De Mon Balcon : Un regard pluriel

L’ouvrage de l’ancien ministre Hamadoun Touré est une compilation de chroniques. Le journaliste aborde différents thèmes sur l’actualité contemporaine, mais aussi des phénomènes de société

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Publié mercredi 15 mars 2023 à 07:46
De Mon Balcon : Un regard pluriel

Hamadoun Touré, ancien ministre et fonctionnaire international à la retraite, est un intellectuel de haut vol. Lorsqu’il couche ses idées sur les pages d’un livre comme dans son ouvrage intitulé : «De Mon Balcon», on sent la clarté, la finesse de l’analyse, la rigueur syntaxique et la culture générale de la vieille et bonne école de journalisme qui vous réconcilie avec l’exercice de cette profession.

Il n’utilise pas la méthode classique de narration d’une histoire, d’un récit épique ou des évènements avec un fil chronologique. Mais porte plutôt un regard pluriel à la fois sur l’actualité contemporaine et sur des évènements intemporels, sans heurter les sensibilités parce qu’il a toujours la bonne approche des questions se rapportant à la rue, à la tradition, au conflit de générations et à l’indépendance. Mais aussi au pouvoir, à la Covid-19 (une pandémie qui a mis à genoux les économies et mis à rude épreuve les systèmes de santé les plus performants) et enfin à l’art, notamment les artistes au service de la solidarité.

Ce journaliste de formation se défait facilement du piège du conformisme, de l’hypocrisie. Il ne se met pas derrière une glace sans tain pour regarder à la loupe l’actualité ou les questions de société. Il a le courage de ses opinions. Il observe la société de son époque à partir du «confort isolé d’un balcon», d’où le titre de l’ouvrage.

Compilation de 22 chroniques, «De Mon Balcon» est un ouvrage d’une centaine de pages. Dans la chronique intitulée : «La rue, ce tableau clinique», l’auteur peint avec le plus grand brio la rue comme un réceptacle qui accueille les contradictions, un laboratoire où le bien côtoie le mal, où les mauvais comportements le disputent aux vertus. L’écrivain glisse sur des détails qui amènent à comprendre que la rue elle-même est souvent victime et témoin, confidente et complice de nos agissements. Qui mieux que l’auteur pour illustrer cette ambivalence : «La rue qui accueille les héros et leurs bourreaux» ?

La chronique : «Tradition, droit d’inventaire» revient, dans une démarche de constat, sur ces habitudes propres à la société comme fondamentales et nous ne garderons que ça en dignité lorsqu’on aura tout perdu. La tradition, qui «est ressentie comme une chaine au pied, figée dans sa sacralité», est transmise de génération à génération, mais comporte aussi en elle des faiblesses et des forces parce que nombre de nos valeurs viennent d’elle (fierté, dignité et sens de la grandeur des exemples donnés par l’écrivain).

 

HUMANISER L’HOMME- Dans la chronique : «Générations et conflit», Hamadoun Touré rappelle la sempiternelle opposition entre les aînés et les jeunes générations. Les premiers enseignent les valeurs d’antan et un code de conduite. Ces moralistes reprochent aux jeunes générations de trahir nos fondamentaux et referaient la société à leur image tel qu’ils l’ont connue parce qu’ils trouvent que ce serait agréable à regarder.


Mais les jeunes s’inscrivent dans une logique d’évolution normale des choses et ne se consentent pas vivre en marge de leur temps. Ils laissent même libre cours souvent à des fantaisies, d’où le reproche à la jeunesse de manquer de références culturelles. Dans cette opposition, l’écrivain finit par partager la poire en deux en renvoyant à cette pensée du philosophe autrichien Karl Popper : «Nous devons nous évertuer à réduire les conflits mais non pas les supprimer. Leur existence même est essentielle à la société ouverte».

La chronique : «La nausée» est un pamphlet mordant contre la barbarie policière aux États-Unis avec les monstres froids (ces policiers américains au comportement inhumain) qui ont donné la mort à un Noir américain George Floyd, «cet autre-nous-mêmes», à Minneapolis. Cet acte criminel et inhumain avait indigné l’humanité (qui à l’unisson avait condamné la barbarie et la violence des faits) et révolté la conscience humaine. Cette chronique se veut simplement une invite à humaniser l’Homme.

Quant au «Bal des courtisans», c’est une chronique qui parle de ces opportunistes prébendiers qui ne cherchent qu’à défendre leur biscotte beurrée. Pour l’écrivain : «Ils ont leurs cartons pour tous les évènements de la République». À travers ses observations, on en déduit qu’ils vivent dans le mensonge permanent et sont rarement pris à défaut dans la guerre de positionnement.

Ils donnent l’impression à travers actes et agissements d’être avec le prince du jour, mais lorgnent aussi du côté de ceux qui peuvent conquérir le pouvoir. Ces courtisans insultent l’intelligence de leurs compatriotes parce qu’ils surfent sur les réalités de l’instant et les éventualités. Charisme de l’office, grandeur et solitude, l’angoisse des dictateurs, indépendance pouvoir et panthéon, Covid-19, train de résilience et beauté de l’art sont aussi, entre autres, des inspirations de l’écrivain.

Dans les pages de son ouvrage, Hamadoun Touré fait parfois du « name dropping » pour renforcer dans l’esprit des lecteurs, certaines vérités crues qu’il assène. On ne peut qu’avoir du respect pour son immense talent d’écrivain. L’ancien ministre en charge des Affaires étrangères, Sadio Lamine Sow qui a préfacé l’ouvrage résume mieux. «Les chroniques de Hamadoun Touré nous invitent à nous interroger sur nous-mêmes, sur notre monde et surtout sur l’avenir». Vivement donc d’autres ouvrages Monsieur le ministre pour continuer à arroser l’arbre du savoir!

 

Brehima DOUMBIA

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