Archives photographiques : Les professionnels face au défi de la conservation

Aujourd’hui, des structures publiques et privées sont confrontées au défi de la conservation des archives. Certaines d’entre elles disposent d’un important fonds photographique et ont besoin d’un accompagnement pour la préservation de ces images qui restituent un pan essentiel de l’Histoire de notre pays

Publié lundi 21 août 2023 à 05:29
Archives photographiques : Les professionnels face au défi de la conservation

Un technicien de la Maison africaine de la photographie (Map) en train d’expliquer le processus de numérisation d’une photo



La célébration de la Journée mondiale de la photographie, le 19 août dernier, met en lumière cette situation qui mérite d’être corrigée. On connait l’importance des archives photographiques. On admet aussi volontiers la nécessité et l’urgence d’une bonne conservation de ce patrimoine.

Mais, on a du mal à comprendre les explications sur le manque de ressources financières à consacrer à la conservation des archives photographiques. Celles-ci permettent d’immortaliser l’Histoire d’un peuple, d’un pays, l’environnement, les rites et traditions et autres pratiques culturelles. Malheureusement, le défi de la conservation se pose à tous plus ou moins.

L’Agence malienne de presse et de publicité (Amap), par exemple, dispose d’un important fonds photographique au point de passer pour la mémoire du pays. La section photo de la structure héberge une centaine de casiers contenant des clichés ou négatifs.


Chaque casier contient plus de 600 images analogiques dont certaines datent d’avant l’accession de notre pays à la souveraineté nationale. L’Amap conserve les images sur la vie politique, sociale et culturelle du Mali de la période coloniale à la 4è République.

Bounama Magassa, photoreporter à l’Amap, explique qu’actuellement les photos issues des reportages réalisés par le Quotidien national sont collectées, conservées sur des disques d’ordinateurs. Cette méthode d’archivage comporte des risques, dit-il, évoquant l’amère expérience vécue à ce sujet. « En 2002, nous avions commencé la numérisation des clichés, en scannant des milliers de photos pendant près de deux ans.


Malheureusement, ce travail de titan est tombé à l’eau un jour parce que le disque dur sur lequel étaient stockées ces images numérisées était inutilisable », déplore le technicien qui en parle avec une pointe d’amertume et recommande la mise à disposition d’un serveur de stockage de données d’une grande capacité.

Le président de l’Association Djaw partage les préoccupations exprimées par le photoreporter de l’Amap. Bakary Emmanuel Daou pense, par ailleurs, que des disques durs d’une grande capacité de stockage peuvent faire l’affaire pour certains. Cela exige, selon lui, un savoir-faire dans la manipulation, puisqu’une fois que le disque dur tombe par terre, il peut être endommagé et le contenu peut se volatiliser.


Il dit clairement partager ses images entre différents supports de stockage. Et le photographe d’insister sur la nécessité de s’équiper dans le métier. Celui qui a intégré la photographie depuis 1984 détient des milliers d’archives en argentique, c’est-à-dire sur pellicule, des clichés et des fichiers numériques conservés dans des disques durs. «De temps en temps, je les dépoussière et les regarde. J’en sélectionne quelques-unes pour des expositions sur des thématiques précises», confie-t-il, avant d’exhorter la jeune génération à faire des photographies d’exposition.

Le promoteur de « Nature Photo » suggère à ses cadets de faire une sélection préalable des photos à tirer et les mettre sur une clef USB pour protéger la carte mémoire des virus lors de son usage dans un laboratoire. Bakary Emmanuel Daou relève que notre pays a son mot à dire dans le monde de la photographie parce que Bamako est devenu la capitale de la photographie africaine. L’opérateur photographique recommande la multiplication des master class pour aider les photographes, en termes de production.

 

27.000 IMAGES NUMÉRISÉES ET CONSERVÉES- Pour sa part, le directeur artistique de « Yamarou Photo » déplore une insuffisance de disques durs externes pour la sauvegarde de ses archives. Mais, dit Seydou Camara, son association envisage d’employer d’autres moyens plus efficaces. «J’ai suivi au Musée de Bal en Suisse une formation en archivage numérique.


