#Mali : Cour d’assises de Bamako : Les accusés retournent à la maison

Inculpés d’infractions criminelles, ils se sont défendus bec et ongles pour échapper à la rigueur de la loi. Le salut est finalement venu de la légèreté de leurs dossiers

Publié mercredi 22 mai 2024 à 17:09
#Mali :  Cour d’assises de Bamako : Les accusés retournent à la maison

Au cours de la 1ère session de la Cour d’assises de Bamako, Mohamed Pergourou, Moké Dembélé, Boukary Tembely et Yacouba Drabo ont comparu pour assassinat, vol qualifié, détention illégale d’arme à feu et association de malfaiteurs. Au final, la «détention illégale d’arme à feu» fut la seule infraction retenue contre eux. Reconnus coupables à l’issue de leur procès, ils ont écopé de 2 ans d’emprisonnement ferme, une peine qu’ils avaient déjà purgée durant leur période de détention. Ils ont donc recouvré leur liberté. Les raisons de l’inculpation des quatre mis en cause remontent à courant 2021, pendant qu’ils défendaient leur village contre toute attaque. Prévus et punis par la loi, ces faits sont passibles de peine criminelle. 

Nous sommes en octobre 2021. Une patrouille militaire a pris en flagrant délit de crime d’assassinat, Mohamed Pergourou, Mokè Dembélé, Boukary Tembely et Yacouba Drabo. Les deux victimes seront plus tard identifiés comme appartenant à l’ethnie peule. Ces illuminés se faisaient passer pour des éléments de la milice d’auto défense des chasseurs et avaient coupé la route Niono-Molodo, pour les besoins de la cause. Ainsi, ils ont apostrophé successivement Ay Dia et Boukary Bah, qui ont été ensuite dépossédés de leur argent et de leurs motos, pour être enfin, sauvagement abattus.

Ces bandits de grand chemin seront interpellés par une patrouille militaire qui les a conduits à la brigade aux fins d’enquête. Interpellés, ils ont été inculpés d’association de malfaiteurs, vols qualifiés, assassinat et détention illégale d’arme à feu. Cependant, les  quatre individus n’ont jamais nié les faits  à cause desquels ils ont été inculpés. Toutefois, ils se sont défendus expliquant que les victimes étaient des terroristes, qui écumaient la zone.

 

faux-fuyant- Puis, une fois à la barre, ils  ont tenté de jouer au faux-fuyant en niant les faits qu’ils avaient pourtant reconnu en amont. Mohamed Pergourou fut le premier à donner sa version sur les chefs d’accusation d’assassinat, vol qualifié, détention illégale d’arme à feu et d’association de malfaiteurs. Il s’est défendu corps et âme expliquant que leur association n’avait pour objectif que de protéger leur village. «Nous possédons tous une arme à feu parce que nous sommes des chasseurs et nous protégeons notre village contre l’ennemi.

Le jour où nous avons été interpellés, nous étions envoyés en mission par notre chef pour venir en aide à un village voisin qui était attaqué par des djihadistes. Ils nous ont tiré dessus. Après les coups de feu, j’ai constaté que j’avais pris une balle au pied et qu’il y avait deux morts côté ennemi. C’est à notre retour que nous avons été interpellés au poste de contrôle avec nos quatre armes et celles des deux djihadistes tués», a-t-il détaillé. Un conseiller a voulu savoir si le chef des chasseurs a été entendu dans cette histoire ? «Il faisait des allers et retours à la gendarmerie, mais nous n’avons pas su ce qui s’est passé par la suite», a-t-il répondu.

 Quant à l’accusé Moké Dembélé, il a indiqué que le but de leur association est d’assurer leur propre sécurité tout simplement  parce que l’«État n’arrivait pas à le faire». Le mis en cause est ensuite revenu sur la version de son prédécesseur à la barre, Mohamed Pergourou. Les deux autres accusés, notamment Boubakary Tembély et Yacouba Drabo ont tous abondé dans le sens de la même version que les premiers accusés qui  les avaient déjà précédés à la barre.

D’où la surprise du parquet quant aux propos avancés par ces accusés d’un autre genre, car, selon le magistrat, ces derniers ont relaté les faits autrement à la gendarmerie et à l’instruction. «En tout état de cause, l’infraction de détention illégale d’arme de guerre est consommée. Il y a également eu vol à mains armées. Ils ont intercepté des citoyens maliens sous prétexte qu’ils étaient des djihadistes. Tout Peuhl n’est pas djihadiste et tout djihadiste n’est pas peuhl. Ils ont tiré à bout portant sur des individus. Nous savons que des milices existaient de part et d’autre pour leur sécurité, mais pourquoi assassiner des paisibles citoyens parce qu’ils sont Peuls ?», s’est-il interrogé.

 

Dossier léger comme un oreiller de plumes- La défense a mentionné que ses clients ont reconnu le chef d’accusation lié à la détention illégale d’arme, mais nient entièrement les autres. «Ce dossier est léger par rapport à l’assassinat comme un oreiller de plumes. Nous ne comprenons pas cette charge à l’instruction.

Les procès-verbaux sont muets sur la qualité des personnes qui se sont constituées partie civile et elles n’apparaissent pas à la barre. Quand on perd un proche ou un parent, on ne se préoccupe pas uniquement de récupérer ses biens, mais on suit le dossier jusqu’au verdict. Ces personnes ont récupéré les motos des défunts et ont disparu». L’avocat de poursuivre : «Concernant l’assassinat, mes clients étaient en légitime défense parce qu’ils étaient sous les feux des djihadistes.

À situation exceptionnelle, mesure exceptionnelle. Le port d’arme a été entraîné par l’insécurité dans cette zone», a-t-il plaidé.

Son collègue a suivi la même logique de défense estimant que le ministère public a donné l’impression de banaliser la vie des habitants de cette zone. «Les terroristes attaquaient les personnes et détruisaient les champs. On a cru à la version des deux personnes fantômes qui ont récupéré les deux motos et ont disparu par la suite. Il n’y a aucune information sur lesdits défunts également, même pas d’image.

Pourquoi les militaires aux postes n’ont pas été entendus ? Au Mali, on joue avec la liberté des gens, sinon si ces inculpés avaient des soutiens, ce dossier n’arriverait pas aux assises. Rien n’est clair dans le dossier, il n’y a que des failles», s’est-il défendu.

Toutefois, au terme de longues heures de débats, les jurés ont finalement reconnu les accusés coupables uniquement des faits de détention illégale d’armes à feu. Ils ont écopé de 2 ans d’emprisonnement. Ainsi, ils ont rejoint leur famille pour avoir été en détention depuis 2020.

Tiedié DOUMBIA

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