Transformation des déchets plastiques : Une économie circulaire très rentable

Le recyclage contribue à réduire la quantité de déchets dans nos cités, mais également à générer des opportunités économiques pour les jeunes. Et les initiatives ne manquent pas en la matière

Publié jeudi 12 décembre 2024 à 07:33
Transformation des déchets plastiques : Une économie circulaire très rentable

 Une machine en train de broyer des tuyaux PVC cassés, des bidons et des seaux abîmés

 La ville de Bamako ploie sous le poids des déchets. L’environnement urbain se dégrade à une vitesse vertigineuse, transformant la capitale malienne en un véritable champ de détritus. Des sacs en plastique jonchent les trottoirs, des bouteilles vides flottent dans les eaux stagnantes et l’air se charge de particules nocives issues de la combustion sauvage des ordures. Les canaux d’écoulement des eaux pluviales sont souvent obstrués par des déchets plastiques, provoquant des inondations lors des saisons de pluies. Les répercussions ne s’arrêtent pas là. Parfois, des animaux, errant à la recherche de nourriture, ingèrent des morceaux de plastique qui provoquent leur mort.

La loi n°2014-024/du 03 juillet 2014 portant interdiction de la production, de l’importation et de la commercialisation des sachets plastiques non biodégradables peine à mettre fin à la course aux emballages plastiques dans nos marchés. Ousmane Konaté est vendeur de sachets plastiques au Grand marché de Bamako. «Même si les sachets plastiques contribuent à polluer l’environnement, il serait difficile d’interdire leur utilisation dans nos pays. De nos jours, ces déchets sont transformables en plusieurs matières recyclables, à savoir les nattes, les chaussures et bien d’autres. Nous devons bien les gérer en les gardant soigneusement dans les poubelles pour la récupération», conseille le commerçant.

En matière d’initiatives, une lueur d’espoir se dessine dans la valorisation des déchets plastiques. Cette approche consiste à transformer ces déchets en matières utiles. C’est dans cet ordre d’idée que de jeunes entrepreneurs, des associations et des initiatives locales commencent à exploiter le potentiel des plastiques recyclables pour créer des objets du quotidien, tels que les pavés, les sacs réutilisables et même les meubles. Kotié Sidibé est promotrice de la Société Sidibé plastique.

La trentenaire évolue dans le recyclage et la transformation des déchets plastiques. Son entreprise, basée à Faladié, emploie environ neuf personnes dont des jeunes déplacés internes qui travaillent pour subvenir à leurs besoins. Elle est spécialisée dans le broyage des plastiques notamment des tuyaux PVC cassés, des bidons et des seaux abîmés. Ces produits découpés et écrasés en morceaux à l’aide des machines, sont ensuite vendus aux industriels notamment les Indiens, les Pakistanais et les Libanais qui, à leur tour, les transforment en d’autres produits dérivés comme les seaux, les tuyaux PVC, les gaines pour fils électriques, les bouillards et d’autres.

Agée de 24 ans, Fousseini Magassa est étudiant en Licence 3 à la Faculté des sciences économiques et de gestion (FSEG). Il est promoteur de l’entreprise Magassa Fonderie sise à Mamaribougou. Cette entreprise fondée en 2021, évolue dans la transformation des pavés plastiques et emploie sept personnes avec une capacité de production de 80 échantillons par jour. Le prix des pavés varie selon le poids (4 kg à 4.000 Fcfa/m² et 7 kg à 6.500 Fcfa/m²). «Nous transformons toutes sortes de plastiques mélangés avec du sable et d’autres produits pour donner des pavés écologiques.

Par contre, le four traditionnel dont nous disposons actuellement, ne nous permet pas de fondre les emballages plastiques des produits chimiques», déplore-t-il. Ajoutant qu’avec la méconnaissance des pavés plastiques, son marché n’est pas aussi florissant qu’il le souhaite. «Les pavés plastiques sont faciles d’entretien et ont une bonne résistance à l’usure. Ils résolvent le problème de gestion des déchets plastiques et adhèrent bien à la fonction revêtement de chaussées», dit-t-il. Toutefois, son initiative peine à prospérer faute de moyens matériels pour une production à grande échelle.

APPUI DE L’ÉTAT- Askia service emploie des jeunes dans le ramassage des ordures ménagères. L’entreprise est spécialisée dans la transformation en charbon écologique et en compostage. Son promoteur Ibrahim Almou Maïga est le président de l’Association pour la protection et la préservation de l’environnement au Mali (APPE-Mali). Son réseau valorise nos déchets pour les transformer en différents produits dérivés notamment en pavés écologiques, en compostage, en charbon écologique, en biogaz, etc. «Nous sommes dans un pays où nous avons assez de ressources en déchets. L’alternative meilleure et efficace consiste à les valoriser. Pour cela, il faut l’accompagnement de l’État et des bailleurs de fonds», explique Ibrahim Almou Maïga. Il appelle les autorités et les partenaires, notamment les agences onusiennes, à les accompagner, afin de concrétiser les initiatives visant la protection de l’environnement et d’aider notre pays à atteindre ses Objectifs de développement durable (ODD) fixés par les Nations Unies à l’horizon 2030.

L’APPE-Mali compte sur l’appui de l’État pour mettre en place des mécanismes de sensibilisation et de formation de la population pour pouvoir évacuer les déchets plastiques dans un endroit spécifique, afin de bien les gérer pour la valorisation. «Il faut que l’État crée des initiatives pour accompagner les jeunes et les experts pour pouvoir valoriser ces déchets. Aujourd’hui, on est confronté à un problème énergétique. Le déchet est la meilleure ressource pour fournir de l’électricité», croit savoir Ibrahim Almou Maïga. Il prend l’exemple des bidons vides de boisson, des plastiques et d’autres matières combinées qui peuvent être transformés pour donner du Bio carburant, du gasoil ou encore de l’essence.

Les déchets ménagers et le sable sont à la base de la conception des charbons écologiques. Parlant des avantages économiques, le président de l’APPE-Mali fait un calcul comparatif entre le charbon écologique et le charbon ordinaire. «Il n’y a pas à Bamako, une famille qui ne consomme pas un à deux sacs de charbon ordinaire par mois, voire  plus.

Par contre, avec un carton de charbon écologique qui contient au moins 100, 200 unités, cette même famille peut l’utiliser pendant six mois, voire un an et le prix est abordable», explique-t-il. Il ajoutera qu’il est temps de se tourner vers l’industrialisation de nos déchets pour la réduction des émissions des gaz à effet de serre et la protection de la nature. «Il faut un accompagnement technique et financier pour nous permettre d’acheter des outillages modernes pour faire la transformation de façon efficiente et rapide », lance-t-il.

Abondant dans le même sens que notre précédent interlocuteur, Noubouda Djomdjui Sorelle est un ingénieur agro-environnementaliste, basée au Cameroun, soutient que la transformation des déchets plastiques en pavés écologiques joue un rôle dans la lutte contre la pollution et l’assainissement de l’environnement à travers le recyclage des déchets plastiques déversés dans la nature. En plus de leur donner une seconde vie, estime-elle, le recyclage en pavés écologiques contribue à lutter contre 70% des déchets qui inondent nos rues. Cette technologie nécessite d’être vulgarisée davantage dans notre pays.

Makan SISSOKO

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