Des hommes politiques au 13è Congrès de l’Adema-PASJ
La question qui taraude aujourd’hui l’esprit
des hommes politiques est de savoir avec quels moyens battre campagne, lors des
prochaines échéances électorales dans ce contexte de suspension de l’aide
publique ? En effet, depuis 2019, ce financement que l’État octroie,
chaque année, aux entités politiques est arrêté. Selon la loi n° 05-047/du 18 aout 2005 portant
Charte des partis politiques, les formations politiques bénéficient d’une aide
financière de l’État inscrite au budget national à raison de 0,25 % des
recettes fiscales. La répartition de cette somme se fait en quatre manières.
La
première, qui correspond à 15%, est destinée à financer les partis ayant
participé aux dernières élections générales législatives ou communales. Quant à
la deuxième (40%), elle finance les partis politiques proportionnellement au
nombre de leurs députés. La troisième, qui est de 35%, leur est donnée
proportionnellement au nombre de leurs conseillers communaux. La dernière (10%)
est destinée à financer les partis proportionnellement au nombre de femmes élues
à raison de 5% pour les députés et le reste pour les conseillères communales.
Depuis un certain moment, les partis
politiques ne ratent pas d’occasion pour réclamer la levée de cette suspension.
Cela est d’autant plus nécessaire que beaucoup se contentent d’animer,
aujourd’hui, l’actualité politique à coups de communiqués ou de déclarations,
faute de moyens financiers. Certains n’arrivent même plus à tenir leurs
rencontres statutaires à cause de la sécheresse financière.
Cependant, d’après l’enseignant-chercheur à la
Faculté des sciences administratives et politiques de Bamako, Dr Mamadou Samaké,
l’aide publique aux partis politiques n’a toujours pas existé sous la 3è République
de notre pays. En effet, la Conférence nationale de juillet-août 1991, qui a
adopté les textes fondamentaux de la défunte République, n’avait pas admis le
principe du financement des partis politiques. Ces derniers se devaient ainsi
de s’autofinancer et battre campagne pour conquérir le pouvoir à leurs propres
frais. Mais le contexte de crise suscité par les législatives anticipées et
annulées par la Cour constitutionnelle, en avril 1997, entrainera une crise
profonde entre le pouvoir et certains partis, rappelle l’universitaire.
Lesquels avaient boycotté, à l’époque, les élections présidentielle et législatives.
C’est ainsi que le ministère des Relations
avec les institution et des partis politiques a organisé le Forum politique national
pour relire les textes fondamentaux. Cela, afin de trouver une solution
consensuelle à la crise née de l’invalidation des élections législatives de
1997. Au terme de cette rencontre, les participants ont recommandé le
financement public des partis en 1999.
Rappelant que notre pays était dans un système
de «parti-État», l’enseignant-chercheur dira qu’il fallait inciter les entités,
à l’époque, à la participation politique. C’est pourquoi, le ministre chargé
des Relations avec les institutions a rappelé, lors d’un conseil des ministres,
que beaucoup d’acteurs politiques, qui ne reconnaissent pas le régime, ne
pourront pas participer aux élections de mise en œuvre de libre administration
des collectivités prévues en avril-juin 1999. Ainsi, le président de la République
d’alors a instruit le Premier ministre d’accorder une subvention aux partis
politiques. «Donc, la première subvention, liée à la participation politique, a
été accordée par un décret du Premier ministre à tous les partis ou
associations ayant déposé une liste pour ces élections séquencées de mise en œuvre
de la décentralisation», souligne Dr Mamadou Samaké.
En effet, signale l’universitaire, chacun recevra 20 millions de Fcfa. Et c’est plus tard qu’est intervenue la modification de la loi sur la Charte des partis politiques pour y insérer le financement public sous certaines conditions. L’une des raisons de cette situation est que le Forum politique national a assigné aux partis une mission de service public. Il s’agit de l’information, de l’éducation, de la sensibilisation des citoyens et de leurs mandants.