Nous sommes en contact avec un grand musée au Pays-Bas pour former nos membres à la restauration des anciennes photos», explique-t-il. À la Maison africaine de la photographie (Map), on ne badine pas avec la conservation des ressources photographiques. La structure, créée en 2004, a numérisé et conserve plus de 27.000 images sur des disques durs. Des clichés datent de la période coloniale à 1998.


Le directeur général de l’établissement, Tidiane Sangaré, reconnaît que la problématique de conservation ou de numérisation des archives est plus accrue chez les détenteurs privés de photographies. Mais les structures publiques connaissent aussi ce casse-tête. Le premier responsable de la Map affirme que ce phénomène entraine la dégradation progressive des archives (clichés/négatifs, tirages, diapositives, etc.), la disparition totale d’une partie de la mémoire visuelle du pays.

Tidiane Sangaré estime que la conservation des photos permet au pays d’être le propre acteur de l’écriture de son histoire et de la perpétuation de sa culture. Selon lui, les causes de ces contraintes sont liées à l’absence de formation des acteurs sur la conservation des archives photos, le manque de logistique et de dispositifs adéquats pour la conservation. Et de préciser que la grande chaleur, l’humidité, la poussière, les termites, les rats et la lumière sont, entre autres, facteurs qui nuisent à la conservation.

Le patron de la Map déplore aussi le manque d’intérêt pour les archives de ceux qui exercent accidentellement la profession de photographe.

En 2019, a-t-il rappelé, les agents de la Map ont participé à un atelier sur «les techniques d’archivage, de numérisation et de gestion électronique de fonds photographiques». Cela à travers le projet : «Archive of malian photography la photographie malienne».

La structure, en partenariat avec l’Université de Michigan aux États-Unis, a permis de nettoyer, numériser et rendre globalement accessible plus de 100.000 négatifs des photographes célèbres comme Malick Sidibé, Abdrahamane Sakaly, Mamadou Cissé, Adama Kouyaté et Tidiani Sitou.

Tidiane Sangaré signale que sa structure peut apporter un appui technique direct à des détenteurs d’archives publics ou privés qui souhaitent une assistance en matière de conservation et de gestion de leurs archives. «Ce projet a permis de constituer des galeries au niveau de ces familles», se réjouit-il, avant d’annoncer que sa structure a signé un partenariat avec l’Amap sur la numérisation et l’organisation d’exposition.

 Le directeur de la Map propose d’appuyer la conservation des photographies à travers des appels à manifestation d’intérêt pour la conservation et la gestion des archives photos, y compris l’acquisition d’équipements de conservation, notamment les scanners de négatifs et de diapositives, de serveurs de grande capacité pour le stockage des images, les papiers non acides pour la conservation des archives physiques.

Mohamed DIAWARA

Lire aussi : 38è anniversaire de la disparition du président Thomas Sankara : le message d’hommage du capitaine Ibrahim Traoré

À l’occasion du 38è anniversaire de l’assassinat du Président Thomas Isidore Noël Sankara, le chef de l’État burkinabè, le capitaine Ibrahim Traoré, a rendu un vibrant hommage au père de la Révolution d’août 1983.

Lire aussi : Décès de l’ancien Premier ministre Soumana Sako: la Nation perd un homme d´Etat

L’ancien Premier ministre Soumana Sako a tiré sa révérence, ce mercredi 15 octobre 2025. Né en Nyamina en 1950, Soumana Sako a obtenu le Diplôme d’étude fondamentale (DEF) en juin 1967 et le Bac trois ans plus tard, en se classant dans les cas deux Premier national.

Lire aussi : Environnement : Les femmes de Siby à l’avant-garde de la sauvegarde

En plus d’être de ferventes agricultrices, les femmes de Siby sont aussi de véritables gardiennes de la nature. Elles assurent la protection de l’environnement avec leur savoir-faire.

Lire aussi : Journée internationale de la femme rurale : Hommage aux «NYeléni» de Siby

C’est aujourd’hui qu’on célèbre la Journée internationale de la femme rurale. À cette occasion, nous sommes allés à la rencontre des braves femmes de Siby dont la principale activité est de travailler la terre pour garantir la sécurité alimentaire dans la communauté et assurer leur a.

