Agriculture : Des équipements made in Mali

Semoirs, charrues de labour, pièces de rechange des tracteurs sont fabriqués par nos artisans. La plupart de ces équipements sont vendus dans les zones de production comme Kita, Sikasso, Bougouni ou Koutiala. Certains fabricants arrivent aussi à écouler leurs produits dans des pays voisins

Publié jeudi 04 septembre 2025 à 08:17
Agriculture : Des équipements made in Mali

Au marché de ferrailles de Médina-Coura communément appelé «Nɛgɛkolon sugu», le fer se plie, se tord et prend forme grâce au savoir-faire des artisans locaux. Ce mercredi 20 août 2025, vers 16 heures, le marché est encore animé, malgré la rareté des clients. Sous des hangars de fortune qui s’étendent à perte de vue, les coups de marteau résonnent comme une musique métallique, mêlés au ronronnement des moteurs et à la chaleur suffocante des forges.


Dans cette atmosphère de feu et de sueurs, les artisans façonnent le fer pour en faire des semoirs, charrues de labour, pièces de rechange des tracteurs et même des ustensiles de cuisine et divers objets métalliques. Tout est produit sur place avec dextérité. Le prix des équipements agricoles varie, selon la qualité du fer. Ils vont de 45.000 à 80.000 Fcfa pour les semoirs, et de 25.000 à 35.000 Fcfa pour les charrues, selon les modèles.

Au milieu de son atelier, Adama Berthé, quinquagénaire, tape sur le fer rougi qu’il transforme en pièces de charrues. Depuis plus de 30 ans, il fabrique du matériel agricole au marché de Médina-Coura. Mais cette année, constate-t-il, le marché est morose. «Le commerce des équipements locaux démarre généralement trois mois avant l’hivernage. Une fois les pluies installées, la demande baisse. Aujourd’hui, ce sont surtout les pièces de rechange qui trouvent preneurs», explique-t-il. La plupart de ses clients viennent des zones de production comme Kita, Sikasso, Bougouni, Koutiala ou encore les grands bassins céréaliers.

Selon lui, plusieurs difficultés entravent le secteur, notamment la cherté du fer, le manque d’espace dû à la construction d’immeubles, l’absence de soutien des autorités mais aussi la concurrence des équipements importés. «Nous avons la capacité d’innover et même d’adapter des moteurs aux charrues fabriquées ici. Mais souvent, nos commerçants préfèrent importer ces équipements, ce qui nous décourage parfois.

 L’État doit nous soutenir pour réduire ces importations et valoriser la production locale», plaide Adama Berthé. En plus de cela, l’artisan croit savoir que la plupart des modèles de charrues importés ne sont pas adaptés aux besoins de nos producteurs.

L’hivernage est censé être propice aux ventes. Mais cette année, la morosité persiste. Amoudia Fofana, chef d’atelier, pointe du doigt le retard dans le paiement du coton. «Beaucoup de nos clients sont des paysans. Faute de moyens, certains ont dû retarder ou annuler leurs achats», dit-il.

 

PRODUIRE ET INNOVER-Avec l’ingéniosité et l’adoption de nouvelles machines, certains ateliers parviennent à se moderniser. Yamado Dolo, quadragénaire, en est un exemple.  Grâce à ses machines, il fabrique plusieurs objets notamment les charrues, les ustensiles de cuisine et des outils pour l’orpaillage. «Chaque jour, nous dépensons plus de 30.000 Fcfa en carburant à cause des coupures d’électricité.


Les artisans sollicitent l’appui de l’État pour subventionner la fabrication de ces outils


Cela réduit nos marges», déplore-t-il. Même constat chez Barou Samassékou, 22 ans, artisan depuis huit ans. Il fabrique des pièces détachées des équipements agricoles à l’aide de machines électriques importées d’Europe. Ses produits sont vendus non seulement au Mali, mais aussi en Côte d’Ivoire, au Burkina Faso et au Sénégal. Mais ses activités souffrent aussi des coupures d’électricité. D’autres artisans dénoncent, en outre, les difficultés de transport. L’insécurité dans certaines zones et l’état des routes compliquent parfois l’acheminement du matériel vers l’intérieur du pays.

Malgré ces obstacles, le métier continue d’attirer de jeunes apprentis et reste un levier d’insertion pour beaucoup d’entre eux. «J’ai quitté l’école en 4è année pour suivre mon père. Aujourd’hui, je gagne ma vie grâce à ce travail», raconte Tionta Traoré, marteau en main. Quant à Drissa Sanogo, lui, travaille à la journée. Son patron le paie selon les gains réalisés. «Ce métier me passionne. Je suis venu pour me former davantage. À la fin de chaque journée, mon patron me donne quelques subsides pour me permettre de retourner à la maison», affirme-t-il.

Siaka Berthé, forgeron au même marché depuis près de 28 ans, explique que le marché des équipements agricoles devient de plus en plus difficile pour les artisans locaux. «La concurrence des équipements importés est rude, et beaucoup de commerçants préfèrent acheter à l’étranger plutôt que de soutenir le travail exécuté ici. Pourtant, nos modèles sont mieux adaptés aux besoins de nos producteurs que les matériels importés», soutient-il. Et d’ajouter que sans l’appui de l’État, il est difficile de maintenir la production et d’innover.

«Nous demandons que l’État intervienne pour subventionner la fabrication locale d’équipements agricoles. Cela permettrait non seulement de renforcer notre activité, mais aussi d’accroître la productivité des producteurs agricoles et de réduire la dépendance aux matériels importés», plaide Siaka Berthé. Il estime que la valorisation du savoir-faire local est indispensable pour garantir la sécurité alimentaire du pays.

