Éducation des enfants : Cette triste réalité

Occupés par leur activités professionnelles, certains parents confient l’éducation de leurs enfants aux aides ménagères sans aucune expérience. Une pratique qui n’est pas sans conséquences sur l’avenir des mômes

Publié lundi 15 mai 2023 à 09:23
Éducation des enfants : Cette triste réalité

Les aides ménagères suppléent les parents biologiques ou les tuteurs dans l’éducation des enfants

 

Laisser-aller ! C’est le qualificatif qui sied comme un gant à la problématique de l’éducation des enfants dans notre pays. Cette triste réalité préoccupe de plus en plus et personne ne peut estimer aujourd’hui la proportion dramatique du phénomène. Tout le monde s’accorde sur le constat, mais sans interroger les raisons profondes de cette situation. La présence des parents auprès des enfants pour leur inculquer les valeurs de la société est un élément fondamental dans l’éducation. Plus les parents sont absents, plus les mômes ont de forte chance de rater l’essentiel et de basculer très tôt souvent dans un univers malsain comme celui de la délinquance, voire de la  drogue.

 C’est un problème délicat qui interpelle la conscience collective et chaque parent doit s’impliquer dans l’éducation de ses enfants au lieu de laisser d’autres personnes qui ne devraient même pas être fréquemment en contact avec les enfants s’en occuper et pour quel résultat. Des parents semblent avoir confié l’éduction des enfants aux aides ménagères. Celles-ci sont devenues des factotums dans nos ménages ou familles.

Certains parents prétextent des contraintes d’emploi du temps pour justifier leur absence quasi permanente auprès des enfants. Ceux-ci sont souvent placés sous la responsabilité des bonnes à tout faire qui accompagnent parfois les enfants à l’école, reviennent les chercher et passer plus de temps à la maison avec eux en attendant le retour des parents. En d’autres termes, les aides ménagères qu’on appelle péjorativement «Les 52» suppléent les parents biologiques ou les tuteurs dans l’éducation des enfants. Malheureusement dans bien de cas, les enfants ne reçoivent pas une bonne éducation avec les aides ménagères.

 

Surveillance accrue Analyses croisées de parents et sociologues. Mme Diarra Aïcha Sidibé travaille dans un service de l’administration publique. Du fait de son emploi du temps chargé, elle a embauché en 2021 des aides ménagères pour s’occuper de sa cuisine et de ses trois jeunes enfants. Elle a été amenée à s’interroger sur la baisse des performances scolaires de sa progéniture. Elle aurait eu l’information que la bonne qui s’occupe de leur garde ne ratait pas une seule occasion de vadrouiller avec eux après les cours. La mère de famille estime que les aides ménagères maltraitent aussi les enfants en l’absence des parents. Elle explique que ceci pousse certains parents qui ont les moyens à installer un système de vidéo surveillance pour garder un œil sur les enfants, mais aussi dissuader les aides ménagères à les violenter.


Les enfants très souvent se retrouvent avec des bonnes sans expérience et qui ne peuvent pas apporter grand-chose à leur éducation. Bréma ély Dicko, sociologue, partage cet avis. Il reconnaît aussi que la délégation de pouvoir des parents aux aides ménagères dans l’éducation des enfants est un vrai casse-tête. Pour le sociologue, les enfants qui vivent dans de pareilles situations peuvent nouer au hasard des rencontres des relations malsaines. D’autres basculent carrément dans l’univers de la drogue du fait de la mauvaise fréquentation.

À en croire le sociologue, les parents ont démissionné parce qu’ils sont moins présents dans la vie de leur progéniture. Ils ne leur communiquent plus les valeurs cardinales de notre société. Il propose de recourir à l’aide des grands-parents. «Dans les familles élargies, tout le monde a le devoir de veiller sur l’enfant. Aujourd’hui, nous sommes dans des familles nucléaires où les parents ne sont presque jamais présents», souligne l’universitaire.

