#Mali : Cité d’accueil et d’information des Maliens de l’extérieur : Plus de 34.200 migrants de retour assistés

Les principaux pays de provenance de ces personnes sont l’Algérie, la Lybie, le Niger, le Tchad et quelques pays européens. Globalement, nos compatriotes de retour au bercail souhaitent y rester définitivement. Pour cela, ils sollicitent un accompagnement des autorités

Publié lundi 10 juin 2024 à 16:10
#Mali : Cité d’accueil et d’information des Maliens de l’extérieur : Plus de 34.200 migrants de retour assistés

Le centre comprend un bloc pour l’hébergement comportant 35 chambres avec 278 lits installés et des toilettes

 

«Je suis revenu de la Mauritanie parce que j’ai eu beaucoup de difficultés dans ce pays. Nous étions victimes de maltraitance sur les lieux de travail. C’est ainsi que nous avons demandé à l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) de nous ramener au Mali». Adama Djiré qui s’exprime en ces  termes, est un migrant de retour en séjour à la Cité d’accueil et d’information des Maliens de l’extérieur, sise à la cité Unicef de Niamakoro en Commune VI du District de Bamako. Tailleur de son état, ce migrant de retour au bercail veut désormais rester sur sa terre natale pour aider sa famille et le pays.

Il dit avoir besoin d’un coup de pouce pour acquérir du matériel de couture et abandonner définitivement l’idée de migrer vers d’autres cieux pour se réaliser. Adama Djiré appelle nos compatriotes établis à l’extérieur à regagner le bercail pour apporter leurs pierres à l’édifice national. Il lance le même appel à ceux qui sont tentés de traverser la Méditerranée à la recherche de l’eldorado. Comme lui, nombre des migrants de retour vivent à la Cité d’accueil et d’information des Maliens de l’extérieur. Ce jeudi 6 juin, il est environ 11 heures. Le soleil est déjà brûlant. Dans la cour de la Cité, nos compatriotes de retour, regroupés sous les arbres et devant l’entrée de l’hébergement, devisent. Au même moment, d’autres sont toujours dans les bras de Morphée.

Dans la cuisine, on s’occupe à préparer le déjeuner des pensionnaires de la Cité. Fatoumata Coulibaly en fait partie. La bonne dame est aussi revenue de la Mauritanie où elle avait suivi son époux parti dans ce pays voisin à la recherche d’un mieux être. Un espoir qui sera vite brisé en raison des difficultés vécues par le couple. «Certains de nos compatriotes y travaillent sans percevoir leurs salaires», raconte Fatoumata Coulibaly, avec une pointe d’amertume.

Celle dont le mari et ses deux enfants sont restés en Mauritanie, garde encore à l’esprit les difficultés que vivent les jeunes migrants dans ce pays. Certains n’hésitent pas à braver tous les dangers et à tenter de rallier l’Espagne par la mer. «Malheureusement, les passeurs leur prennent de l’argent et leur indiquent des chemins qui tournent souvent au drame», regrette notre interlocutrice. Avant de demander aux autorités de créer des opportunités d’emploi pour les jeunes afin de les retenir au pays. Aujourd’hui, Fatoumata Coulibaly espère voir ses enfants aussi rapatriés pour continuer leurs études au Mali.

 

278 LITS- Boubacar Ousmane Bocoum est rentré d’Algérie. Ce vieil homme a fui avec sa famille la violence à Aguelhok dans la Région de Kidal. Il a regagné l’Algérie après l’éclatement de la rébellion en 2012 pour tenter de trouver gîte et couvert. Malheureusement pour lui, l’expérience tourne au vinaigre. Il rencontrera d’énormes difficultés. «On nous arrachait les téléphones dans les rues. Pis, on ne pouvait pas dormir tranquillement dans nos maisons à cause des bandits. C’est ainsi qu’on a décidé de retourner au pays», confie Boubacar Bocoum. Cet autre interlocuteur qui est revenu avec toute sa famille veut regagner son terroir, où l’Armée malienne est désormais présente. Il formule des bénédictions pour les autorités du pays.

