Perspectives sahéliennes : Les agropoles de la souveraineté alimentaire

De la deuxième session ordinaire de l’Assemblée de l’Union africaine à Maputo (Mozambique), en juillet 2003, l’on retient l’engagement des États membres à consacrer annuellement 10 % des dépenses publiques à l’agriculture. Vingt-deux ans plus tard, seuls quelques pays, comme le Mali, ont franchi le pas. La Déclaration de Maputo sur l’agriculture et la sécurité alimentaire en Afrique a marqué le lancement officiel du Programme détaillé de développement de l’agriculture africaine (PDDAA).

Publié mardi 30 septembre 2025 à 09:38
Perspectives sahéliennes :  Les agropoles de la souveraineté alimentaire

Maputo fut suivi, en juin 2014, par la Déclaration de Malabo sur l’accélération de la croissance et de la transformation de l’agriculture pour une prospérité partagée et de meilleurs moyens de subsistance. Puis vint le sommet extraordinaire de l’UA sur le PDDAA post-Malabo, tenu à Kampala, en Ouganda, du 9 au 11 janvier 2025, avec pour ambition de tracer une nouvelle voie pour les systèmes alimentaires africains.


Les pays de l’AES, acteurs de ces initiatives, vivent aujourd’hui une mutation géopolitique qui les oblige à penser leur avenir agricole de manière concertée. Dans ce contexte confédéral, il s’agit de jeter les bases d’une politique agricole commune, au cœur du Sahel. Plus qu’un projet, cette vision entre dans une phase de concrétisation à travers le premier Forum sur le développement de l’agriculture dans l’espace de la Confédération des États du Sahel (AES), tenu du 18 au 20 septembre 2025 à Bamako. Ce conclave a réuni les ministres en charge de l’Agriculture, de l’Élevage et de la Pêche.


La présidence de la cérémonie de clôture par le Premier ministre malien, le Général de division Abdoulaye Maïga, témoigne de l’intérêt porté à l’initiative par le collège des Chefs d’État, avec à leur tête le Général d’armée Assimi Goïta, Président de la Confédération. S’il est une certitude partagée par les autorités et les populations confédérales, c’est que l’agriculture et l’ensemble du secteur rural constituent des terreaux de richesses à mettre au service du bien-être commun—et ce, malgré les convoitises que suscitent les ressources minières de nos trois pays.


La rencontre ministérielle s’est donné pour tâche principale de définir une stratégie agricole commune afin de renforcer la souveraineté alimentaire et le développement rural dans l’espace sahélien. Il faut déjà se féliciter de la volonté des responsables politiques et des experts du secteur de transcender les barrières administratives et institutionnelles pour aller vite, en tout cas plus vite que l’Union africaine. Non sans aussi affronter les défis : le financement, le climat, la sécurité. Cette dynamique s’articule autour de trois axes majeurs : l’harmonisation des politiques agricoles, les investissements confédéraux et la recherche-formation agricole.


L’agriculture occupe une place importante dans le PIB de chacun des trois pays, dont l’économie est fortement orientée vers le monde rural. En matière d’investissements, les ministres ont convenu de porter à au moins 15 % la part des budgets nationaux consacrée à l’agriculture, d’aménager et de réhabiliter deux millions d’hectares de terres, et de créer quatre agropoles confédéraux. «À l’horizon 2035, la Confédération des États du Sahel dispose d’une agriculture compétitive, durable et inclusive, assurant la souveraineté alimentaire et contribuant à l’amélioration des conditions de vie des populations» : telle est la vision exposée. Une panoplie de mesures accompagne cet élan, notamment l’instauration de documents confédéraux pour la transhumance, l’harmonisation des cadres fonciers, la création d’un système d’information sur les marchés agropastoraux et halieutiques, ainsi que le développement d’agropoles et de hubs de production spécialisés.


La Confédération entend aller vers une agriculture moderne, maîtrisée, en adéquation avec les aspirations de ses populations. Elle vise à agréger tous les atouts à l’échelle de l’espace aménageable. Très vite, l’AES doit voir émerger quatre agropoles : l’Office du Niger abritera un agropole rizicole ; un agropole bétail-viande sera développé dans la zone des trois frontières (Mali-Burkina-Niger) ; le Niger et le Burkina Faso hébergeront respectivement des agropoles dédiées aux oléagineux/niébé et à l’horticulture-maraîchage.


Les chiffres parlent pour cette vision : en 2024, l’agriculture représente 33,45 % du PIB du Mali, 18,59 % pour le Burkina Faso et environ 40 % pour le Niger. Les mots aussi s’imposent, comme ceux du ministre malien de l’Agriculture, Daniel Siméon Kelema, qui affirmait à l’ouverture du Forum: «Il s’agit de poser les bases d’une souveraineté alimentaire réelle, qui ne soit pas seulement un idéal, mais une réalité tangible pour chaque famille, chaque communauté et chaque État.» Et son collègue nigérien, Colonel El hadj Mahaman Ousmane, à l’issue de l’audience que leur a accordée le Président de la Transition, général d’armée Assimi Goïta montre le niveau de vitesse : «Il s’agit d’aller vite et de façon efficiente et le Président nous a rassurés de tout son soutien pour réaliser la politique agricole commune». 

Alassane Souleymane

Lire aussi : Trafic illicite de migrants : Le Mali plaide pour une réponse humaine et durable

Lors de la 12ᵉ réunion du Groupe de travail sur le trafic illicite de migrants, tenue à Vienne les 9 et 10 octobre derniers, la délégation malienne a présenté les avancées notables du pays dans la lutte contre ce phénomène. De la réforme de son cadre législatif à la coopération régio.

