#Mali : Mise en œuvre des recommandations du Dialogue inter-Maliens : Maintenir le dialogue permanent pour construire le consensus

C’est ce que préconise l’enseignant-chercheur à l’Université des sciences juridiques et politiques de Bamako (USJPB). Abdoul Sogodogo juge essentiel de poursuivre à cet effet les concertations entre les différents acteurs

Publié mardi 14 mai 2024 à 06:22
#Mali : Mise en œuvre des recommandations du Dialogue inter-Maliens : Maintenir le dialogue permanent pour construire le consensus

Enfin, le Mali vient de décider d’assumer seul la gestion de la crise politique et sécuritaire qu’il traverse depuis 2012 par l’internalisation des solutions. Les recommandations du Dialogue inter-Maliens (DIM) indiquent désormais les chemins à suivre. Je retiens du Dialogue qu’il est essentiel de poursuivre les concertations entre les différents acteurs. En effet, plusieurs recommandations issues du DIM nécessitent la construction d’un consensus, parfois avec des acteurs spécifiques, pour leur mise en œuvre. Par exemple, la rationalisation des partis politiques, le contrôle de la ligne éditoriale des prêches par les religieux, la dissolution des groupes d’autodéfense, etc.

Nous observons que les recommandations sont nombreuses et touchent différents aspects de la vie nationale. Cela montre la volonté des participants au DIM de traiter toutes les préoccupations des populations maliennes sans tabou : prolongation de la Transition, promotion de la candidature du colonel Assimi Goïta à la prochaine élection présidentielle, négociation avec les groupes armés sécessionnistes, y compris les terroristes djihadistes maliens, etc.

Il est important de souligner que ces recommandations sont diversement appréciées par les populations maliennes et font l’objet de nombreuses critiques de la part de la classe politique. En premier lieu, de nombreux partis politiques n’y ont pas participé, malgré l’esprit d’inclusivité qui a caractérisé le Dialogue inter-Maliens. De plus, les groupes armés terroristes ont également été absents des discussions. Néanmoins, à travers certaines recommandations, on peut percevoir la volonté des participants au Dialogue inter-Maliens de créer un cadre de dialogue avec ces grands absents, ce dont on peut se réjouir.

Les recommandations du Dialogue inter-Maliens suscitent de l’espoir, car leur mise en œuvre, dans une approche participative et inclusive, pourrait conduire à de larges consensus en faveur de la paix et de la cohésion nationale au Mali. Le succès et l’efficacité de la mise en œuvre des recommandations dépendront des politiques publiques qui en découleront. En veillant à ce que ces politiques soient cohérentes, appropriées et favorables, il est possible de maximiser l’impact des recommandations et de favoriser des changements significatifs pour la paix et le développement du pays.

Rappelons que le Dialogue inter-Maliens fait référence aux pourparlers et aux discussions entre Maliens (organisé par les autorités de Transition) dans le but de résoudre les crises politiques et sécuritaires qui affectent le pays depuis 2012. Ces discussions visent principalement à trouver des solutions aux conflits internes, à la gouvernance, à la sécurité et au développement du pays. En tournant dos à l’Accord pour la paix et la réconciliation, issu du processus d’Alger de 2015, les autorités de Transition ont fait le choix d’engager une discussion directe avec les citoyens autour de deux questions essentielles : la paix et la réconciliation.

Cette démarche constitue en soi une rupture avec les approches antérieures de construction de la paix au Mali qui privilégiaient l’intervention d’une tierce partie (acteurs internationaux) appelée «médiateur». Ce médiateur a souvent été l’Algérie, la Libye, le Burkina Faso ou encore la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao). Seuls les gouvernements, les groupes armés (les indépendantistes et les groupes d’autodéfense) et, souvent, quelques organisations de la société civile prenaient part à ces négociations de paix. Les populations affectées par les conflits se trouvaient pratiquement exclues de ces espaces de décision où les accords étaient conclus.  À l’inverse, le Dialogue inter-Maliens est un processus complexe qui implique une variété d’acteurs nationaux issus de la société civile et des partis politiques.

Même si, force est de constater que le retrait annoncé de certains partis politiques du processus suite à la suspension générale de leurs activités par les autorités de Transition a soulevé des interrogations sur l’inclusivité et le caractère participatif du DIM.  Au fond, les populations maliennes espèrent un changement de paradigme dans la fabrication des politiques publiques issues du DIM qui doivent traduire en actions concrètes les recommandations.

Il s’agit de s’assurer d’une forte légitimité des éventuelles politiques et une grande redevabilité des parties prenantes (gouvernants, société civile, opérateurs économiques, etc.). Cela semble une des voies appropriées pour répondre efficacement aux besoins (sécurité, paix, santé, éducation, etc.) des citoyens. Nous constatons que le dialogue s’est tenu sur l’ensemble du territoire national et les différentes thématiques annoncées ont été largement abordées par les participants. On a relevé que certaines recommandations formulées par des participants au dialogue débordaient les Termes de référence (TDR) (candidature aux élections présidentielles…) Cela montre à suffisance la volonté des populations de débattre de la vie de la nation dans son entièreté.

Cependant, les contraintes de délai, de moyens et les enjeux sécuritaires peuvent justifier l’approche «top down» retenue, en ce sens que les thématiques n’ont pas été impulsées par le bas. Nous remarquons également qu’en mettant l’accent sur le citoyen comme acteur principal du dialogue, les autorités s’inscrivent dans une logique de co-construction (citoyen et autorité) des politiques publiques issues du dialogue avec les populations affectées.