Comme lui, les pensionnaires de la Cité d’accueil et d’information des Maliens de l’extérieur se réjouissent de leurs conditions de séjour. «Nous n’avons pas eu de problèmes depuis que nous sommes venus ici», s’exprime l’un d’eux. Yaya Koné est l’administrateur de la Cité d’accueil et d’information des Maliens de l’extérieur. D’après lui, sa structure qui a été créée en 2018, est née de la volonté du gouvernement d’améliorer les conditions d’accueil et de séjour des Maliens de retour. Le responsable de la Cité explique qu’il y a le retour volontaire, celui forcé, mais aussi des rapatriements. «Avant l’existence de la Cité, toute cette vague était gérée au niveau de la cour de la protection civile.

Ce qui rendait un peu difficile le travail, car la première destination de cette cour n’était pas la migration. À cet effet, le gouvernement a mis à la disposition du ministère des Maliens de l’Extérieur à l’époque cet espace», explique Yaya Koné. La Cité d’accueil et d’information des Maliens de l’extérieur est composée d’un bloc administratif comportant une salle d’accueil, une salle pour l’infirmerie, trois bureaux et une cantine. Mais aussi d’un bloc pour l’hébergement comportant 35 chambres avec 278 lits installés et des toilettes. D’après lui, son service est chargé d’héberger, durant trois jours, les Maliens de retour forcé, volontaire ou en situation de détresse, mais aussi ceux établis à l’extérieur, en séjour au Mali, pour une durée ne pouvant excéder sept jours.

D’autres missions de la structure consistent à apporter les premières assistances psycho-sociales et sanitaires aux rapatriés et expulsés se trouvant dans une situation de détresse, d’assurer l’information, l’orientation et la sensibilisation de ses pensionnaires pendant leur séjour ainsi que leur restauration. Il s’agit également d’assurer leur enregistrement et la mise à disposition des données à la Délégation générale des Maliens de l’extérieur, indique l’administrateur de la Cité.

 

NOMBRE RECORD- Du 5 juillet 2018 au jeudi dernier, le service a accueilli et assisté 34.226 personnes dont 29.792 hommes, 1.627 femmes et 2.807 enfants, selon ses responsables. Yaya Koné dira que principalement, les pays de provenance de nos compatriotes de retour sont d’abord l’Algérie, la Lybie, le Niger, le Tchad et quelques pays européens.

Pourquoi, l’Algérie vient en tête ? En réponse, notre interlocuteur signale que cette situation s’explique par le fait qu’il n’y a pas de visa entre ce pays et le nôtre. Ainsi, certains de nos compatriotes profitent de cette situation pour tenter d’aller chez notre grand voisin. Cependant, d’après lui, ces derniers temps, l’Algérie a vu qu’il y a beaucoup de flux de «migrants noirs» qui traversent son territoire. Du coup, les autorités du pays ont resserré les dispositifs pour bloquer les migrants de passage, ce qui explique les refoulements, ces dernières années, détaille l’administrateur de la Cité d’accueil et d’information.

Selon lui, «même si nos compatriotes ont les documents en bonne et due forme, ce pays les regroupe, au lieu de les rapatrier sur le Mali, les expulse au Niger». «C’est sur le territoire nigérien que nos partenaires de l’OIM les regroupe et prépare, en concertation avec le ministère en charge des Maliens établis à l’Extérieur, leurs retours au pays. C’est ce qu’on appelle le retour volontaire», soutient Yaya Koné.

Il précise aussi que généralement, le retour de nos compatriotes n’est pas volontaire en provenance de ce pays. «Mais le volontariat est né à partir du Niger puisqu’ils étaient en situation irrégulière en Algérie qui les a refoulé en masse sur le territoire nigérien. Donc, la volonté maintenant de retourner au Mali se crée. C’est ainsi que l’OIM vient à leurs secours», ajoute-t-il.

