Accès à l’eau potable au Mali : Encore des droits à combler

Avec une population totale estimée à plus de 20 millions, notre pays devrait avoir en moyenne de plus de 6.000 m3 d’eau par habitant et par an. Or, au plan international, on s’accorde à considérer que le seuil de pénurie se situe à 1.000 m3 d’eau par habitant et par an

Publié jeudi 18 mai 2023 à 05:57
Accès à l’eau potable au Mali : Encore des droits à combler

La planète terre compte seulement 3% d’eau douce. Sans cette eau, aucune vie n’est possible sur terre. L’eau peut paraître un bien commun, cependant elle est aléatoirement repartie. Elle est facile d’accès pour certains et très rare pour d’autres. Cette suffisance des ressources en eau suscite parfois rivalité et même conflit. Les préoccupations liées à l’eau nous imposent donc une gestion attentive et concertée. Dans certains pays, la gestion de l’eau peut révéler une forme d’injustice.


Ainsi, c’est le cas lorsque l’État n’assume pas ses responsabilités quant à l’accès à l’eau potable pour tous ses citoyens.

Une résolution intitulée «le droit de l’Homme à l’eau et à l’assainissement» a été adoptée le 28 juillet 2010 par l’Assemblée générale des Nations unies. Elle a permis de mettre l’accent sur l’importance de l’accès équitable à l’eau potable. Ainsi, le droit à l’eau constitue un droit fondamental pour chaque personne et un préalable à la réalisation de tous les droits humains.

La disponibilité de l’eau au Mali ne fait aucun doute. Théoriquement, avec une population totale estimée à plus de 20 millions, le pays devrait avoir en moyenne plus de 6.000 m3 d’eau par habitant et par an. Or, au plan international, on s’accorde à considérer que le seuil de pénurie se situe à 1.000 m3 d’eau par habitant et par an (source PNE).

Compte tenu de la variabilité de la disponibilité en eau dans l’espace, la mobilisation de la ressource demeure le véritable défi pour l’approvisionnement de toutes les populations. Sur cette question, l’État ne semble pas encore s’engager de façon pertinente et ne semble même pas encore mesurer l’ampleur des enjeux. Ce qui est un manque de vision, car la question du droit à l’eau est la base de tous les droits. Sans ce droit, toute autre décision ne serait qu’injustice.                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                               

Le président Assimi Goïta décide de redresser le tort fait aux populations oubliées en luttant seul contre le stress hydrique. Cet effort est certes salutaire, mais pas durable. Il émane plus d’une initiative personnelle que d’une politique gouvernementale basée sur une vision.

Les investissements dans le secteur de l’eau au Mali sont encore soutenus en grande partie par les partenaires extérieurs qui contribuent à hauteur de plus de 5,076 milliards de Fcfa en moyenne par an, soit 85% du total du financement. L’eau au Mali est encore un don de l’extérieur. Pour un pays qui se veut totalement souverain, il y a bien une ombre au tableau.

Pour rappel, dans un contexte récent, l’ambassadeur de la France au Niger enjoignait aux Nigériens de demander de l’eau à la Russie puisque l’eau qu’ils buvaient, était européenne car fournie par une compagnie européenne. Cet épisode avait créé un énorme tôlé et un malaise encore plus grand. Preuve que la mobilisation de l’eau devrait être une priorité et un exercice fortement républicain.

Conformément aux attentes des Objectifs de développement durable (ODD), le Mali s’est engagé à garantir l’accès à l’eau et à l’assainissement à l’horizon 2030 à toute sa population. Le taux national d’accès à l’eau potable, selon le rapport d’activités 2017 de la direction nationale de l’hydraulique était de 68,8%, pour 76% en milieu urbain et semi-urbain. Selon le site de la Société malienne de gestion de l’eau potable (Somagep), ces données n’ont pas changé encore en 2023. Soit il n’y a pas eu d’avancée, soit les données ne sont pas actualisées, preuve du manque de suivi des objectifs. Allons-nous atteindre les objectifs de 100% de Maliens ? Y a-t-il plus urgent que l’accès à l’eau potable, après la problématique de l’insécurité dont elle pourrait être, tout aussi, une racine ?

L’exercice du droit à l’eau impose à l’État certaines obligations vis-à-vis de la population. Parmi elles, il y a celles de garantir un accès fondé sur l’équité de l’accès à l’eau de toute la population (principe de non-discrimination) ; de concevoir des dispositifs sur toute l’étendue du territoire pour l’accès à l’eau (réalisation progressive) et la justiciable du droit à l’eau.

L’expérience montre que des pays, jadis moins nantis que le Mali quant aux conditions de disponibilité de l’eau ont pu relever ce défi. En effet tout dépend de la volonté et de l’engagement du gouvernement. L’État devra fixer la problématique de la disponibilité de l’eau comme une priorité de ses politiques de développement. Le développement du Mali ne peut se limiter à Bamako et ne peut être laissé aux bons soins et à la bonne volonté des Organisatons non gouvernementales (ONG). Cela implique la mobilisation de fonds conséquents sur le budget pour de grandes réalisations d’infrastructures surtout dans les Régions du Nord. L’altruisme d’une personne fût-elle «président» ou l’aide extérieure ne devraient surplomber l’action gouvernementale à travers une politique prospective.

Ainsi, pour dégager des fonds et dans un dessein d’équité, l’État pourrait commencer par taxer les prélèvements des eaux souterraines (forages d’eau). Le principe de préleveur payeur prévoit déjà ces dispositions. Il faut juste rendre le principe effectif avec des actions plus pertinentes. Comme stipuler encore dans la Politique nationale de l’eau dans le principe de protection des usagers et de la nature, le gouvernement doit créer une police de l’eau. Le rôle de cette dernière sera étendu à l’octroi de permis de forage, au suivi de l’usage ainsi qu’à l’instauration de redevances de prélèvement. Il aura pour avantages de générer des revenus par les redevances, d’éviter la gabegie d’eau et surtout de préserver nos ressources en eau.


La mise en place d’une politique nationale cohérente de tarification des eaux d’irrigation est un levier complémentaire. Ranger l’effort personnel du président derrière une politique publique et cohérente garantira l’accès de la population malienne à l’eau potable tout en facilitant l’atteinte de l’Objectif du développement durable ODD.


Souleymane SIDIBÉ

Directeur Général de l’université

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Rédaction Lessor

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