#Mali : Ousmane Dramé : «La classe politique doit aider le gouvernement à trouver les solutions aux défis du moment»

Le président du Parti Actions pour le Mali (PAM – Faso Baara), s’exprime dans cette interview sur l’entrée triomphale des Forces armées et de sécurité maliennes à Kidal le 14 novembre dernier. Par ailleurs, Ousmane Dramé n’occulte pas les défis et perspectives du processus de Transition

Publié mardi 19 décembre 2023 à 07:47
#Mali :  Ousmane Dramé : «La classe politique doit aider le gouvernement à trouver les solutions aux défis du moment»

L’Essor : Quelle est votre lecture sur la situation sociopolitique du pays ? 

Ousmane Dramé : Je voudrais, en l’entame de mes propos, m’incliner devant la mémoire des victimes de cette guerre qui nous a été imposée. Et aussi saluer la bravoure et le sacrifice de nos hommes en uniforme. Le Mali, malgré les difficultés, les problèmes économiques, se porte bien par rapport à ce qu’on a connu. Aujourd’hui, nous sommes un pays qui est en passe d’être complètement libéré, c’est-à-dire donner un sens à notre indépendance qu’on a obtenue en 1960.

Cela, avec la souveraineté retrouvée. Que le peuple malien soit en mesure de décider de ce qui est bon pour lui, des institutions ou des pays qui peuvent nous accompagner est très important. Mais également avoir le choix de nos priorités de développement. Je pense que nous sommes assez mûrs, après 63 ans d’indépendance, pour nous assumer, pour choisir nos politiques publiques et savoir ce qui est bon pour notre peuple.

 

L’Essor : Comment avez-vous accueilli la conquête de Kidal par l’Armée nationale depuis le 14 novembre 2023 suivie de la nomination du général El Hadji Gamou comme gouverneur de cette région ? 

 Ousmane Dramé : Ce 14 novembre 2023 restera une date inscrite en lettre d’or dans l’histoire du Mali. Ce jour, les forces armées et de sécurité du Mali ont chassé les hordes de terroristes et bandes organisées qui s’étaient établies à Kidal. Elles avaient fait de Kidal le sanctuaire pour pouvoir terroriser tout le Sahel et particulièrement les paisibles populations maliennes.

Les FAMa sont arrivées à faire cela, parce qu’il y a eu à la tête de l’état des hommes et des femmes qui ont compris que seul l’intérêt public est important. Et que c’est pour cet intérêt public qu’ils doivent se battre. Les autorités de la Transition, sous le leadership éclairé du chef de l’état, le colonel Assimi Goïta, ont travaillé pour que notre armée soit ce qu’elle est aujourd’hui. Elles ont doté notre armée d’équipements et réarmé moralement les Forces armées maliennes (FAMa).   

Nous ne pouvons pas passer sous silence l’aide importante qui nous a été apportée par la Fédération de Russie et la Chine. Ce sont des partenariats qui doivent être salués par le peuple malien, car respectant notre souveraineté, notre dignité et nos choix. Le peuple malien doit se mobiliser pour  soutenir les FAMa à travers notamment des actions citoyennes.  

La nomination du général El hadji Gamou est la meilleure chose qui puisse arriver, aujourd’hui, à la gouvernance de la Région Kidal. Pour ce choix, je crois que le gouvernement, sous le leadership éclairé du colonel Assimi Goïta, a eu une main heureuse. Ils ont bien vu, ils ont fait un choix extrêmement important et politique. C’est stratégique que Gamou soit nommé gouverneur de la Région de Kidal pour deux raisons. La première, c’est une localité qui peut être considérée comme une zone de conflit, de guerre.


De par ses connaissances militaire, sociale, culturelle et économique même de la région, je crois qu’il est mieux placé pour gérer le retour de l’état, le retour des services sociaux de base dans la Région de Kidal. Et c’est vraiment un choix que nous avons salué au niveau du parti Action pour le Mali.   Je pense que le Mali, avec El hadji Gamou à Kidal, pourra rapidement reconstruire Kidal et toute sa région. Donc, c’est vraiment quelque chose à saluer.

  

L’Essor : Que retenez-vous du processus de Transition en termes de défis et de perspectives ? 

Ousmane Dramé : Tout n’est pas rose, il y a encore des difficultés. Ce soir encore, il y a des gens qui vont dormir sans pouvoir manger à leur faim. Il y a encore des défis immenses qui restent. Nous souffrons tous par rapport à l’énergie. Cela fait des sacrifices que le peuple malien doit consentir. Nous demandons au peuple de continuer à être résilient et à se serrer la ceinture. Parce que s’affranchir de la tutelle de ceux qu’on connait n’est pas une chose facile. Ce qui est en train de se faire aujourd’hui, c’est pour notre liberté totale. Le gouvernement travaille d’arrache-pied pour pouvoir résoudre ce problème.