Makan SISSOKO

Lire aussi : Convention groupée de la zone 4 de la JCI Mali : Pour l’excellence et le leadership

Placée sous le thème : « Jeunesse engagée : apprendre et innover pour relever les défis de l’employabilité des jeunes du Mali », la 16ᵉ convention groupée de la zone 4 (Z4) de la Jeune Chambre Internationale (JCI) du Mali s’est tenue samedi dernier, au Centre de formation des collectiv.

Lire aussi : Solidarité : Plus qu’une aide matérielle, une consolation pour les sinistrés

Ils sont 512 déplacés provenant des régions les plus affectées par la crise sécuritaire à trouver refuge au Centre Mabilé, au cœur de la capitale malienne. Bien qu'insuffisant, le soutien des acteurs humanitaires locaux et internationaux réconforte ces sinistrés Situé en Commune VI du D.

Lire aussi : Économie verte : Une initiative lancée pour orienter les politiques et créer des d’emplois

5.000 emplois verts potentiels à identifier, trois propositions de politiques publiques à rédiger et un guide sectoriel à produire. Ce sont quelques objectifs phares du projet «Initiative pour promouvoir l’économie verte et la création d’emplois verts au Mali», officiellement lancé, mer.

Lire aussi : Mines de Lithium de Bougouni : Prêtes pour l’inauguration

Le constat a été fait par le ministre des Mines, Amadou Keïta, qui a visité les lieux la semaine dernière.

Lire aussi : PDZSTA-KB : Le budget prévisionnel du ptba 2025 s’élève à plus de 3,251 milliards de Fcfa

La 5è session du comité de pilotage du Programme de développement de la zone spéciale de transformation agro-industrielle des Régions de Koulikoro et péri-urbaine de Bamako (PDZSTA-KB) s’est tenue, hier, dans les locaux du ministère de l’Agriculture..

Lire aussi : Malformations faciales : La fondation SAER veut redonner un visage à 300 enfants

Tout ce qui se rapporte aux enfants malades, notamment ceux atteints de malformations faciales, touche les âmes sensibles. La Fondation Société africaine d’étude et de réalisation (SAER), consciente de son devoir de solidarité, multiplie les initiatives et actions pour soutenir ces enfants s.

Les articles de l'auteur

Le professeur Oumar Kanouté s’éteint : Une perte pour la littérature et la culture

L’annonce du décès du professeur Oumar Kanouté, dit Barou, survenue ce mercredi 3 septembre 2025, a d’abord circulé sur les réseaux sociaux avant d’être confirmée par ses proches..

Par Makan SISSOKO


Publié mercredi 03 septembre 2025 à 21:03

Route Manantali-Tambaga : Le calvaire des populations

Les habitants de la ville de Manantali (Cercle de Bafoulabé) vivent pratiquement coupés du reste du pays, à cause de la dégradation avancée de la route Manantali-Tambaga. Transformant parfois un trajet de quelques heures en un calvaire de deux jours pour les passagers des transports en commun..

Par Makan SISSOKO


Publié mercredi 27 août 2025 à 09:04

Mali : Le Professeur Abdoulaye Djimdé, lauréat du prestigieux Prix international Hideyo Noguchi

Le Mali s’illustre une fois de plus sur la scène scientifique internationale. Ce vendredi 22 août 2025, le Professeur Abdoulaye Djimdé a reçu le Prix international Hideyo Noguchi, une distinction qui récompense ses contributions exceptionnelles dans le domaine de la recherche médicale..

Par Makan SISSOKO


Publié samedi 23 août 2025 à 21:46

Burkina Faso : Alino Faso inhumé à Ouagadougou

L’artiste et influenceur burkinabè Alino Faso, de son vrai nom Alain Christophe Traoré, a été inhumé ce samedi 23 août 2025 au cimetière municipal de Gounghin, à Ouagadougou..

Par Makan SISSOKO


Publié samedi 23 août 2025 à 18:40

2è édition du Camp de la brigade citoyenne : Le Premier ministre Burkinabè attendu à Bamako

Cette visite s’inscrit dans le cadre de la célébration de la 2è édition du Camp de la brigade citoyenne du Mali, un rendez-vous initié par le ministère de la Jeunesse et des Sports, chargé de l’Instruction civique et de la Construction citoyenne..

Par Makan SISSOKO


Publié mardi 19 août 2025 à 07:50

Burkina Faso : La dépouille de Alino Traoré est arrivée à Ouagadougou

La dépouille de Alino Traoré, plus connu sous le nom de Alino Faso, est arrivée ce lundi à Ouagadougou. Selon le site d’information Lefaso.net, c’est aux environs de 14h40 que le cercueil a été sorti du hall d’attente de la gendarmerie jouxtant l’aéroport international..

Par Makan SISSOKO


Publié lundi 18 août 2025 à 16:50

Camp de la Brigade citoyenne : le Premier ministre burkinabè participera à la 2ᵉ édition à Bamako

Du 19 au 22 août 2025, le Premier ministre du Burkina Faso, Rimtalba Jean-Emmanuel Ouédraogo, sera en visite au Mali à l’invitation de son homologue, le Général de division Abdoulaye Maïga..

Par Makan SISSOKO


Publié lundi 18 août 2025 à 14:28

L’espace des contributions est réservé aux abonnés.
Abonnez-vous pour accéder à cet espace d’échange et contribuer à la discussion.
S’abonner