Abdoul Karim Diarra : Le bétonneur non voyant

Il a perdu l’usage de ses yeux depuis 2015 mais il continue de travailler comme ouvrier.

Publié mercredi 18 janvier 2023 à 07:35
Abdoul Karim Diarra : Le bétonneur non voyant

Sur les chantiers, il remplit les brouettes de sable et de graviers, lance des pelletées sur la toiture des bâtiments. Dans le subconscient de nos compatriotes, le handicap visuel empêche d’exercer certaines fonctions ou certains petits métiers. Mais c’est avoir une vision restrictive des choses, surtout ne pas comprendre combien la volonté et la détermination peuvent aider quelqu’un à repousser ses limites.  C’est le cas d’Abdoul Karim Diarra, un non voyant de 42 ans qui exerce du haut de son 1,85 m le métier de bétonneur au grand étonnement de beaucoup.

Nous l’avons surpris, un vendredi saint, en pleine activité dans les parages du marché de Baco Djicoroni ACI en Commune V du District de Bamako.

Il était environ 16 heures, des ouvriers construisent la toiture en béton d’une villa en chantier, située à près de 50 mètres d’une rue bitumée. Parmi eux, un non voyant focalise les regards et la curiosité des passants. Le handicapé visuel d’une stature imposante, coiffé d’un képi, tient une brouette devant un gros volume de sable et de graviers. Ce manœuvre hors du commun remplit la viviane. Ce petit métier de bétonneur, il le fait depuis 2003.


«Nous faisons la toiture en béton des maisons. Je charge les brouettes de sable et de graviers et d’autres les transportent», explique le non voyant.  Il se relaie avec un autre, avant de se poser sur une brique qu’il écrase de tout le poids de son corps. Ce père de trois enfants dont deux filles a perdu la vue en 2015. «Lorsque j’ai commencé à sentir des troubles visuels, je suis allé en consultation à l’Institut d’ophtalmologie tropicale d’Afrique (Iota) pour qu’on pose le bon diagnostic. L’ordonnance qu’on m’avait prescrite n’a pu me soigner», se souvient l’habitant de Baco Djicoroni. Avant d’ajouter qu’il a finalement abandonné le traitement médical faute d’argent et laisser Dieu, le Clément et Miséricordieux, décider de son sort.

Le natif de Koumantou dans la Région de Bougouni était ferrailleur sur les chantiers. C’était le premier métier qu’il a exercé à son arrivée en 2000 à Bamako. Trois ans plus tard, il fera le métier de bétonneur. «Ma déficience visuelle ne me permettait plus de continuer ce travail qui consiste souvent à monter sur le toit des bâtiments pour échafauder des armatures métalliques», explique le quadragénaire. Abdoul Karim Diarra fait preuve d’un courage exceptionnel. En plus du remplissage des brouettes, le colosse au teint d’ébène est capable de jeter des pelletées de sable ou de graviers sur la toiture lors de la couverture en béton d’une maison.

Selon lui, il peut travailler de 10 heures à 4 heures du matin. C’est dans ce travail que je nourris ma famille dit-il succinctement, avant d’inviter les personnes en situation de handicap à ne pas s’apitoyer sur leur sort. «Il faut exercer une activité digne si vous en avez la capacité», conseille celui qui préfère officier comme ouvrier dans le bâtiment que de mendier. 

Issa Diarra côtoie l’ouvrier non-voyant depuis 15 ans. Les deux hommes exercent la même activité et sont voisins dans le quartier. «Chaque fois que nous bénéficions d’un marché, je le transporte à moto sur le chantier. Il est intelligent et concilie les ouvriers lorsqu’il y a une dispute», témoigne ce collègue de 45 ans. Et d’ajouter qu’avec la communication des ouvriers, Abdoul Karim Diarra accomplit parfaitement son travail. à titre d’exemple, quand la brouette est pleine, l’ouvrier en charge du transport l’informe.

Issa Diarra déclare que c’est à lui qu’on remet la paie globale des ouvriers à dispatcher entre eux à la fin du travail. Votre serviteur aussi a été témoin de cette situation où les ouvriers réunis autour de lui recevaient chacun sa rétribution. Issa Diarra explique que c’est une responsabilité qui lui était dévolue bien avant qu’il ne perde la vue. Le bétonneur avec un sixième sens développé différencie bien les billets de banque.

Mohamed DIAWARA

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