Un jour de février 2025, aux environs de 23 heures à l’ex-salle de cinéma Vox, Barou, 14 ans, prépare son couchage sous le regard indifférent du flot humain qui écume ce site commercial. Il s’apprête à passer sa 32è nuit ici sur du carton recouvert d’un pagne haillonneux. La nonchalance avec laquelle il fait son «lit», trahit son amertume pour cette vie de clochard à laquelle sa fugue l’expose. «Je me retrouve ici à cause de l’hostilité de mon oncle. Il me battait sans arrêt, et souvent pour des raisons que j’ignore», se lamente-t-il. Il y a environ deux mois, ajoute l’adolescent, «une dame m’a reconduit à la maison et l’a supplié de me pardonner. Mais, il a juré de ne pas me tolérer». Visiblement dépité, le garçon est plein de rancœur, et se résigne à vivre dans ce lieu dangereux. Ce gamin travaille comme apprenti de Sotrama.
Issu d’une famille où sa maman est mariée à un autre homme, Barou est à sa 3è fugue en deux ans. Il affirme que sa grand-mère n’est pas d’accord avec le fait qu’il soit dans la rue. Elle envoie les gens le chercher souvent, mais le petit ne se sent pas en sécurité avec son oncle, et préfère prendre ses distances.
Comme lui, beaucoup d’adolescents rejoignent la rue alors qu’ils ont de la famille avec des revenus leur évitant d’errer à l’aventure. Ali Alphagalo a suivi Barou, quand il était chef de division du Centre étatique d’accueil et d’orientation (CEAO). Une structure qui, faute de financement, a cessé d’exister. Barou fait partie des 9 adolescents dont Ali avait en charge, leur réconciliation avec les siens et leur retour en famille. «Ce n’est pas un enfant raté. Ce sont juste les affres de l’adolescence qui ont pris le dessus sur lui», précise-t-il, avant d’expliquer que l’oncle lui reproche de mauvaises fréquentations, un manque de discipline, de considération et un relâchement à l’école. «Il se pavane dans les champs avec des amis peu recommandables. Il a été une fois surpris en train de prendre de l’alcool avec les enfants du quartier lors d’une fête de Noël», rapporte l’agent du CEAO.
Le spécialiste signale que la plupart de ceux qu’il accompagne ont des imaginations débordantes. Il cite Barou qui veut se lancer dans l’agriculture et la pisciculture pour éradiquer la faim dans notre pays. Selon le spécialiste, beaucoup de parents, pensent qu’il suffit d’assurer notamment la nourriture, la santé, le transport à l’enfant pour qu’il soit sage. «L’enfant a besoin d’être rassuré, compris et protégé. En plus, il faut de la communication. C’est ce qui fait défaut dans nos familles», regrette-t-il.
À
l’âge adolescent, poursuit Ali, beaucoup se révoltent et deviennent parfois
violents. Ce qui fait, selon lui, que l’enfant se sent mieux avec les amis que
les parents. L’agent du CEAO explique que l’adolescence est une période de
transition entre l’enfance et la vie adulte, qui nécessite la transformation
sur les plans physique, psychologique, intellectuel et social. Il précise
qu’elle commence avec le début de la puberté à partir de 10 ans et se poursuit
jusqu’à 19 ans. Il poursuit que la crise d’adolescence est faite de troubles,
de sautes d’humeurs, d’attitudes de défi, d’opposition aux parents, mais aussi
de besoin d’intimité et d’excès de confiance en soi face aux adultes. «C’est
aussi une période de créativité, de rêve et d’expérience. C’est très insécurisant
pour les parents qui veulent s’imposer», précise-t-il, avant de regretter que
beaucoup de parents passent mal ce moment. Ils sont indignés, impuissants et
voient leur autorité bafouée.
