’aller en Arabie saoudite ou aux Émirats arabes unis pour effectuer des stages, parce que le climat de ces pays est différent de celui de Korhogo. Pour moi, c’est très important de faire notre préparation à Bamako parce que le climat est le même que celui de Korhogo.

L’Essor : Vous avez visité récemment les infrastructures de la CAN, que pensez-vous du stade Amadou Gon Coulibaly de Korhogo où les Aigles disputeront leurs deux premiers matches de poule ?

Éric Sékou Chelle : Je suis très content de ce que j’ai vu. J’ai vu un super stade, la pelouse est bien mais je ne sais pas ce qu’il va se passer dans les deux mois à venir. J’ai vu des logements tout neufs de très grande qualité et un excellent terrain d’entraînement. Je suis très content de mon voyage à Korhogo, toutes les installations que j’ai visitées sont bonnes.

L’Essor : Les Aigles ont gagné leurs deux derniers matches de préparation face, respectivement à l’Ouganda (1-0) et Arabie saoudite (3-1). Quels sont les principaux enseignements que vous avez tirés de ces rencontres, surtout celle contre les Saoudiens que l’on peut considérer comme l’un des meilleurs matches des Aigles depuis votre prise de fonction, il y a un an ?

Éric Sékou Chelle : Je n’en suis pas sûr. Chaque équipe qui a gagné un trophée sur les dix matches qu’elle a joués, elle ne joue pas les dix matches au top. Il y a toujours des matches qui sont plus compliqués que d’autres. Contre l’Ouganda, la première période a été un peu compliquée parce qu’on n’a pas trouvé des solutions face à un bloc collectif bas.

Toutefois, on s’est créé des occasions et on aurait pu marquer au moins deux buts. En deuxième période, l’équipe a été plus percutante devant et les finisseurs ont fait le travail (1-0, ndlr). Contre l’Arabie saoudite, on a changé de plan de jeu parce que cette équipe est plus joueuse que l’Ouganda. Ainsi, on a pu jouer en transition avec de nouveaux joueurs qui ont été intégrés. Je suis content de ces deux matches amicaux mais tout n’a pas été rose. On a besoin d’être plus performant dans la transition et dans la façon de se projeter vers l’avant. Maintenant, c’est à moi d’analyser et de faire en sorte que l’équipe continue à progresser.

L’Essor : Après le Tchad et la Centrafrique, la sélection nationale se frottera au Ghana, aux Comores et à Madagascar lors des 3è, 4è et 5è journées des éliminatoires du Mondial. Comment voyez-vous ces rencontres notamment le choc avec le Ghana qui fait figure de favori de la poule ? 

Éric Sékou Chelle : Le Ghana est une grande nation de football, tout comme la Tunisie qui répond toujours présente dans les grands rendez-vous. Le Ghana a une équipe avec une moyenne d’âge un peu plus élevé que la nôtre et qui a une certaine expérience des grands rendez-vous. Maintenant, nous avons la chance de recevoir les Ghanéens au match aller (3è journée, ndlr) et nous devons faire pour négocier au mieux cette rencontre. Je respecte tous les adversaires, mais pour moi, le Mali est le favori de la poule et nous allons tout faire honneur à notre statut.  Le premier objectif est de faire carton plein à domicile et nous allons aborder ces éliminatoires avec un esprit guerrier.

 L’Essor : Selon nos informations, vous allez bientôt percevoir douze mois de salaires. Est-ce à dire que vous n’avez pas été payé depuis votre arrivée à la tête des Aigles ?

Éric Sékou Chelle : Pour le moment, ce qui m’intéresse, c’est le football, être sur le terrain et accomplir les missions qui m’ont été assignées. Je reste concentré sur l’essentiel, c’est-à-dire le rectangle vert. Je suis un professionnel et pour moi, ce sont les objectifs qui priment. 

L’Essor : Avez-vous un message pour le public sportif ?

Éric Sékou Chelle : Encore une fois merci aux supporters pour leur encouragement et leur présence aux côtés de l’équipe. Je suis là pour faire évoluer le football malien et je suis prêt à tous les sacrifices pour la réussite de cette mission. Plus je passe du temps ici, plus mon amour augmente pour mon pays, j’aime les gens qui œuvrent tous les jours pour essayer de faire grandir ce pays à tous les niveaux. Je m’identifie de plus en plus à ces gens. J’espère que je resterai ici le plus longtemps possible et qu’après mon départ, les gens disent qu’Éric Sékou Chelle a laissé des traces ici.

 Interview réalisée par

Boubacar KANTE

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