Pour lui, la lutte contre la migration irrégulière est difficile. Cependant, souligne-t-il, le cheval de bataille contre cette forme reste la sensibilisation par rapport aux risques qu’elle crée aujourd’hui. «Il faut retravailler sur les mentalités pour que les gens aient confiance en eux-mêmes et leur pays. Il s’agit également de créer des opportunités d’emploi pour la jeunesse. Parce que la majorité de ces gens sont des jeunes», conseille Yaya Koné. Aujourd’hui, tous les localités du Mali sont des zones de départ, il n’y a plus de «région spécifique», signale-t-il. «Il s’agit en ce moment de voir comment on peut impliquer les communautés de base à la création d’emplois pour pouvoir maintenir les jeunes», déclare l’administrateur. D’après lui, aucun pays n’est ouvert, aujourd’hui, à accueillir plus d’un certain nombre de migrants.  

Selon lui, le ministère en charge des Maliens établis à l’Extérieur a un programme d’insertion des migrants qui vise à financer leurs projets et ceux des candidats potentiels à la migration. «Le ministère cherche des partenaires pour financer les projets au profit de ces gens. Mais le principal bailleur est toujours l’État à travers  le budget d’investissement spécial», explique notre interlocuteur sans donner de précisions sur le montant. Il convient de rappeler que l’OIM a classé le Mali comme le premier pays qui assiste le plus ses ressortissants en situation de détresse à travers le monde. Il y a quelques mois, seulement, notre pays a accueilli 254 compatriotes de retour, un nombre record en une seule vague.

Ce jeudi 6 juin, à notre passage à la Cité, 122 migrants en provenance de la Mauritanie s’apprêtaient à quitter les lieux. Pour ce faire, chacun a reçu 52.000 Fcfa de la part de l’OIM comme frais de transport. Ceux qui ont une famille ont bénéficié également de kits composés de matelas, cartons de savon, tables à manger, mais aussi des chaises et autres produits.

Bembablin DOUMBIA

Lire aussi : Titre Forum de l’investissement en Afrique : La 1ère édition aura lieu du 2 au 4 décembre 2025 à Bamako

Pour renforcer le commerce et les investissements entre les états membres de l’Organisation de la coopération islamique (OCI), le Centre islamique pour le développement du commerce (CIDC), en partenariat avec le ministère de l’Industrie et du Commerce, organisera du 2 au 4 décembre 2025 dan.

Lire aussi : Guerre informationnelle : L’ autre front de la lutte contre le terrorisme

Alors que les attaques terroristes sont de plus en plus orientées vers le Sud du pays et que les réseaux sociaux deviennent un champ de bataille pour la propagande, experts, usagers de la route et citoyens appellent à une riposte coordonnée des autorités. Entre désinformation et résilience, l.

Lire aussi : Salon de la rentrée universitaire : Un espace d’orientation pour bâtir l’avenir des étudiants

Face aux défis croissants liés à l’orientation des bacheliers et jeunes diplômés, le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique (MESRS) entend jouer son rôle dans l’accompagnement des futurs étudiants. C’est tout le sens du Salon de la rentrée universitai.

Lire aussi : Université d’été des volontaires de l’AES : L’engagement pour une reconstruction réelle

Le ministre de la Jeunesse et des Sports, chargé de l’Instruction civique et de la Construction citoyenne, Abdoul Kassim Ibrahim Fomba, a lancé, jeudi dernier au Centre d’entrainement pour sportifs d’élite de Kabala (Cesek), la 2è édition de l’université d’été des volontaires de l.

Lire aussi : Diaspora malienne : L’appel pour la paix et la cohésion entendu

Une délégation du Haut conseil des Maliens de l’extérieur (HCME) et du Conseil supérieur de la diaspora malienne (CSDM) a été reçue en audience, mercredi dernier, par le ministre des Maliens établis à l’extérieur et de l’Intégration africaine, Mossa Ag Attaher..

