Sortie de crise Mali-Cedeao : Les recettes de deux universitaires

Dans les lignes qui suivent, Dr Fousseyni Doumbia et Dr Ilo Allaye Diall s’expriment sur la situation sociopolitique du pays marquée par les sanctions de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) et de l’Union économique et monétaire ouest africaine (Uemoa). Aussi, les deux enseignants à la Faculté de droit public de Bamako donnent leurs recettes pour la sortie de cette crise et se prononcent sur la non-exécution de la décision de la Cour de justice de l’Uemoa

Publié mardi 19 avril 2022 à 05:41
Sortie de crise Mali-Cedeao : Les recettes de deux universitaires

De gauche à droite: Dr Fousseyni Doumbia et Dr Ilo Allaye Diall



Dr Fousseyni Doumbia : «la négociation semble être la seule alternative pour abréger la souffrance des populations» 

 

Le Mali vit une situation critique de son histoire eu égard à la cristallisation de la crise multidimensionnelle et des dissensions politiques à outrance à cause de la cupidité de certains au mépris des valeurs et des principes de la démocratie et de la Transition. On ne peut pas gérer un pays en période de crise, comme on le fait en période normale.


Il  faut rassembler les Maliens pour l’intérêt supérieur de la Nation, aucun État n’est parvenu à surmonter sa crise dans la division. Plus on est divisé, plus la communauté internationale sera forte, plus la communauté internationale sera forte, plus notre souveraineté s’enlisera.

Il faut poursuivre avec la Cedeao le dialogue pour le bonheur exclusif du peuple malien. La Cedeao est en train de jouer sa crédibilité dans le traitement du dossier malien. Il faut trouver rapidement un point d’équilibre entre le Mali et  cette organisation communautaire pour mettre un terme à la souffrance des Maliens. Les délais proposés de part et d’autres sont raisonnables. Il faut donc des concessions.

L’ordonnance de la Cour de justice de l’Uemoa est tombée, il y a un peu de temps. Elle suspend les sanctions de l’organisation contre le Mali.  Toutefois, en la matière, les juridictions communautaires  ne disposent pas de  moyens de l’exécution de leurs décisions. La négociation semble être la seule alternative possible pour abréger la souffrance des populations. 

 

 

Dr Ilo Allaye Diall : «Le Mali peut faire intervenir les instances onusiennes pour faire respecter la décision de la Cour de justice de l’Uemoa» 

 

Après 18 mois, la situation sociopolitique reste tendue. Une avancée est constatée seulement sur le plan militaire avec la montée en puissance de l’Armée. Pour le reste, tout est en stagnation, notamment les réformes politiques et institutionnelles tant attendues par l’ensemble des Maliens. Je pense que l’interpellation du Premier ministre pour le 21 avril prochain nous en dira beaucoup plus.


Car, c’est lui, le chef du gouvernement chargé de la mise en œuvre desdites réformes annoncées dans le Plan d’action gouvernemental. Est-ce que cela est dû à un refus des forces politiques ou à la réorientation des priorités nationales pour pallier l’embargo ? On ne saurait le dire. La question reste pendante.


S’agissant des sanctions des organisations sous régionales que sont l’Uemoa et la Cedeao, il est nécessaire de trouver un terrain d’entente avec elles, notamment en ce qui concerne les délais impartis à la Transition, faute de quoi les autorités peineront à rassembler la classe politique sans l’adhésion de laquelle le travail demeurera fastidieux.

Concernant la non exécution du sursis à exécution prononcé par la Cour de justice de l’Uemoa, nous nous trouvons en face d’une des limites du droit international. Donc, du droit communautaire qui est fortement dépendant de la volonté politique des états membres de l’organisation sous régionale qui sont tout aussi membres de la Cedeao, organisation plus vaste et seule reconnue comme Communauté économique régionale dans le cadre de la réalisation de la Communauté économique africaine prônée par l’Union africaine.

Or, s’il existe des états qui veulent politiquement ignorer la décision de la Cour de l’Union, le Mali n’a pas d’autre choix que de s’adresser à la même Cour pour qu’elle rappelle à ces états les principes gouvernant l’organisation fondée depuis 1994.

D’ailleurs, cette pratique est courante dans d’autres organisations du même type, notamment l’Union européenne, il suffit de rappeler les cas récents avec la Pologne, la Hongrie et même l’Autriche pour s’en convaincre.

À défaut, le Mali peut aussi faire intervenir les instances onusiennes chargées de faire respecter le droit des traités internationaux tels que la Cour internationale de justice et le Conseil de sécurité.

Propos recueillis par

Bembablin DOUMBIA

Bembablin DOUMBIA

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