
Nos
traditions s’opposent au mariage entre certaines ethnies et groupes sociaux.
L’un des cas les plus connus est celui des groupes ethniques «bozos» et
«dôgônô», «hommes de caste» et «nobles». Pendant longtemps nos ancêtres ont pu
préserver la pratique parce que leur décision était irrévocable quant à la
sélection de l’épouse de leur fils.
Ces interdits sont scellés à la suite de
pactes ficelés et ou de serments entre deux groupes ethniques ou des groupes
sociaux qui se jurent fidélité et respect de leurs paroles données assorties de
sacrifices. Ces sacrifices jettent des maléfices à tout contrevenant à ces
serments ou pactes. Mais force est de constater que de nos jours, l’amour
triomphe de cet interdit. Et ainsi de nombreux couples le bravent et en
assument les conséquences. Nous sommes allés à la rencontre de ces hommes et
femmes.
Ousmane
Kouyaté et Kadidia Kane sont mariés depuis 2016. Leur union a été scellée malgré
une forte opposition et fut une véritable bataille familiale. «Dans notre
famille, on n’épouse pas les griots. J’ai été séduite par un beau griot
guitariste. Nous avons eu deux enfants (une fille et un garçon). C’est après
l’accouchement de mon premier enfant qu’une partie de ma famille a accepté
notre union, notamment ma maman», explique Kadidia Kane. Jusqu’à présent,
précise-t-elle, son père n’arrive pas à digérer leur mariage. «Pis, il
m’adresse rarement la parole.
La
médiation de l’imam de notre quartier (Darsalam) s’est heurtée à un mur de
silence», affirme cette cheffe d’entreprise qui se dit prise entre le marteau
et l’enclume à cause de cette tradition. «Cette situation me dérange
énormément, vu que je suis amoureuse de mon époux. Mais, j’adore aussi mon
papa», confie-t-elle. Parmi les conséquences de sa révolte contre l’avis de son
père, elle cite le mépris de ce dernier pour ses petits-fils. «Quand mes
enfants entrent dans sa chambre, il s’énerve et crie sur eux en leur demandant
de sortir», regrette Kadidia Kane, avant de prier pour que son père les accepte
avant ses derniers jours.
Dans son
domicile, Ousmane Kouyaté nous accueille, vêtu d’une chemise en bogolan et d’un
pantalon de couleur noir. Il tient une guitare à la main. Il se dit peiné par
la relation tendue avec son beau-père. «Il ne m’a pas aimé un seul jour depuis
mon mariage avec sa fille. Il ne me parle pas. Quand je vais chez lui lors des
événements sociaux, seule son épouse et mes belles-sœurs sont bienveillantes à
mon égard. Les beaux frères également me boudent», déplore le guitariste qui
s’interroge s’il a demandé à Dieu de naître dans une famille de griot. Il est
temps que ces choses prennent fin, car ça détruit beaucoup de famille», lance
l’instrumentiste.
Contacté au téléphone, El Hadj Alim Kane (le papa de Kadidia Kane) s’est dit déçu du choix de son enfant. Il refuse que Kadidia Kane soit comptée parmi ses enfants. «Pour moi, j’ai 7 enfants et Kadidia n’en fait pas partie. Le jour où elle a accepté de s’unir à un griot je l’ai supprimée de ma vie», laisse entendre le sexagénaire. Il n’a pas souhaité nous en dire davantage au téléphone.
PERTE DE
RICHESSE- Alassane Diarra et Madina Kouyaté résident à Moribabougou. Le couple
a quatre garçons. Dès le début de leur relation, leurs familles s’y sont
opposées. Alassane Diarra avait déjà une promise au sein de sa famille à
l’époque. Quant à Madina Kouyaté, ses parents refusaient toute relation avec un
noble. Les deux amoureux ont trouvé l’astuce pour obtenir le consentement de
leurs parents. «Je suis l’aîné de la famille. J’ai décidé de quitter la grande
famille si jamais on ne me laisse pas épouser la femme que je veux. Ma mère
(paix à son âme) était contre cette idée. Elle a finalement convaincu mon père
d’accepter ma griotte (rires)», rappelle le mari peintre qui affirme que sa
conjointe est obligée de vivre toujours dans un environnement hostile.
