À l’heure du Mali : L’AES à la tribune de l’ONU, entre flèches sifflantes et sagesses sahéliennes

Il semble bien lointain, ce temps où les chefs d’État du monde entier se succédaient à la tribune de l’Assemblée générale de l’Organisation des Nations unies (ONU), souvent avec un écho sourd tombant dans les oreilles des peuples qu’ils étaient censés représenter.

Publié lundi 29 septembre 2025 à 07:24
À l’heure du Mali : L’AES à la tribune de l’ONU, entre flèches sifflantes et  sagesses sahéliennes

 Ces derniers n’en recevaient que quelques bribes, relayées par des envoyés spéciaux de médias écrits ou visuels, avec un retard certain, et des comptes rendus sonores érodés par la diffusion en ondes courtes. En somme, les populations de la plupart de ces pays y voyaient un rassemblement mondain de têtes couronnées, plus préoccupées par les artifices du pouvoir que par une véritable tribune pour exposer les questions importantes de leurs nations et du monde.


Alors que l’on s’inquiète du devenir de l’ONU, engluée dans une lutte d’influence entre les ténors du Conseil de sécurité, la « vieille dame » peut se réjouir d’un rafraîchissement démocratique de ses débats, désormais suivis par les populations de la planète grâce à la magie des réseaux sociaux. À l’instant T, dans chaque pays, lorsque le chef d’État, son représentant ou un souverain de grande puissance s’adresse du haut de la tribune de l’auguste assemblée, les médias nationaux, toutes sphères confondues, et même les citoyens ont la possibilité d’écouter et de voir l’intervention en direct. Nul besoin d’être présent physiquement : le message est entendu par tout acteur intéressé, et en plusieurs langues.


Sur le plan géopolitique, la Confédération des États du Sahel (AES) s’installe comme une entité tangible, avec une approche souverainiste assumée par les chefs d’État des trois pays membres fondateurs. Elle est l’un des grands bénéficiaires de cette opportunité technologique. Le Général de division Abdoulaye Maïga, au nom du Général d’armée Assimi Goïta, Président de la Transition et Président en exercice de la Confédération AES, a prononcé son discours le vendredi 26 septembre 2025, peu après 19h GMT. Un discours suivi en « mondovision » par les Maliens et les panafricanistes à travers le monde. Ses messages forts n’ont pas résonné dans le vide.


Aujourd’hui, ce ne sont plus les médias officiels algériens ou français qui relaient « à leur façon » les griefs du Mali et du Sahel contre les gouvernements de leurs pays. Ce sont les citoyens eux-mêmes qui se connectent, écoutent et découvrent les preuves de l’implication de leurs gouvernants dans la promotion du terrorisme en Afrique et dans le monde, à travers des attaques barbares contre les paisibles populations sahéliennes. Lorsque le Général de division, depuis la tribune de l’ONU, affirme que l’Algérie est « un pays désigné comme champion de l’Union africaine de la lutte contre le terrorisme, et qui est devenu, ces dernières années, champion de la promotion du terrorisme et exportateur de terroristes ! », il faut être certain que des millions de citoyens algériens l’ont entendu - et savent désormais la nature de leur gouvernement face au Mali et à la région de l’AES.


C’est dire combien l’ONU, interface suprême du multilatéralisme, peut se féliciter de la mue démocratique qu’elle subit à travers la surmédiatisation des discours lors de sa traditionnelle Assemblée générale, en dépit des nombreux hauts et bas qui ont émaillé son existence depuis 80 ans.


Même en cherchant à se réinventer avec un thème évocateur :  « Mieux ensemble : plus de 80 ans au service de la paix, du développement et des droits humains », l’ONU se trouve à la croisée des chemins, dans un monde déchiré par les conflits, ridé par les inégalités et affaibli par les luttes internes et externes entre puissances du Conseil de sécurité.


La Confédération de l’AES, à travers les chefs de gouvernement de ses trois États membres, entre flèches sifflantes et paroles pleines de sagesse, a fait retentir la voix du peuple du Sahel pour un monde plus juste, équitable et engagé en faveur du développement et des droits humains. Dans ce sens, elle se positionne à l’avant-garde de la lutte contre le terrorisme — cette gangrène mondiale sans visage, de plus en plus soutenue par des sponsors étatiques qui tombent le masque dans un cynisme assumé.


Au sein de la Confédération, une vision claire s’est dégagée dans cette lutte, a affirmé le Premier ministre Maïga : une approche souverainiste dédiée à la sécurité de nos États, suite au retrait des forces internationales. Le Mali, le Niger et le Burkina Faso ont choisi la voie de l’audace et de la souveraineté, pour penser librement leurs défis internes, mais aussi les grandes questions internationales, notamment la crise du multilatéralisme, et donc celle de l’ONU.


Encore une fois, depuis le début de la Transition, la voix du Mali a retenti du haut de la tribune de l’ONU, avec un message clair, précis, retentissant, et incisif au besoin, pour démontrer l’adéquation entre la gouvernance nationale et l’intérêt certain pour la gouvernance mondiale.


C’est avec le cœur meurtri que votre serviteur a écrit ces lignes, en apprenant au cours de la journée, la disparition de notre collègue Aboubacar Traoré, journaliste au desk politique. Ces lignes lui sont dédiées, tout comme ce numéro de votre journal, afin que nul n’oublie ce jeune journaliste, affable, passionné par son métier, et surtout grand travailleur à l’Amap, aujourd’hui toute endeuillée.

