Tontine matérielle : Les affaires sont les affaires

Cette nouvelle forme de tontine est organisée autour d’articles divers comme le savon, les pagnes et même l’or. Selon plusieurs témoignages, ça marche plutôt bien

Publié mercredi 31 août 2022 à 06:14
Tontine matérielle  : Les affaires sont les affaires

  Une boutique de ventes de bijoux en or auprès de laquelle les adhérentes peuvent faire leurs achats


«À l’origine, la tontine est une manière pour les femmes de s’entraider ou de se rencontrer pour discuter de leurs problèmes, payer chacune une somme d’argent qu’elles octroient aux membres de l’association à tour de rôle.

Aujourd’hui, la tontine a beaucoup évolué et tend à devenir un vrai business entre des groupes de personnes». Ces propos sont d’Awa Soumaoro, retraitée domiciliée à Sébénikoro.


Notre interlocutrice est bien placée pour parler de tontine, elle qui a été pendant de longues années membre de ce qu’on appelle «Ton» en bambara. Fatoumata Diaby, dite Faty est «Ton Ba» (responsable de tontine). Elle et ses collègues se cotisent depuis 4 ans pour s’acheter de l’or.

«Je fais la tontine de l’or parce que la demande est là. Cette tontine permet par exemple d’avoir cette pierre précieuse qui coûte très chère sur le marché», sourit la jeune fille qui gère un magasin de vente de bijou en or, sise à Boulkassoumbougou.

Cette femme d’affaires est membre ou responsable de plusieurs tontines. «Je fais également le business tontine, qui consiste à récolter du matériel que les membres veulent vendre par exemple. 


Mon objectif, c’est de les aider à lancer leur commerce parce que ce n’est pas facile d’économiser soi-même de l’argent pour pouvoir acheter des tas de matériels nécessaires pour ce faire», explique Faty, précisant que les membres sont généralement ses connaissances. Le réseau, s’empresse-t-elle d’ajouter, est ouvert à tout le monde. «Aux personnes désireuses d’adhérer à l’association, j’exige une copie de la carte d’identité en cours de validité.

Aussi, la personne paye-t-elle une caution égale à la contribution mensuelle et signe un engagement personnel devant l’officier de police. Ainsi, nous pouvons avoir l’autorisation de saisir les biens des mauvais payeurs pour rembourser les impayés», détaille Faty.

Concernant la tontine pour l’or, chacun paye 100.000 Fcfa par mois pour avoir l’équivalent d’un million de Fcfa en métal jaune. Celles qui payent la moitié perçoivent l’or d’une valeur de 500.000 Fcfa. «Le cours de l’or varie. Le gramme vaut actuellement 38.000 Fcfa. Le poids pour chaque membre est fonction du prix de l’or sur le marché. L’or que je vends vient de Dubaï», complète Fatoumata Diaby.

 

27 GRAMMES D’OR- Notre interlocutrice a créé un groupe WhatsApp qui lui permet d’envoyer la photo des bijoux à celles qui en font la commande. «On passe la commande et j’accompagne l’intéressée dans la boutique située à Boulkassoumbougou pour récupérer son dû contre une facture d’achat», précise Faty. Elle ajoute que l’objectif visé, est de permettre aux femmes d’avoir ce qu’elles veulent et leur permettre de faire des investissements.

En échange, la commerçante ne reçoit aucune rémunération, assure-t-elle. Mais les attentes des adhérentes sont-elles comblées ? à en croire Fanta Diallo, membre de la tontine de Faty, la réponse est oui. «La tontine m’a permis d’avoir 27 grammes d’or dont une chaine, des boucles d’oreille et une bague pour ma fille qui va bientôt se marier. Sans la tontine, je ne sais pas comment j’allais obtenir un tel trésor», témoigne Faty, sourire aux lèvres.

Comme Faty, plusieurs autres femmes initient des tontines. Détentrice d’une licence en agroéconomie de l’Institut polytechnique rural (IPR) de Katibougou, Aminata Soumano est entrepreneuse. 


Elle tient une boutique à Hamdallaye ACI, en Commune IV du District de Bamako. «Je fais des tontines de savons, Wax, draps et de basin Getznzer», marmonne la jeune dame âgée de 30 ans dont les activités se passent de façon virtuelle.

 

GROUPE WHATSAPP- La date de démarrage de la tontine est annoncée en ligne via les plateformes de réseaux sociaux. «Quand les membres atteignent le nombre souhaité, je crée un groupe WhatsApp pour les répertorier. Le canal de communication établi, les membres sont informés à chaque fois qu’une personne paye sa cotisation», confie l’agronome.


Elle précise que la tontine dure environ un an. La cotisation de la tontine pour les pagnes Wax qui compte dix membres, est de 8.000 Fcfa, soit un montant total 80.000 Fcfa. «Je peux avoir les pagnes à 7.500 Fcfa avec les grossistes, soit une remise de 500 Fcfa par pièce. Les photos des adhérentes sont envoyées sur le groupe.


Le choix des pagnes est fait en fonction de la marque. Il y a des pagnes qui viennent de la Chine, de l’Inde et de la Turquie. à leur arrivée, les pagnes sont livrés par un coursier. Et après réception du colis, la photo est partagée sur le groupe pour permettre à tout le monde de s’assurer de l’arrivée de la commande.

Pour y adhérer, «il faut juste être sérieux», souligne Aminata, en précisant que la photo de chaque membre est publiée sur le groupe. Membre de la tontine, Rabia Cissé, 22 ans, avoue qu’au début elle se méfiait parce qu’elle ne connaissait pas l’initiatrice. «Mais la tontine de Wax dont je suis membre s’est bien déroulée», confirme celle qui assure avoir intégré le groupement pour aider sa mère à constituer son trousseau de mariage.

Fatoumata Diané est initiatrice d’une tontine de chaussures, de hijabs, d’abaya et de foulards. Elle dit avoir choisi ces articles pour faciliter l’achat de ses marchandises et fidéliser la clientèle. «Je fais cette tontine entre les étudiantes de mon université. Constitués de dix personnes, chaque membre paye 2.000 Fcfa par semaine pour un total de 20.000 Fcfa.

Libre à eux de choisir ce qu’ils veulent : hijabs, foulards, chaussures ou abaya (longue robe noire, portée par les femmes musulmanes). Pour ce faire, elle a créé un groupe WhatsApp à travers lequel elle envoie les photos de ses marchandises pour attirer davantage les membres de la tontine, mais aussi de nouveaux clients. Et d’assurer que pour le moment, elle ne se plaint pas.

Fatoumata M. SIDIBÉ

Rédaction Lessor

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