27 MILLIARDS DE FCFA- De son côté, le
coordonnateur de la Mission d’observation des élections au Mali (Modele-Mali),
Dr Ibrahima Sangho, indique que l’aide aux partis politiques a été accordée de
2001 à 2018. Pendant cette période, ajoutera-t-il, ces derniers ont bénéficié
de plus de 27 milliards de Fcfa pour faire face à leurs missions. Lesquelles
sont la conquête et l’exercice du pouvoir politique ainsi que la sauvegarde de
la démocratie.
«Mais à partir de 2019 jusqu’à nos jours, ils n’ont pas bénéficié
de l’aide. Or, c’est une loi qui oblige le gouvernement à donner ce financement»,
explique le chef de Modele-Mali. Pour lui, tant que la loi n’est pas abrogée,
l’aide doit être remise aux formations politiques. D’après notre interlocuteur,
66 partis politiques existent réellement dans notre pays, même si les
statistiques avancent, aujourd’hui, plus de 290. Cela est d’autant plus vrai
que conformément à la Charte, pour être considéré comme un parti, il faut
participer, au moins, à une élection, explique-t-il.
En effet, ces 66 partis ont participé à des élections
et ont eu des députés et des conseillers communaux. Selon Dr Sangho, même si,
une formation politique n’a pas eu un conseiller communal, ni un député, le
simple fait de participer aux élections, lui ouvre le droit à l’aide. Le patron
de Modele-Mali précisera que les 15% sur les 100% de ce financement sont destinés
aux partis politiques ayant simplement participé aux élections.
Ibrahima Sangho demande à l’État de débloquer
l’aide pour que les partis politiques puissent s’organiser en vue des
prochaines élections. «Parce que l’aide leur permet de battre campagne et de
sillonner l’ensemble du territoire national. De ce fait, si elle n’est pas donnée,
cela est problématique», alerte notre interlocuteur qui rappelle par ailleurs
que le Forum politique national a jugé nécessaire d’accorder l’aide aux partis
politiques pour les soustraire à des narcotrafiquants et des criminels pouvant
venir injecter de l’argent pour chercher le pouvoir. «C’est pour éviter que le
Mali soit en danger et financé par des vendeurs de drogue, qu’on a institué
l’aide aux partis politiques. Donc, c’est une protection même du Mali, le fait
de les financer», pense Dr Sangho.
Il ajoute que ce financement consiste, également, à sauvegarder la démocratie malienne. Si les partis politiques ne sont pas financés par l’État et que celui-ci ne contrôle pas leurs moyens de financement, ils peuvent être ouverts à toutes sortes de manipulations, explique Ibrahim Sangho, affirmant que la subvention sert à éviter cette situation.
INTÊRET GÉNÉRAL- Notre interlocuteur indique
qu’au Maroc, il y a quelques mois, lors des élections générales, le
gouvernement a donné des aides à tous les partis pour leur permettre de battre
campagne. Pour lui, l’État doit financer les formations politiques dont les
missions consistent à défendre l’intérêt général. Étayant ses propos, il
signale qu’il est mentionné dans la Constitution du 22 juillet 2023 que le rôle
des partis politiques est la conquête et l’exercice du pouvoir démocratique. «Donc,
il est important que l’État puisse les aider à faire face à cela», exhorte
Ibrahim Sangho.
Pour lui, il est difficile que les formations
politiques assurent leurs propres fonctionnements, avant d’ajouter qu’aucun
parti n’a un registre de militants afin de savoir le nombre de ses partisans
dans telle ou telle commune. Selon lui, les cotisations ne suffisent pas pour
permettre aux partis de battre campagne. «C’est pour éviter cette précarité que
le législateur a voté une loi pour les financer», rappelle Dr Sangho. Quoi de
plus vrai que quand un parti demande à ses membres de payer, chaque mois, 1.000
ou 2.000 Fcfa, tous ne pourront pas s’acquitter. Au contraire, poursuit
Ibrahima Sangho, les gens rentrent dans les partis pour avoir des ressources.