Alassane Souleymane

Lire aussi : Burkina Faso : Une opportunité d’investissements

Le Président du Faso, Chef de l’État, le Capitaine Ibrahim Traoré, a échangé avec une délégation d’investisseurs participant au 1er Forum international «Investir au Burkina Faso», lors d’une audience au Palais de Koulouba, le 10 octobre 2025..

Lire aussi : Suspension des visas américains : Ouagadougou dénonce une «mesure de pression» liée à son refus d’accueillir des déportés

Le gouvernement burkinabè a réagi avec fermeté, dans la soirée du jeudi 9 octobre 2025, à la décision des États-Unis de suspendre la délivrance de certains types de visas à l’endroit de ses ressortissants. Une mesure que Ouagadougou qualifie de « pression diplomatique » en réponse à s.

Lire aussi : Niamey : Le Forum «Semaine Citoyenne» a mobilisé

Le ministre de la Jeunesse et des Sports, Sidi Mohamed Al-Mahmoud, a présidé, le mercredi 8 octobre à Niamey, la cérémonie de lancement de la 2è édition du Forum «Semaine citoyenne» organisée par l’Association des jeunes leaders pour la transformation positive des conflits au Niger (AJLT.

Lire aussi : Insécurité à Téra : Le Président Tiani exprime sa compassion à la population

Poursuivant sa mission de travail dans la Région de Tillabéri, le Président de la République, Chef de l’État, le Général d’armée Abdourahamane Tiani, a tenu, le dimanche 5 octobre, à la devanture de la préfecture de Téra, un discours dans lequel il a déclaré être conscient de la si.

Lire aussi : Koulouba : Le Chef de l’État reçoit une délégation des parlementaires de la Confédération des États du Sahel

-.

Lire aussi : Perspectives sahéliennes : L’albinos noir vivement attendu

-.

Les articles de l'auteur

À l’heure du Mali : Pour la souveraineté minière, la SOREM frappe fort

Le 8 octobre, alors que nos compatriotes se relevaient de quelques jours de pénurie de carburant dans la capitale et dans d’autres régions du pays, l’histoire économique du Mali écrivait une bien belle page dans l’élan de souveraineté amorcé par les plus hautes autorités..

Par Alassane Souleymane


Publié vendredi 10 octobre 2025 à 11:47

Perspectives sahéliennes : L’albinos noir vivement attendu

-.

Par Alassane Souleymane


Publié mardi 07 octobre 2025 à 09:22

Perspectives sahéliennes : Les agropoles de la souveraineté alimentaire

De la deuxième session ordinaire de l’Assemblée de l’Union africaine à Maputo (Mozambique), en juillet 2003, l’on retient l’engagement des États membres à consacrer annuellement 10 % des dépenses publiques à l’agriculture. Vingt-deux ans plus tard, seuls quelques pays, comme le Mali, ont franchi le pas. La Déclaration de Maputo sur l’agriculture et la sécurité alimentaire en Afrique a marqué le lancement officiel du Programme détaillé de développement de l’agriculture africaine (PDDAA)..

Par Alassane Souleymane


Publié mardi 30 septembre 2025 à 09:38

À l’heure du Mali : Un «22», d’exceptionnel à inédit

Un maître de cérémonie commentant une séquence forte lors de la partie militaire du grandiose défilé du 22 septembre 2025, a poussé l’humour jusqu’à se faire le porte-parole des spectateurs massés sur le boulevard de l’Indépendance : «Dites à nos familles que nous sommes bien partis pour passer la nuit ici»..

Par Alassane Souleymane


Publié mardi 23 septembre 2025 à 08:00

Spécial 22 septembre 2025, Edito : Dans la peau du «MALIDEN KURA»

La rédaction de votre quotidien national et le service marketing de l’AMAP, comme il est d’usage, sont allés dans plusieurs directions pour ratisser large, afin de produire ce numéro spécial du 22 septembre et célébrer ensemble le Mali. C’est une tradition bien ancrée à l’AMAP, autant dans la production que dans la lecture..

Par Alassane Souleymane


Publié vendredi 19 septembre 2025 à 18:27

À l’heure du Mali : La «cuillère de la résistance»

Au Mali, les populations et l’Armée subissent une épreuve imposée: la guerre hybride. Depuis bientôt quinze ans, le pays s’adapte, dans la vie quotidienne comme dans les consciences. On ne cessera jamais de le dire : cette guerre n’est ni fortuite ni née du hasard..

Par Alassane Souleymane


Publié jeudi 18 septembre 2025 à 07:40

Perspectives sahéliennes : De l’alliance à la confédération, le 16 septembre a fait l’histoire

« Depuis la création de l’Alliance des États du Sahel (AES) en septembre 2023, réunissant le Mali, le Burkina Faso et le Niger, les observateurs s’interrogent sur la nature du modèle politique qui émerge au sein de ces trois pays sahéliens. Ce regroupement stratégique, né dans un contexte de rupture assumée avec les anciennes puissances coloniales et d’un rejet des mécanismes régionaux traditionnels comme la CEDEAO, porte les germes d’une transformation politique inédite en Afrique de l’Ouest. ».

Par Alassane Souleymane


Publié mardi 16 septembre 2025 à 10:14

L’espace des contributions est réservé aux abonnés.
Abonnez-vous pour accéder à cet espace d’échange et contribuer à la discussion.
S’abonner