Celle-ci
se réjouit de l’amour dont fait montre son époux. «Je ne regrette pas mon
choix. Depuis que j’ai connu cet homme, il est aux petits soins avec moi. En 10
ans de mariage, il m’a toujours respecté. Je dis tout le temps à ma famille que
mon choix était le meilleur même si mon père et mes frères sont contre cette
union», s’émeut la commerçante de pagnes en wax.
Des
témoignages contre l’interdit sur le mariage entre des ethnies sont courants.
Sur son compte Facebook, Lassine Sinayoko, un réfractaire à cette tradition,
affirme que «ce préjugé» doit cesser pour le bonheur des amoureux. Cet homme
qui se dit forgeron, est basé aux États-Unis d’Amérique depuis 2018.
Il a
épousé une femme peulh en 2016 contre le gré de leurs parents respectifs.
«Malgré leur refus, nous avons fait le mariage. Quatre mois plus tard, j’ai
postulé à un concours qui m’a permis de venir aux États-Unis avec ma femme plus
précisément à la Nouvelle Orléans», se souvient Lassine Sinayoko. Et de
regretter que jusqu’à présent, sa belle famille est toujours contre leur union.
Selon le
traditionnaliste Almamy Diarra, il y a toujours une vérité quelque part dans
cette histoire d’interdit sur le mariage. «J’ai été témoin oculaire de deux
mariages similaires. Le premier concernait un dôgônô et une femme bozo. On leur
a dit que c’est une union vouée à l’échec, mais ils se sont entêtés à le faire.
Chaque fois que la femme accouchait, son enfant ne survivait pas»,
raconte-t-il. Après trois cas, selon le traditionnaliste, le couple a
finalement compris d’où venait le problème. Le mari a pris une deuxième femme
dôgônô qui lui a fait des enfants, témoigne Almamy Diarra.
Toutefois,
la première épouse bozo n’a pas encore enfanté. Il cite un second exemple où
l’homme était forgeron et la femme peulh. «Il était immensément riche, mais
après le mariage, il a tout perdu. La femme peulh est partie. Environ trois ans
après, il est redevenu riche», assure notre interlocuteur. Et de prévenir qu’il
ne faut pas se rebeller contre certaines coutumes de nos ancêtres.
Quant au
sociologue Modibo Touré, il souligne que la question de l’interdit sur le
mariage entre certaines ethnies doit nous interpeller et nous pousser à
réfléchir sur la nécessité de respecter certaines traditions. «Je suis sûr que
l’interdiction du mariage entre certains groupes sociaux, qui dure plusieurs
millénaires, a été instituée pour rendre harmonieuse notre société», pense-t-il,
avant d’ajouter que les temps ont changé.
«À
l’époque, c’est la famille qui choisissait une femme pour le jeune homme.
Aujourd’hui, un homme et une femme se rencontrent, tombent amoureux et décident
de se marier. Or, rien ne rend la société harmonieuse plus que l’amour»,
analyse le sociologue. Et de regretter que beaucoup d’unions sont empêchées
parce que les deux intéressés sont supposés être incompatibles.
Les
jeunes générations sont souvent dans l’embarras face à cette tradition
séculaire. «Je ne peux pas comprendre qu’on empêche des gens qui s’aiment de
vivre leur vie et leur amour comme ils l’entendent à cause des rôles que leurs
ancêtres ont joué dans le passé. Il est temps de reconnaître que les hommes
naissent libres et égaux», lance Modibo Touré.
Quant à El Hadj Ismaïla Sylla, imam d’une mosquée de Badialan III, en Commune III du District de Bamako, il enseigne que devant Dieu nous sommes tous égaux. «Nulle part dans le Coran et les hadiths, il n’est fait cas d’interdit de mariage entre races, ethnies ou castes. L’essentiel en islam est que vous soyez musulman, et après, vous pouvez vous marier», insiste l’érudit. En tout cas, notre société a du chemin à parcourir avant d’aboutir à l’abandon de cette tradition. Il est vrai que cette tradition a la vie dure et elle rend la vie dure à beaucoup de couples qui en pâtissent.
Djeneba BAGAYOGO
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