«J'ai
perdu mon emploi après 7 ans d’exercice. Mon employeur m’a annoncé mon
licenciement au téléphone». S.K qui officait comme vigile se plaint ainsi à un
voisin du quartier à Kalaban coro plateau. Ce père de 5 enfants croyait que le
monde s’écroulait sous ses pieds tant il fut assommé par la triste nouvelle.
Selon le désormais licencié de son job, un partenaire de leur société de
gardiennage l'accuse à tort de venir souvent en retard au travail. Face à ce
licenciement, sans préavis, S.K dénonce un abus de pouvoir. Au-delà de son cas,
les exemples semblent être légion et retrouve des personnes qui en sont
victimes sous diverses formes et dans
les entreprises privées et publiques.
À
son arrivée dans une société de la place, Mlle R.B devait, selon des
engagements initiaux, bénéficier directement d’un Contrat à durée indéterminée
(CDI). La direction lui a imposé une période d’essai de six mois, renouvelée à
deux reprises. Elle explique avoir ensuite la surprise de sa vie avec le rejet
de son dossier au moment de la signature de son CDI. Selon elle, les choses
auraient pris une autre tournure avec la découverte de l’identité de son père,
un ancien ministre, par le responsable des ressources humaines.
«C’est
à partir de ce moment que mes problèmes ont commencé», explique-t-elle. Le
responsable des ressources humaines aurait refusé de lui accorder le CDI
promis, lui proposant à la place un Contrat à durée déterminée (CDD) qu’elle a
catégoriquement refusé. D’après la responsable marketing, des rumeurs auraient
circulé au sein de l’entreprise, l’accusant d’être une espionne envoyée pour
surveiller la société. Elle affirme avoir découvert que le service des
ressources humaines avait saisi l’inspection du travail pour justifier un
éventuel licenciement, alors même qu’elle «travaillait sans contrat formel, ni
assurance». Le différend a atteint son comble lorsqu’elle a reçu un contrat
falsifié, comportant de fausses informations sur son identité et sa filiation.
Les
discriminations fondées sur la religion nuit également à de nombreux travailleurs.
L.H est une jeune musulmane qui a exercé comme babysitteuse dans plusieurs
familles européennes. Elle raconte avoir été victime de jugements négatifs liés
à sa pratique religieuse et au port du voile. La maîtresse de maison lui a
demandé pourquoi elle ne dévoile jamais ses cheveux. «Je lui ai expliquée que
je suis musulmane et habituée à me couvrir la tête», raconte L.H. Depuis ce jour, son employeuse est devenue
distante et méfiante. Elle a commencé à la surveiller davantage, lui faire des
remarques sur sa façon de s’habiller ou sur ses pauses pour la prière. «Un
jour, elle m’a dit que ma tenue pouvait effrayer les enfants, alors qu’ils
n’avaient jamais eu peur de moi. J’ai compris que le problème n’était pas lié à
mon comportement, mais ma foi», déplore-t-elle. Finalement, LH a préféré
quitter son poste.
MAUVAIS
MANAGEMENT- Dans certaines entreprises maliennes, l’absence de représentation
syndicale ou de délégué du personnel laisse les employés sans véritable moyen
de défense face aux décisions arbitraires de leurs employeurs. C’est la
situation que dénonce un employé d'une grande société du pays. «Dans notre
entreprise, il n’y a ni syndicat, ni délégué du personnel. La direction fait ce
qu’elle veut. Elle licencie les employés avec un contrat à durée déterminée
(CDD) sans explication, ni préavis», raconte-t-il sous anonymat.
Selon
lui, cette situation a atteint un point critique lorsque 56 travailleurs ont
été licenciés sans motif valable. «C’est là que j’ai compris qu’il fallait
agir», poursuit-il. Déterminé à défendre ses collègues, notre interlocuteur dit
avoir pris l’initiative de mobiliser le personnel pour la mise en place d’un
délégué du personnel, conformément au Code du travail malien. Face à cette
décision, plusieurs de ses collègues auraient été convoqués et intimidés par
leurs supérieurs, les poussant à se retirer du mouvement. «Peu à peu, tout le monde s’est désengagé.
J’ai fini par abandonner faute de soutien», regrette-t-il.
