
Badalabougou, à proximité de la pâtisserie Amandine. Installées à l’ombre d’un arbre, des figurines : cheval, coq, éléphant faites de fer de récupération et autres représentations de petites bêtes comme le crapaud, séduisent passants et visiteurs. Au milieu de ces petits objets inanimés, Abdoulaye Yampa est assis sur une chaise en forme de guitare faite à partir d’amortisseurs et de chaines usagés de motos. Ce quadragénaire est l’artisan de ces «sculptures» métalliques.
Artiste/créateur, ses œuvres séduisent le public depuis 2009. Visiblement émerveillés, les passants les contemplent avant de s’avancer pour les tâter. C’est ainsi tous les jours, lâche, sourire aux coins des lèvres, celui qui dit s’être amouraché de cet art depuis sa tendre enfance.
«Je fabriquais des chaises. L’idée de recycler ces déchets métalliques pour en faire des objets d’art m’est venue à la suite d’une épreuve de la vie», se souvient-il. L’artiste en puissance avait acheté des pièces détachées (trois) pour la réparation de sa moto en panne depuis quelques temps. Le jour où il devait l’amener à l’atelier du mécanicien, l’engin à deux roues a été volé.
Dépité, Abdoulaye Yampa décide d’utiliser ces pièces neuves pour faire des statues en métal. «Auparavant, je fabriquais les petits objets avec les métaux», relate notre homme coiffé de dreadlocks. Cette expérience aidant, l’artisan fabriquera un éléphant à partir des pièces qu’il a achetées pour réparer son engin. Le coup d’essai fut un coup de maître. Le chef-œuvre sera acheté par un hôtel de la place à 350.000 Fcfa (l’équivalent du prix d’une Djakarta neuve à l’époque). Trois autres commandes suivront.
À l’autre bout de Bamako, à Yirimadio, en Commune VI, Adama Bamba et Ousmane Koné mettent en commun leur intelligence pour fabriquer paniers, bassines… en plastique. Cette union débouche sur la création de «Kouraya Company», une entreprise spécialisée dans le recyclage de déchets plastiques. «Kouraya» étant un mot bambara signifiant renouvellement. Rencontrés lundi, peu après la prière de 14 heures, ils portent des bavettes sur le nez pour «éviter d’inhaler» les débris de plastiques que dégagent les machines.
FONDUES À 140°C- Ces machines dédiées au recyclage de déchets plastiques grondent à l’intérieur de l’atelier laissant échapper une légère fumée. Ces plastiques, Adama Bamba les achètent auprès de personnes qui récupèrent les anciens bidons en caoutchouc, les bouteilles de boisson, d’huile alimentaire, de sachets plastiques. Ils sont réutilisés pour fabriquer des paniers, des chaises et autres objets de décorations.
Chaque type de plastique ou de caoutchouc est utilisé en tenant compte des produits à fabriquer, explique Modibo Sidibé, un des cofondateurs. «Nous les découpons et les mettons dans les broyeuses pour obtenir des paillettes de plastiques. Compressées et chauffées, les paillettes sont fondues à 140°C dans une extrudeuse qui confère aux plastiques la forme désirée», précise l’interlocuteur. Il ajoute que le filament ainsi obtenu est moulé afin de créer de multiples objets.
Selon lui, l’aventure a commencé il y a trois ans. «Nous avons fait des tests sur les plastiques parce que nous avons constaté qu’il y a beaucoup de pollution à Bamako», rappelle-t-il. La raison d’être de leur entreprise étant de faire face à cette situation en récupérant les déchets plastiques. Pour y arriver, ils ont mené des recherches sur Google, YouTube, etc. sur les techniques de fabrication de ces différents objets.
«C’était devenu une urgence pour nous à cause de la pollution de l’air et du sol à Bamako», révèle Modibo Sidibé. Ainsi, à défaut de pouvoir importer une broyeuse à cause des restrictions de voyage liées à la Covid-19, ces jeunes entrepreneurs décident de fabriquer sur place, avec l’appui technique d’un soudeur, leur première broyeuse.
Cet investissement a coûté plus d’un million de Fcfa. «Maintenant, nous fabriquons des machines de recyclage, des extrudeuses, des paniers, des chaises, des tables, des luminaires, des pavés écologiques, des portes stylo, des saladiers et des tabourets. Nous avons des machines pour la fabrication de tous ces objets», explique notre interlocuteur, précisant qu’un kilo de plastiques coûte 200 Fcfa.
MÉVENTE- La même quantité de fer usagé vaut également 200 à 250 Fcfa. «Avant, les personnes de bonne volonté me ravitaillaient gratuitement mais cela fait plus de deux ans que ce n’est plus gratuit. Je les achète notamment chez les mécaniciens et auprès des mendiants», révèle-t-il. À la différence des «recycleurs» qui sélectionnent les types de plastiques à transformer, Abdoulaye Yampa utilise toutes sortes de métaux, même usagés, pour fabriquer ses œuvres. Il dessine d’abord ses représentations sur une feuille pour se faire une idée des types de fer à utiliser et voir comment les agencer. Pour ce faire, précise-t-il, «je découpe les fers avec la scie ou autres matériels pour leur donner la forme que je désire».
Ses œuvres peinent, de plus en plus, à trouver des preneurs depuis quelques années, déplore Abdoulaye Yampa. La faute, selon lui, à la rareté des foires expositions et à l’accès au financement. Ses clients sont essentiellement des expatriés notamment des Occidentaux. Il y a aussi les personnes qui s’intéressent à l’environnement et aux problèmes de pollution, les restaurateurs et les hôteliers qui s’intéressent à nos produits. Autant de difficultés qui font que les apprentis sont moins attirés par le travail d’Abdoulaye Yampa. «J’avais un apprenti qui a abandonné. Ce métier est un peu difficile. Il demande beaucoup de courage et de passion», fait-il savoir.
Malgré ces difficultés, les activités de «Kouraya» Company semblent attirer les jeunes. Demba Traoré, étudiant à la Faculté des sciences et techniques (FST), y est stagiaire depuis avril dernier. Il dit faire ce travail par passion. Pendant les vacances, confie Adama Bamba, sa compagnie forme également des jeunes étudiants sur les techniques de recyclage des plastiques. Des vendeurs de plastiques aux recycleurs, estime Adama Bamba, toute la chaine de production et d’approvisionnement se frotte les mains. «Les gens s’y intéressent parce que nous arrivons à écouler ce que nous produisons. C’est rentable», note-t-il. Les produits finis sont vendus entre 1.000 et 7.500 Fcfa, selon les modèles.
Cependant, Abdoulaye Yampa se voit investi d’une mission salvatrice vis-à-vis de l’environnement. «Je recycle ces matériaux pour que ces métaux ne trainent pas dans la nature, car ils peuvent blesser», soutient Abdoulaye Yampa. Mais ce travail a un prix. Il requiert de la concentration et de la prudence. Le risque de se blesser est très élevé. On ne doit pas faire ce métier si l’on se sent fatigué, conseille-t-il.
Fatoumata M. SIDIBÉ
Rédaction Lessor
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