Lire aussi : Vision Mali Kura 2063 : Le document présenté aux partenaires techniques et financiers

Assurer l’indépendance économique, renforcer la souveraineté et bâtir un avenir durable pour les générations futures : telle est l’ambition portée par la vision «Mali Kura Ɲɛtaasira ka bɛn san 2063 ma »..

Les articles de l'auteur

Salon international de la défense et de la sécurité : Bamako abritera la 1ère édition en novembre prochain

La capitale malienne s’apprête à abriter, du 11 au 14 novembre prochain, la 1ère édition du Salon international de la défense et de la sécurité dénommé Bamako expo 2025 (Bamex’25)..

Par Bembablin DOUMBIA


Publié lundi 15 septembre 2025 à 08:01

Salon international de la défense et de la sécurité : Bamako abrite la 1ère édition en novembre prochain

La capitale malienne s'apprête à abriter, du 11 au 14 novembre prochain, la 1ère édition du Salon international de la défense et de la sécurité denommé Bamako expo 2025 ( Bamex'25 )..

Par Bembablin DOUMBIA


Publié vendredi 12 septembre 2025 à 13:34

Sécurisation du territoire : les FAMa neutralisent plusieurs chefs terroristes

La traque des groupes armés terroristes par les Forces armées maliennes ( FAMa ) continue avec des résultats probants..

Par Bembablin DOUMBIA


Publié jeudi 11 septembre 2025 à 14:57

Koulouba : Le Chef de l’État reçoit deux policiers, ex-otages des groupes terroristes

Kidnappés par des hommes armés le 6 août dernier au niveau de Bambara-Maoudé sur l'axe Tombouctou-Douentza, le Sergent-chef de police Abdrhamane Dembélé et le Sergent de police Boubacar Dabo sont revenus parmi les leurs, sains et saufs, le lundi 8 septembre 2025.

Par Bembablin DOUMBIA


Publié mercredi 10 septembre 2025 à 13:07

Dr Ahmadou Touré : «La stratégie des groupes terroristes dans notre pays vise à créer une situation de panique»

Dans les lignes qui suivent, l’enseignant-chercheur à la Faculté des sciences administratives et politiques de l’Université Kurukanfuga de Bamako (UKB), se prononce sur l’évolution de la situation sécuritaire dans notre pays ces derniers jours.

Par Bembablin DOUMBIA


Publié mardi 09 septembre 2025 à 08:10

Garde à vue et mandat de dépôt : Deux mesures judiciaires concourant à la manifestation de la vérité

Dans une interview, Pr Mamadou Guissé, enseignant-chercheur à la Faculté de droit privé de l’Université Kurukanfuga de Bamako (UKB), explique les raisons de la garde à vue et du mandat de dépôt, deux mesures judiciaires qu’on entend maintenant en longueur de journée. Si la première peut être ordonnée par un officier de police judiciaire, par contre la deuxième est décidée par un juge d’instruction pendant l’instruction du dossier.

Par Bembablin DOUMBIA


Publié mardi 02 septembre 2025 à 07:18

Mme Sanogo Aminata Mallé, Médiateur de la République : «La récurrence des litiges fonciers mérite l’attention des gouvernants»

Tout en appelant à sanctionner les fautifs, elle juge nécessaire le respect strict des textes relatifs au foncier par les services techniques des domaines et du cadastre, la vérification de la disponibilité ou l’effectivité des terres avant toute opération d’attribution, le respect des procédures dans le cadre des expropriations.

Par Bembablin DOUMBIA


Publié lundi 01 septembre 2025 à 08:33

L’espace des contributions est réservé aux abonnés.
Abonnez-vous pour accéder à cet espace d’échange et contribuer à la discussion.
S’abonner