Le président de l’Association «Touramankan chi» et ancien ministre du Développement rural, Seydou Idrissa Traoré, préfère dire les choses sans langue de bois. Il relève simplement que depuis que les mères commencent à travailler, l’éducation des enfants est confiée de fait aux bonnes. «Les maisons sont confiées à des bonnes qui n’ont pas beaucoup d’expérience. Le plus souvent, elles viennent de leurs villages et se voient confier la responsabilité des enfants». Certaines aides ménagères disjonctent et se mettent à maltraiter les enfants. C’est pourquoi, on enregistre de nombreux incidents. à ce propos, l’ancien ministre raconte une anecdote sur le décès d’un bébé par la faute d’une bonne qui avait à charge sa garde.  Sa patronne lui aurait dit de laver le nourrisson et de le mettre dans son berceau. Par ignorance, elle le confondit avec le congélateur et y déposa le nourrisson, commettant ainsi l’irréparable.

Au-delà, l’individualisme est en train de prendre le pas sur la vie communautaire. Cette situation n’arrange pas les choses. Dans les familles nucléaires, on est très souvent contraint de recourir au personnel domestique. Le président de l’Association «Touramakan chi» déplore l’absence des parents à des moments importants dans la vie de l’enfant. Cette situation est préjudiciable pour eux. Certains parents de retour du travail s’intéressent à tout sauf à l’éducation de leurs enfants. Ils sont absorbés par la télévision et les réseaux sociaux. Le directeur de l’école «Cour moderne bilingue Amadou Sow» explique que le phénomène empêche les parents de suivre les activités scolaires de leurs enfants.


Djédani Yoroba parle de la situation avec une dose d’amertume. Pour lui, les femmes qui ne travaillent pas auraient dû être présentes dans l’éducation des enfants. Malheureusement, elles  aussi développent une addiction à la télévision et au téléphone portable. Le pédagogue explique la nécessité de revoir la copie et de retourner à la notion de grande famille pour mettre à contribution oncles, tantes, cousins et autres parents dans l’éducation des enfants. Il invite tous à reconstituer le noyau familial, sans lequel il n’y a pas de société encore moins de valeurs.


Sinè TRAORE

Lire aussi : #Mali : Eaux et forêts : Des agents reçoivent la médaille d’honneur

Le ministre de l’Environnement, de l’Assainissement et de Développement durable, Mamadou Samaké, a procédé, jeudi dernier à la Cellule de gestion du système d’information forestier (CG-Sifor), à la décoration de 25 agents des eaux et forêts. 31 autres agents, admis à faire valoir leu.

Lire aussi : #Mali : Journées scientifiques de l’EHESP à Siby : Une intéressante expérience

L’école privée des hautes études en santé publique du Mali (EHESP-Mali) a organisé, samedi et dimanche derniers à Siby, la 17è édition de ses Journées scientifiques sous le thème : «Sciences en action». L’objectif visé était de partager les expériences sur les questions de santé.

Lire aussi : #Mali : Dialogue inter-Maliens et retrait de la Cedeao : La réflexion des universitaires

«Le Dialogue inter-Maliens : regards croisés» et «Retrait de l’Alliance des États du Sahel (AES) de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) : enjeux, défis et perspectives» étaient les thèmes d’un forum universitaire organisé, hier au bloc pédagogiqu.

Lire aussi : #Mali : Techniciens de surface dans les établissements de santé : plaidoyer pro domo

L’Association des techniciens de surface, du secteur de la santé au Mali (Ates-SSM), en collaboration avec la commission santé du Conseil national de la Transition (CNT), a organisé une journée d’échanges sur la précarité de la vie, mais aussi en vue d’exprimer leur total soutien aux au.

Lire aussi : #Mali : Journée internationale des femmes et des filles de science : Leur participation accrue dans les domaines scientifiques est essentiel pour le développement de notre pays

Comment réduire l’écart entre les genres dans la science ? C’est l’un des soucis de l’Organisation des Nations unies. C’est pourquoi, le 22 décembre 2015, lors de son assemblée générale a adoptée la résolution A/RES/70/212 par laquelle elle a décidé de proclamer le 11 février de.