Lire aussi : Protection des données personnelles : L’APDP et l’ARMDS unissent leurs forces

L’Autorité de protection des données à caractère personnel (APDP) et l’Autorité de régulation des marchés publics et des délégations de service public (ARMDS) ont scellé, vendredi dernier, un partenariat stratégique visant à renforcer la protection des données personnelles dans le d.

Lire aussi : Office central des stupéfiants : Saisie de plus de 43 tonnes de produits pharmaceutiques contrefaits

L’Office central des stupéfiants (OCS) vient de porter un gros coup aux réseaux des trafiquants avec la saisie d’une importante quantité de produits pharmaceutiques contrefaits. Estimée à plus de 43 tonnes, la valeur marchande de la cargaison a été évaluée à plus de 500 millions de Fcf.

Lire aussi : Hernie : Lorsqu’un organe quitte sa place normale

Lorsque l’enfant tousse ou est constipé cela peut entrainer une augmentation de la pression intra-abdominale c’est ce qui va pousser une grande partie de l’intestin dans la hernie et se bloquer. Dr Diakaridia Traoré, chirurgien pédiatre à l’hôpital mère-enfant ou le Luxembourg, expliqu.

Lire aussi : 30è édition du Mois de la solidarité : 200 familles bénéficient des œuvres sociales du Chef de l’état en Commune II

En ce mois dédié à la solidarité et au partage, il y a eu un souffle d’espoir sur Bakaribougou, en Commune II du District de Bamako. 200 familles y ont bénéficié des œuvres sociales du Président de la Transition à travers le don de vivres essentiels. Un geste symbolique qui illustre l’.

Lire aussi : Coopération : Yacouba KATILÉ s’entretient avec ses homologues de Grèce et du Maroc

En marge des activités de la réunion statutaire du Bureau exécutif de l’Union des Conseils économiques et sociaux et institutions similaires d’Afrique (Ucesa), le président du Conseil économique, social, environnemental et culturel (Cesec), Yacouba Katilé, a eu deux entretiens bilatéraux.

Les articles de l'auteur

À l’heure du Mali : Pour la souveraineté minière, la SOREM frappe fort

Le 8 octobre, alors que nos compatriotes se relevaient de quelques jours de pénurie de carburant dans la capitale et dans d’autres régions du pays, l’histoire économique du Mali écrivait une bien belle page dans l’élan de souveraineté amorcé par les plus hautes autorités..

Par Alassane Souleymane


Publié vendredi 10 octobre 2025 à 11:47

Perspectives sahéliennes : L’albinos noir vivement attendu

-.

Par Alassane Souleymane


Publié mardi 07 octobre 2025 à 09:22

À l’heure du Mali : L’AES à la tribune de l’ONU, entre flèches sifflantes et sagesses sahéliennes

Il semble bien lointain, ce temps où les chefs d’État du monde entier se succédaient à la tribune de l’Assemblée générale de l’Organisation des Nations unies (ONU), souvent avec un écho sourd tombant dans les oreilles des peuples qu’ils étaient censés représenter..

Par Alassane Souleymane


Publié lundi 29 septembre 2025 à 07:24

À l’heure du Mali : Un «22», d’exceptionnel à inédit

Un maître de cérémonie commentant une séquence forte lors de la partie militaire du grandiose défilé du 22 septembre 2025, a poussé l’humour jusqu’à se faire le porte-parole des spectateurs massés sur le boulevard de l’Indépendance : «Dites à nos familles que nous sommes bien partis pour passer la nuit ici»..

Par Alassane Souleymane


Publié mardi 23 septembre 2025 à 08:00

Spécial 22 septembre 2025, Edito : Dans la peau du «MALIDEN KURA»

La rédaction de votre quotidien national et le service marketing de l’AMAP, comme il est d’usage, sont allés dans plusieurs directions pour ratisser large, afin de produire ce numéro spécial du 22 septembre et célébrer ensemble le Mali. C’est une tradition bien ancrée à l’AMAP, autant dans la production que dans la lecture..

Par Alassane Souleymane


Publié vendredi 19 septembre 2025 à 18:27

À l’heure du Mali : La «cuillère de la résistance»

Au Mali, les populations et l’Armée subissent une épreuve imposée: la guerre hybride. Depuis bientôt quinze ans, le pays s’adapte, dans la vie quotidienne comme dans les consciences. On ne cessera jamais de le dire : cette guerre n’est ni fortuite ni née du hasard..

Par Alassane Souleymane


Publié jeudi 18 septembre 2025 à 07:40

Perspectives sahéliennes : De l’alliance à la confédération, le 16 septembre a fait l’histoire

« Depuis la création de l’Alliance des États du Sahel (AES) en septembre 2023, réunissant le Mali, le Burkina Faso et le Niger, les observateurs s’interrogent sur la nature du modèle politique qui émerge au sein de ces trois pays sahéliens. Ce regroupement stratégique, né dans un contexte de rupture assumée avec les anciennes puissances coloniales et d’un rejet des mécanismes régionaux traditionnels comme la CEDEAO, porte les germes d’une transformation politique inédite en Afrique de l’Ouest. ».

Par Alassane Souleymane


Publié mardi 16 septembre 2025 à 10:14

L’espace des contributions est réservé aux abonnés.
Abonnez-vous pour accéder à cet espace d’échange et contribuer à la discussion.
S’abonner