Abdoul SOGODOGO, enseignant-chercheur

À l’Université des Sciences Juridiques et
Politiques de Bamako (USJPB)

Rédaction Lessor

Lire aussi : 2è session du Collège des Chefs d’Etat de la Confédération AES : C'est parti pour la réunion des Hauts fonctionnaires

Le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Abdoulaye Diop, a présidé, ce lundi 15 décembre, l'ouverture des travaux des Hauts fonctionnaires de la Confédération AES devant se tenir jusqu'au18 décembre dans notre pays..

Lire aussi : Sécurisation du territoire : Plusieurs terroristes neutralisés par les FAMa

Entre opérations terrestres ciblées et frappes aériennes de précision, les Forces armées maliennes (FAMa) ont mené, du 12 au 14 décembre 2025, une série d’actions offensives contre des groupes armés terroristes dans plusieurs régions du pays. L’état-major général des Armées dresse .

Lire aussi : Kéniéba : célébration du centenaire de l’école de Sitakily

Le lundi 8 décembre, ils sont venus de Djebé, Boureya, Kandiona, Saramakana, Waliya et de tout le Mali pour célébrer le Centenaire de l’École fondamentale de Sitakily..

Lire aussi : Cartographie de la fertilité des sols : Un programme régional de 3 ans lancé

Le Programme régional de cartographie de la fertilité des sols en Afrique de l’Ouest a été officiellement lancé, vendredi dernier, dans notre pays par le conseiller technique au ministère de l’Agriculture, Amadou Cheick Traoré, dans les locaux du laboratoire de technologie alimentaire du .

Lire aussi : Réflexion sur le développement : Le PNUD et les acteurs nationaux se concertent

Le Programme des Nations unie pour le développement (Pnud), en collaboration avec le ministère des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, a organisé, jeudi dernier dans un hôtel de Bamako, un cadre stratégique de réflexion de haut niveau sur le développement. Objectif : S.

Lire aussi : Prix Fondation Orange Mali : Zeina Haïdara, lauréate de la 1ère édition

Pour la 1ère édition du Prix de la Fondation Orange, le trophée a été décerné à l’écrivaine Zeina Haïdara pour son livre intitulé : «Le silence des papillons». Ce prix d’une valeur de 3 millions de Fcfa a été initié par la Fondation Orange Mali pour encourager et accompagner les .

Les articles de l'auteur

Prix Fondation Orange Mali : Zeina Haïdara, lauréate de la 1ère édition

Pour la 1ère édition du Prix de la Fondation Orange, le trophée a été décerné à l’écrivaine Zeina Haïdara pour son livre intitulé : «Le silence des papillons». Ce prix d’une valeur de 3 millions de Fcfa a été initié par la Fondation Orange Mali pour encourager et accompagner les jeunes talents de la littérature, et surtout contribuer globalement à la promotion de la culture..

Par Rédaction Lessor


Publié lundi 15 décembre 2025 à 09:38

Communiqué du conseil des ministres

Le Conseil des Ministres s’est réuni en session ordinaire, le vendredi 12 décembre 2025, dans sa salle de délibérations au Palais de Koulouba, sous la présidence du Général d’Armée Assimi GOITA, Président de la Transition, Chef de l’Etat..

Par Rédaction Lessor


Publié lundi 15 décembre 2025 à 08:48

2è session du Collège des Chefs d’État de la Confédération AES : Des préparatifs rassurants

En équipe pluridisciplinaire, la commission nationale d’organisation de la 2è session du Collège des Chefs d’État de la Confédération AES était sur le terrain ce samedi matin pour faire le point sur l’avancement des préparatifs..

Par Rédaction Lessor


Publié samedi 13 décembre 2025 à 21:27

Message de félicitations du ministre de la Communication, de l’Économie numérique et de la Modernisation de l’Administration aux acteurs de la presse

«Je voudrais ici adresser mes remerciements et mes sincères félicitations à l’ensemble de la famille des communicants du Mali. Que ce soit les journalistes de la télévision, de la radio, de la presse écrite, de la presse privée, de la presse publique, je vous remercie et vous félicite tous pour vos efforts de lutte contre le discrédit qui a été tenté contre notre pays..

Par Rédaction Lessor


Publié vendredi 12 décembre 2025 à 08:35

Causerie-débat : Le bumda sensibilise ses membres sur le droit d’auteur

Le Bureau malien du droit d’auteur (Bumda) a tenu, mardi dernier, au Palais de la culture Amadou Hampaté Ba, une causerie-débat pour sensibiliser et former ses membres, ainsi que l’ensemble des créateurs artistiques sur des activités en lien avec la gestion du droit d’auteur..

Par Rédaction Lessor


Publié jeudi 11 décembre 2025 à 09:35

Génève : Le ministre Mossa Ag Attaher porte la vision stratégique du Mali sur les dynamiques migratoires en Afrique

Le ministre des Maliens établis à l’Extérieur et de l’Intégration africaine, Mossa Ag Attaher, a pris part le samedi 6 décembre 2025 à la table ronde ministérielle organisée par l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) à Genève en Suisse..

Par Rédaction Lessor


Publié jeudi 11 décembre 2025 à 09:24

Ouélessébougou : Des céréales distribuées aux familles vulnérables

La mairie de la Commune de Ouélessébougou a procédé, mardi dernier, à la distribution de 14 tonnes de céréales aux familles en situation difficile et aux déplacés qui ont trouvé gîte et couvert dans la circonscription. Cette action humanitaire a été rendue possible, grâce au soutien opérationnel du Commissariat à la sécurité alimentaire..

Par Rédaction Lessor


Publié jeudi 11 décembre 2025 à 09:16

L’espace des contributions est réservé aux abonnés.
Abonnez-vous pour accéder à cet espace d’échange et contribuer à la discussion.
S’abonner