Ces
pratiques abusives à l'endroit des travailleurs ne sont pas sans conséquences
sur la bonne marche de l'entreprise. Abdoulaye Konaté, directeur général d’une
société privée de sécurité basée à Bamako, en est convaincu. «Le harcèlement,
le favoritisme et la discrimination fragilisent le climat de travail et font
chuter la productivité. Un employé qui se sent brimé perd sa motivation»,
explique-t-il. Pour lui, ces dérives découlent souvent d’un manque de formation
en management, d’une mauvaise culture d’entreprise, ou encore de l’absence de
sanctions internes. «Quand un responsable pense que l’autorité lui donne le
droit d’écraser les autres, il trahit la confiance de ses employés et met en
péril la réputation de son entreprise», prévient le quadragénaire.
Conscient
de ces risques, Abdoulaye Konaté affirme avoir mis en place des mécanismes pour
préserver la dignité et le bien-être de ses agents. Il s'agit d'un comité
interne d’écoute permettant aux employés de signaler anonymement les abus, des
sanctions disciplinaires contre tout responsable reconnu coupable de
harcèlement ou de discrimination et des sessions de sensibilisation sur le
respect des droits humains au travail. «L'un de mes anciens collègues a
démissionné d’une entreprise à cause d’un harcèlement moral constant. Cela
montre à quel point ces abus peuvent briser des carrières», témoigne-t-il.
PEUR
DE REPRÉSAILLES-Bassaro Haïdara, sécrétaire général du comité syndical de
l’Agence malienne de presse et de publicité (Amap), explique que le syndicat
intervient dès qu’il y a un cas d’injustice, de licenciement abusif ou de
harcèlement moral. Il poursuit que ces interventions se font à travers le
dialogue, la médiation, et si nécessaire, par des recours auprès des autorités
compétentes. Cependant, le syndicaliste
déplore une certaine réticence des travailleurs à adhérer au syndicat, souvent
par peur de représailles de la part des employeurs. «Pourtant, c’est ensemble
que nous pouvons défendre efficacement nos droits», souligne-t-il. Le leader
syndical insiste également que le manque de formation syndicale et la
méconnaissance du Code du travail affaiblissent la capacité des employés à
revendiquer leurs droits. Il plaide pour une meilleure sensibilisation dans les
entreprises, ainsi qu’une collaboration plus franche entre les responsables
syndicaux et les directions administratives. «Le syndicat n’est pas un ennemi
du patronat, mais un partenaire social. Notre objectif est de promouvoir un
environnement de travail juste et équilibré», assure-t-il. Pour lui, la lutte
contre les injustices professionnelles passe par la solidarité, la transparence
et le respect mutuel.
Issa
Ouédraogo, avocat et ancien inspecteur du travail, observe de près les
injustices qui frappent les salariés. Selon lui, le favoritisme, le harcèlement
et les licenciements abusifs restent des problèmes fréquents, particulièrement
dans de nombreuses entreprises où il n’existe ni syndicat ni délégué du
personnel. «Beaucoup d’employés ignorent
leurs droits et hésitent à porter plainte, de peur de représailles ou de perdre
leur emploi. Pourtant, la loi malienne est claire. Tout salarié a droit à un
traitement équitable, à un contrat écrit et à des conditions de travail
décentes», explique-t-il avant de regretter que certaines entreprises cherchent
à contourner la loi, «ce qui rend notre travail difficile».
Issa
Ouédraogo cite les missions principales de l’inspection du travail à savoir la
vérification du respect par les entreprises des contrats et la réglementation
du travail, la réception et l'Instruction des plaintes déposées par les
salariés victimes d’abus, la médiation entre employeurs et employés pour éviter
que les conflits n’aboutissent à des licenciements injustifiés. Le juriste
insiste sur l’importance de sensibiliser les employés et les employeurs sur
leurs droits et les procédures pour les faire respecter. Il conseille les
managers à se former sur les bonnes pratiques pour réduire fortement les
conflits. Et de rappeler que la justice malienne offre plusieurs voies pour les
employés lésés.
Le premier recours, cite-t-il, est
l’Inspection du travail suivi du tribunal du travail. Pour les cas de
harcèlement ou de discrimination, précise Issa Ouédraogo, il existe des
associations spécialisées qui accompagnent le salarié jusqu’au bout.
Aujourd’hui, les abus de pouvoir sont réalité dans nos services. Il faut
espérer au moins que les coupables de ces abus cessent de faire pleurer dans
les familles et dans les services sur le malheur de leurs victimes.
Hawa Ly TOURÉ
Rédaction Lessor
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