ENVOUTEMENT- Pour certains parents comme Malado Kanté, cette crise laisse bien de souvenirs. Elle l’a appris avec celle de sa fille de plein fouet. D’après cette maman, son enfant de 16 ans, est devenue si bizarre, qu’elle l’avait crue envoutée. «Elle fréquentait un vieux qui avait l’âge de son père. On lui a interdit de le côtoyer. Elle a été punie de toutes les manières possibles mais en vain. J’ai eu peur qu’elle s’enfuit avec lui. Et cerise sur le gâteau. Elle a osé réunir toute la famille un jour et chargé son père de dire à ses épouses de ne pas se mêler de sa vie privée», se souvient-elle. Et d’indiquer que sa fille est tombée enceinte de son vieux partenaire.
Les parents sont parfois confus. Certains punissent, d’autres abandonnent comme ce magistrat qui se plaint de son fils ainé. «Il fait l’école buissonnière et ne va pas à ses séances d’entrainement, alors qu’il est passionné de football. Il est agressif à l’école et ne respecte pas les enseignants. Vraiment, j’ai fait tout ce que j’ai pu. J’ai décidé de ne pas le frapper ni le gronder, car il est assez grand. Comme il est d’une inconscience inouïe, je m’en lave les mains», se résigne celui dont le fiston ne lui adresse la parole que s’il a besoin d’argent. Le magistrat soutient que son enfant ne tient pas son comportement de lui qui a vécu une adolescence sage avec de meilleures notes à l’école.
Pour sa part, le garçon de 18 ans justifie sa conduite à l’école. Il affirme que le fait de reprendre une classe lui donne des avantages sur les autres. Le jeune homme explique : «Je sèche seulement quelques cours du soir parce que je sais déjà ce que l’enseignant va expliquer. J’ai vu tout ça l’an passé.»
Pour le psychologue Abdrahamane Coulibaly, le raisonnement de certains adolescents peut impacter négativement leurs études, s’ils ne sont pas compris par les parents. Cela, poursuit le psychologue, crée des conflits parents-enfants, et il devient agressif et irrespectueux à l’école. Pour pallier cela, le psy recommande aux parents d’être à l’écoute des enfants tout en restant ferme, de respecter leur intimité. Selon Abdrahamane Coulibaly, il faut lui montrer l’amour parental et l’aider à trouver son équilibre et rester patient et cohérent avec lui. Il propose de faire savoir aux enfants qu’ils sont là s’il a besoin de parler, «car une bonne communication est souvent la clé de la crise».
En outre, le psychologue prévient que la mauvaise gestion de ces crises crée des problèmes chez l’adolescent, qui deviendront profonds par la suite, complexes et parfois pathologiques. Il témoigne que la majeure partie des filles mères tombe enceinte avant l’âge de 18 ans. À le croire, la crise peut être exprimée à travers différents symptômes tels que l’angoisse, l’anxiété, la phobie, la dépression, l’addiction, des comportements asociaux ou des troubles du comportement. Parlant des raisons des fugues d’adolescents, il cite le manque de communication avec les parents, l’inaptitude à faire face à leurs problèmes personnels et la maltraitance par des parents ou des proches.
Pour gérer la crise d’adolescence, Abdrahamane Coulibaly conseille aux parents de dédramatiser le passage à l’adolescence, d’accepter de faire face aux changements qu’implique la puberté. «Car votre enfant se pose plein de questions sur lui-même. Un parent doit être clair sur la question des interdits parce qu’il arrive très souvent que l’enfant défie leur autorité parfois même avec violence», dit-il.
Par ailleurs, le psychologue souligne que la présence des grands parents dans la famille a un effet positif sur le mental des enfants. Selon lui, elle assure une sécurité à l’enfant et serait l’une des raisons de développement du cerveau à travers le récit des contes. «Ces pratiques le rendent capables de maîtriser ses impulsions et lui donnent le goût de la lecture», relève-t-il, avant d’indiquer que la communication développe le cerveau de l’enfant et le rend intelligent et sage.
Maïmouna SOW
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