
Malgré des conditions peu
enviables, les cinéastes maliens continuent de se faire distinguer. Au début de
ce mois, notre compatriote, Fousseyni Maïga, non moins directeur général du
Centre national de la cinématographie du Mali (CNCM) et sociétaire de l’agence «Arc-en-ciel»
a remporté trois prix lors du Festival «Les Films de la Terranga» à Dakar.
D’abord, c’est le long-métrage Sira ou la route
qui a remporté le 3è prix du meilleur long métrage. Le film raconte le cas
d’une fille prenommée Sira de 17 ans et qui vit dans un petit village enclavé.
Rebelle, indépendante et très coquette, elle fait l’objet de nombreuses
convoitises et ne se voit pas passer sa vie dans le village. Elle rêve de
retrouver la ville pour s’offrir une vie meilleure. Pendant que le père de
Sira, Zan Coulibaly, vient d’accepter la demande en mariage de Doukouré, le
plus riche commerçant du village, Namory débarque au village après plusieurs
années passées sur un site d’orpaillage.
En second lieu, c’est le
court métrage Wolonwula qui obtient le prix spécial du jury. Dans ce film,
Fousseyni conte l’histoire d’Hadéja, une dame de 28 ans, qui a contracté une
grossesse à 21 ans. Pendant des années, elle a consulté en vain plusieurs
marabouts et sorciers. Excommuniée par sa famille et rejetée dans son village,
elle se réfugie dans la ville sainte de Djenné où, elle est accueillie
bienveillamment par un septuagénaire érudit.
Celui-ci a reçu la révélation que
l’enfant qu’elle porte est un astre dont la naissance ne sera pas chose aisée.
Des esprits malsains ont juré qu’elle n’accouchera pas de cet enfant qui est vu
comme une future menace à leurs manœuvres et basses actions. Après la sixième
tentative d’accouchement de Hadeja, les recherches dans les manuscrits
permettent d’établir que le terme de sa grossesse ne viendra qu’après avoir élucidé
7 énigmes. Et chacun d’entre eux représente un rituel sacré.
Enfin, la série Fanga ou le
pouvoir remporte le prix de l’authenticité africaine. Fanta vient d’obtenir son
master en journalisme et prépare ses fiançailles. Elle se rend au marché pour
les derniers achats et assiste à l’assassinat d’un journaliste d’investigation
dont le pseudonyme est «le perroquet». Ce dernier, quelques secondes avant sa
mort, lui glisse à son insu un calepin qui contient des informations
compromettantes contre le colonel Diamoutene, un puissant militaire contrôlant
une unité sécrète appelée Arou. Pour se protéger, l’officier supérieur decide
par tous les moyens de liquider Fanta. Il trouvera sur son chemin Mariam, mère
de Fanta et puissante opératrice économique et le capitaine Maï, un officier
ayant quitté l’armée et dont le mari a été assassiné par le même colonel
Diamoutene avec la complicité du président.
Dans sa mission contre
l’impunité et pour le démantèlement de l’unité Arou, le capitaine Maï doit
faire face à la fureur de Diamoutene, prêt à tout pour protéger ses intérêts,
ainsi qu’à la foudre du président en quête d’un troisième mandat et obstiné à
faire taire toutes contestations sociales et politiques.
Dans ce jeu d’intérêt, guidé
par la quête du pouvoir pour certains et la soif de justice sociale pour
d’autres, se confrontent plusieurs générations, positions et corporations. Le
tout sur fond de querelles politiques dans un climat d’insécurité généralisée
et dans une fièvre électorale aux allures fratricides. Avec plus de 20 prix et
distinctions raflés en moins d’une année, le réalisateur Fousseyni Maïga
s’inscrit dans le sillage des plus brillants cinéastes du Mali et se positionne
à travers ses œuvres dans le classement des plus grands ambassadeurs de la
culture malienne dans le monde.
Au regard du rythme accru de
ses productions, Fousseyni Maïga reste incontestablement, le réalisateur malien
le plus actif des cinq dernières années. Avec une vingtaine d’œuvres réalisées
depuis 2016, il nourrit l’ambition de proposer une nouvelle offre cinématographique
au Mali, orientée vers les réalités locales et résolument tournée vers le
public.
Il débute sa carrière
professionnelle en 2006 en tant que journaliste et écrivain. à partir de 2012,
après l’obtention de son Master II en communication et de son diplôme d’études
approfondies (DEA) en droit des affaires, il lance son agence agréée en
communication et enchaîne avec les fonctions de conseiller à la communication
qui le conduiront successivement à la Primature et dans deux autres départements
ministériels. Il effectuera aussi des consultations pour plusieurs
organisations internationales.
À partir de 2018, il décide de se consacrer entièrement à la réalisation cinématographique et audiovisuelle. En tant que réalisateur, son rêve est de contribuer à l’émergence d’une véritable industrie cinématographique au Mali et en Afrique. Les quatre dernières années, il a suivi plusieurs formations en scénarisation et réalisation.
Youssouf DOUMBIA
Les manuscrits anciens représentent une source de savoirs et de savoir-faire incontestable. L’homme qui se dédie à leur protection et sauvegarde a recueilli quelques uns de ces précieux documents auprès de 402 familles dans différentes localités.
Au total, ils sont 11 jeunes artistes musiciens et interprètes à bénéficier de cette résidence de création. Il s’agit de Seyba Diabaté (kora), Joël Daou (guitare), Harouna Dembélé (batterie), Lamine Diabaté (piano) et Pascal Koné (guitare basse) et des artistes résidents comme Tatisch.
Durant sa longue carrière à l’ORTM, il a innové dans l’animation et utilisé une bonne dose d’humour pour mieux accrocher les auditeurs et les téléspectateurs.
Dans cette interview, le ministre Daffé salue la décision du Chef de l’État de faire de 2025 l’Année de la culture. Il aborde le Projet Mali Culture 25 mais aussi le rôle et importance de la femme dans la création artistique, l’innovation, la préservation et la transmission du patrimoin.
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Les professionnels du cinéma veulent prendre, toute proportion de modestie gardée, la place qui leur revient dans l’animation de l’année de la culture.