Il convient de souligner qu’au terme de la Loi électorale, le ministère en charge de l’Administration territoriale s’occupe de l’aide publique aux partis. Pour notre interlocuteur, ce département doit tout faire pour que les partis puissent avoir leurs dus avant les prochaines élections.
Nous avons tenté de faire réagir la direction générale de l’administration territoriale, sans succès.
AUDIT-L’enseignant-chercheur, Dr Mamadou Samaké
se demande si les fonds publics donnés aux partis politiques (plus d’une
vingtaine de milliards Fcfa), ont réellement servi à remplir cette
mission de service public. Notre interlocuteur dit à qui veut
l’entendre que si on fait un véritable audit de ce financement, l’on constatera
qu’il n’en a pas été le cas. «C’est, peut-être, pour cette raison que les
autorités de la Transition ont suspendu cette aide», estime l’universitaire. En
tout cas, dit-il, ceux qui ont à charge la destinée de la République,
aujourd’hui, ont de façon tacite suspendue une loi non encore abrogée.
Pour lui, les entités politiques sont des
associations comme toutes les autres, mais à caractère politique. Cela, en ce
qu’elles ont vocation à conquérir et à exercer le pouvoir. «Leurs règlements
intérieurs prévoient leurs propres mécanismes de financement. Cependant, au
regard des missions de service public qui leur sont assignées, notamment la
vulgarisation des lois, le financement public avait été décrété à l’époque »,
explique notre interlocuteur. Le politologue signale que le niveau de la
campagne du referendum dernier ne sera, absolument, pas comme celui des élections
prochaines, notamment la présidentielle. «Parce que là, il s’agit de donner un
visage à la République», clarifie Dr Samaké.
Il convient de rappeler que les Assises
nationales de la refondation (ANR) ont recommandé la réduction du nombre de
partis politiques en appliquant des conditions restrictives de création et de
financement. En attendant cela, les obligations des partis politiques éligibles
à cette subvention de l’état sont, notamment, la tenue régulière des instances
statutaires du parti, la disposition d’un siège national exclusivement destiné
aux activités du parti distinct d’un domicile ou d’un bureau privé… Toutefois,
selon les dispositions légales, la production de faux bilan par tout parti
entraîne la perte du droit au financement public pour l’année suivante, sans préjudice
de poursuites judiciaires.
Selon certains observateurs, le fait que 15%
de l’aide est à octroyer à tous les partis politiques ayant déposé, seulement,
des listes aux élections peut en partie expliquer leur nombre pléthorique. Si
la quasi-totalité des partis réclament, aujourd’hui, ce financement qu’ils
considèrent comme une «bouffée d’oxygène» dans leur fonctionnement, certains
d’entre eux estiment qu’il faut rendre drastique son accès. Mais aussi de contrôler
son usage.
Le président du Congrès national d’initiative démocratique (Cnid-Faso Yiriwa Ton) partage cet avis. Me Mountaga Tall appelle de ses vœux à la sanction la plus sévère au cas où l’on constate que le moindre centime de cette aide est détourné de l’objectif réel. «On ne peut pas créer un parti juste pour bénéficier de fonds publics que l’on utilise pour soi», martèle le leader politique qui dira cependant qu’on ne peut vouloir avoir, aussi, une démocratie saine avec des partis faibles.
Bembablin DOUMBIA
Du début de l’hivernage à la date du 2 septembre 2024, notre pays a enregistré 151 cas d’inondations faisant 55 morts, 112 blessés et 73.778 sinistrés. Les actions de recours et d’aide se multiplient et doivent être mieux coordonnées pour atteindre les résultats escomptés.
Ces propos ont été tenus, vendredi dernier dans un hôtel de la capitale, par l’ambassadeur turc au Mali, Efe Ceylan, à l’occasion de la commémoration du 102è anniversaire de la Journée de la victoire de la République de Türkiye..
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À ce propos, l’analyste politique demande à l’Union africaine (UA) d’agir. Il y va de la survie du contient dont les ressources sont en train d’être pillées par les pays de l’Otan et d’autres puissances étrangères.