Lire aussi : Kangaba : Démarrage des travaux du principal caniveau

Les travaux de construction du principal caniveau qui traverse la ville de Kangaba ont démarré le jeudi 9 octobre. Ils sont financés par le budget de la Commune rurale de Minidian pour un montant total de 47.496.416 Fcfa. Le premier coup de pelle a été donné par le maire de cette commune, Mamb.

Lire aussi : Diéma : Des consignes claires pour éviter une pénurie de carburant

Le 2è adjoint au préfet de Diéma, Attayoub Ould Mohamed, à la tête d’une délégation restreinte, comprenant le 2è adjoint au maire de la Commune rurale de Diéma, Nakounté Sissoko, le chef du service subrégional du commerce et de la concurrence, Mamby Kamissoko, et des éléments des Forc.

Les articles de l'auteur

Mali : Les ressortissants des USA soumis au paiement de la caution de visa

Le gouvernement malien réagit à la «décision unilatérale» des États-Unis d'Amérique d'imposer à ses citoyens à partir du 23 octobre 2025, le versement d'une caution de 5000 ou 10.000 dollars américains (plus de 2 millions ou environ 4 millions de Fcfa) pour l'obtention d'un visa d'affaires ou de tourisme de types B-1/B-2..

Par Mohamed DIAWARA


Publié dimanche 12 octobre 2025 à 11:10

Visa américain : Les Maliens soumis au paiement d'une caution

À compter du 23 octobre 2025, les ressortissants maliens jugés éligibles pour un visa américain B-1/B-2 (affaires ou tourisme) devront verser une caution allant de 5.000 à 10.000 dollars américains (environ 2,8 millions à 5,5 millions de Fcfa) avant la délivrance du visa..

Par Mohamed DIAWARA


Publié vendredi 10 octobre 2025 à 14:40

Mali: L'enseignement de la Révolution française de 1789 suspendu à l'école

La révolution française de 1789 ne fait plus partie des leçons d'histoire des classes de la 9è année. Cette décision de suspension a été prise le jeudi 9 octobre 2025 par le ministère de l'Éducation nationale.

Par Mohamed DIAWARA


Publié jeudi 09 octobre 2025 à 16:50

Mois de la solidarité et de la lutte contre l’exclusion : La 30è édition prône la diversité culturelle

Cet évènement a été initié en 1995, avant d’être institutionnalisé en 2001 pour soutenir et renforcer les valeurs de solidarité dont notre nation est dépositaire. Il est reparti en quatre semaines thématiques pour véhiculer des messages de solidarité, qui représente une vertu cardinale de notre pays, et réaliser des actions de bienfaisance.

Par Mohamed DIAWARA


Publié lundi 06 octobre 2025 à 07:53

Enseignement fondamental public : Le transfert des élèves est gratuit

La perception de frais de transfert d'élèves auprès des parents est illégale. Le directeur national de l’enseignement fondamental dit avoir été saisi quant à cette situation préoccupante..

Par Mohamed DIAWARA


Publié samedi 04 octobre 2025 à 18:55

École catholique de Bamako : C’est reparti, mais sur de nouvelles bases

Certains de nos compatriotes semblent s’être fait une spécialité de dramatiser les choses. Certes, l’arrêt des subventions de l’État est une réalité qui a été déjà ressentie avec le licenciement de certains maitres qui émargeaient sur ces fonds, mais les oiseaux de mauvaise augure prédisaient plutôt le cataclysme voire la fin de l’enseignement catholique..

Par Mohamed DIAWARA


Publié vendredi 03 octobre 2025 à 07:37

Trois visiteurs de marque au groupe scolaire Kalaban-Coura Nord

Il est 7 heures 35 minutes au Groupe scolaire Kalaban-coura Nord en Commune V du District de Bamako. La journée de ce mercredi 1er octobre ne ressemble pas aux autres..

Par Mohamed DIAWARA


Publié jeudi 02 octobre 2025 à 13:06

L’espace des contributions est réservé aux abonnés.
Abonnez-vous pour accéder à cet espace d’échange et contribuer à la discussion.
S’abonner