Des mesures ont été prises récemment avec l’aide de la Fédération de Russie, le nombre de litres de gasoil ou de fuel qui doivent être envoyés au Mali. Je suis certain que d’ici janvier les choses iront de mieux en mieux. Je voudrais remercier certains opérateurs économiques du secteur des hydrocarbures pour leur esprit de solidarité en offrant à EDM-SA du gasoil. Ces exemples doivent être suivis.

Je voudrais aussi parler de la situation qui prévaut dans nos établissements au niveau de l’enseignement. J’ose espérer qu’on aura une année paisible. C’est là où je lance un appel aux enseignants, aux syndicats pour comprendre que le Mali traverse une situation très difficile. Et que chacun accepte de se battre et en laissant le gouvernement travailler pour résoudre les problèmes qui peuvent nous empêcher d’aller à l’école, au marché et même dans les hôpitaux. 

Au-delà de cette question de l’école, il y a le sujet qui concerne l’Alliance des états du Sahel (AES) qui est une initiative louable qui doit être soutenue. Le Mali, le Niger et le Burkina Faso ont compris que c’est en unissant leurs forces qu’ils pourront relever les défis auxquels ils sont confrontés. Ils ont les mêmes problèmes, pratiquement la même culture. Je crois que l’intégration à ce niveau ne fera pas défaut, parce que les peuples sont déjà intégrés. Comme on l’a dit, l’AES est ouverte à d’autres états qui accepteront ses principes et sa Charte pour cheminer avec ces trois pays.

Dans les jours à venir, les partis politiques, la société civile doivent pouvoir donner de la voix pour ce que les tenants du pouvoir ont commencé puisse être soutenu. Pas seulement par des déclarations, mais par des regroupements, des rencontres scientifiques avec des productions, des réflexions poussées sur les différentes questions. Toutes choses qui aideront les différents gouvernements à pouvoir prendre en compte les attentes et les aspirations des peuples de l’AES. 

Aujourd’hui, il y a la question électorale. Les gens se pose la question de savoir quand est-ce que le gouvernement va organiser les élections ? Quand est-ce la date de l’élection présidentielle sera communiquée ? J’ai l’habitude de dire que nous traversons une situation difficile qui ne nous permet pas aujourd’hui d’organiser des élections crédibles et transparentes. Nous qui sommes des hommes politiques, ne pouvons pas sortir pour mener une campagne digne de ce nom. Pour l’organisation de la dernière élection présidentielle 2018, des dizaines de milliards de Fcfa ont été dépensées.


Nous sommes des hommes politiques, au niveau du PAM, nous ne sommes pas d’accord qu’on continue à mettre autant d’argent dans l’organisation d’une élection présidentielle. Il faut qu’on revoie la façon dont nous organisons nos élections. Ces fonds peuvent permettre à notre pays d’avoir plusieurs centres de recherche, des hôpitaux, des infrastructures productives. Mais nous pouvons organiser les élections de façon intelligente avec un budget raisonnable. Toutes choses qui demandent des réformes. Pour cela, j’appelle les partis politiques à réfléchir sur une nouvelle forme d’organisation électorale.

Sinon, on va être obligé encore de tendre la main à la communauté internationale pour qu’elle vienne nous financer. Or, un adage nous dit que la main qui reçoit est toujours en bas. Donc, tu es appelé à faire des concessions ou même à baisser la tête. Nous ne voulons plus baisser la tête, nous voulons marcher gaillardement, la tête haute. Alors, nous devons trouver au niveau national, au niveau local des réponses à nos questions.

Les élections seront organisées. Le Premier ministre aussi bien que le président de la Transition sont tous d’accord qu’il faut organiser les élections. Le ministre d’état, ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation travaille d’arrache-pied avec l’Aige pour pouvoir trouver une date et la proposer aux Maliens. Mais, il y a des préalables, il ne s’agit pas de donner une date mais de donner une date tenable.

Aujourd’hui, on a plus le choix de fixer une date, et puis après de dire il faut encore reporter. Nous sommes dans une crise sécuritaire, il ne faudrait pas qu’une crise politique aussi vienne s’ajouter. C’est pourquoi, on demande encore une fois, au niveau du Parti PAM, à la classe politique d’aider le gouvernement à trouver les solutions aux défis du moment. 

Propos recueillis par

Massa SIDIBE

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