Lire aussi : #Mali : Commune I : Les autorités municipales et coutumières magnifient le travail du mouvement An Biko

Les élus et les chefs de quartier de la Commune I du District de Bamako, ont procédé lundi dernier, à une remise d’attestation de reconnaissance, de tableau d’honneur et d’un prix symbolique à Mme Fatoumata Niane Batouly, présidente du mouvement politique et citoyen «An-Biko»..

Les articles de l'auteur

#Mali : Eaux et forêts : Des agents reçoivent la médaille d’honneur

Le ministre de l’Environnement, de l’Assainissement et de Développement durable, Mamadou Samaké, a procédé, jeudi dernier à la Cellule de gestion du système d’information forestier (CG-Sifor), à la décoration de 25 agents des eaux et forêts. 31 autres agents, admis à faire valoir leurs droits à la retraite, ont reçu des cadeaux..

Par Sinè TRAORE


Publié mercredi 27 mars 2024 à 07:42

#Mali : Journées scientifiques de l’EHESP à Siby : Une intéressante expérience

L’école privée des hautes études en santé publique du Mali (EHESP-Mali) a organisé, samedi et dimanche derniers à Siby, la 17è édition de ses Journées scientifiques sous le thème : «Sciences en action». L’objectif visé était de partager les expériences sur les questions de santé et de développement au Sahel..

Par Sinè TRAORE


Publié lundi 04 mars 2024 à 07:47

#Mali : Dialogue inter-Maliens et retrait de la Cedeao : La réflexion des universitaires

«Le Dialogue inter-Maliens : regards croisés» et «Retrait de l’Alliance des États du Sahel (AES) de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) : enjeux, défis et perspectives» étaient les thèmes d’un forum universitaire organisé, hier au bloc pédagogique de la Faculté des sciences administratives et politiques (FSAP),.

Par Sinè TRAORE


Publié vendredi 01 mars 2024 à 08:35

#Mali : Techniciens de surface dans les établissements de santé : plaidoyer pro domo

L’Association des techniciens de surface, du secteur de la santé au Mali (Ates-SSM), en collaboration avec la commission santé du Conseil national de la Transition (CNT), a organisé une journée d’échanges sur la précarité de la vie, mais aussi en vue d’exprimer leur total soutien aux autorités de la Transition pour la décision historique et courageuse de se retirer de la Cedeao..

Par Sinè TRAORE


Publié jeudi 22 février 2024 à 09:15

#Mali : Journée internationale des femmes et des filles de science : Leur participation accrue dans les domaines scientifiques est essentiel pour le développement de notre pays

Comment réduire l’écart entre les genres dans la science ? C’est l’un des soucis de l’Organisation des Nations unies. C’est pourquoi, le 22 décembre 2015, lors de son assemblée générale a adoptée la résolution A/RES/70/212 par laquelle elle a décidé de proclamer le 11 février de chaque année comme Journée internationale des femmes et des filles de science..

Par Sinè TRAORE


Publié mardi 13 février 2024 à 07:44

#Mali : Commune I : Les autorités municipales et coutumières magnifient le travail du mouvement An Biko

Les élus et les chefs de quartier de la Commune I du District de Bamako, ont procédé lundi dernier, à une remise d’attestation de reconnaissance, de tableau d’honneur et d’un prix symbolique à Mme Fatoumata Niane Batouly, présidente du mouvement politique et citoyen «An-Biko»..

Par Sinè TRAORE


Publié vendredi 09 février 2024 à 07:50

#Mali : Retrait de l’AES de la Cedeao : Soutien massif des Femmes aux autorités de la Transition

Après le retrait du Mali, du Burkina Faso et du Niger de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), plusieurs associations et groupements des femmes de Bamako sont massivement sorties, vendredi dernier, au Monument de la paix, pour exprimer leur soutien sans faille aux autorités de la Transition pour cette décision historique..

Par Sinè TRAORE


Publié mardi 06 février 2024 à 08:40

L’espace des contributions est réservé aux abonnés.
Abonnez-vous pour accéder à cet espace d’échange et contribuer à la discussion.
S’abonner