
À part ces
qualités, qui du reste sont Communes à plusieurs autres ethnies au Mali, très
peu en savent sur les traditions et la culture combien riches de ce peuple.
C’est à ce voyage que nous convie l’auteur Karaba Traoré dans «Nuit du miracle»
avec comme fil conducteur le destin extraordinaire de Pataman, fils de Pangoro,
le patriarche des M’Boré’sia (Traoré, Déna et Dackouo).
Dans ce Ô’dou où «jusqu’à ce que tombât le cordon ombilical du bébé, aucune maman ne devait adresser la parole à un interlocuteur qui se trouverait à l’extérieur de sa case, ni lui répondre», Pangoro et sa douce moitié, Bian’han élevèrent leur cinq enfants (quatre garçons et une fille). Pantama, le dernier né du couple sera très attaché à son père. Si cet attachement faisait jaser dans le village, il sera très utile au gamin, qui, à ses 11 ans, ayant beaucoup entendu et appris auprès de son père et ses camarades d’âge sous le tjozan’iin (l’arbre à palabre) était très en avance sur ses camarades et même ses aînés.
Une nuit,
au clair de lune, avec ses amis, il s’endormit sur la place publique. À son
réveil, plus personne n’était autour de lui. Titubant pour rejoindre sa case,
dans la ruelle, il entendit, dans le noir, deux hommes parler du sort qui
devait être réservé à une habitante du village. Nul doute, l’une des voix était
celle de So’ôo, ce grand solitaire, craint pour ses pouvoirs mystiques et qui
selon la légende avait, avec son canari pris un nombre incalculable de vies
dans le village et alentours.
Même le dolo, cette «bière rousse», prisé en
milieu Bûwa et qui consolide les liens d’amitié, personne n’osait le partager
avec So,ôo. «Celui qui en fit l’expérience resta cloué au lit une année entière
victime d’une diarrhée chronique». Pris d’un subit courage, comme pour aller
croiser son destin, Pantama entreprit de suivre, à pas feutrés, celui qui était
soupçonné d’appartenir à la confrérie des hommes aux mains sales (sorciers).
Derrière
les cases, So’ôo croqua une grosse noix de cola, crachat à gauche et à droite
tout en souhaitant la mort de Mawaza. Ce soir-là, il lui arriva ce qui ne
s’était jamais produit en trente années, il s’endormit et ronfla. Le serment
avec son canari protecteur venait d’être rompu. Dans la
nuit noire, une voix se fit entendre se plaignant de l’attitude de So’ôo et
demandant au jeune Pantama, caché derrière les buissons d’emporter «son
cadeau» : le canari.
Ayant pris
connaissance de cette histoire de la bouche de son benjamin, Pangoro, en homme
avisé s’en ouvrit à son intime et unique ami. Il ne pouvait en être autrement
dans ces contrées où ne pas avoir d’ami fidèle ou en avoir plusieurs étaient
mal vu. Avant la
fin de l’année entière qu’il a fallu à Pangoro, son ami et sa famille pour
consulter les marabouts et féticheurs afin d’épargner ce fils dont on disait
que la renommée allait être comme le soleil au zénith, l’auteur, Karaba Traoré,
en bon ingénieur géologue nous promène avec délicatesse et un style entrainant
dans les profondeurs de la culture et la tradition Bûwa.
Ainsi, on
apprend que dans un couple, l’homme et la femme se désignent par le mot anonyme
o’bé qui signifie toi, signe de grandeur, de respect et de pudeur acquis au
bout de longues années de fiançailles «quand il leur était interdit de se
parler et surtout de prononcer le nom du futur conjoint». Chez les
Bûwa du Ô’dou le tjozan’iin (l’arbre à palabre), était le lieu où les hauts
faits des temps anciens étaient racontés, les hommes initiés aux servitudes de
la vie, la vie de couple débattue, (me) dire des femmes, il est dressé un peu
loin des cases pour avoir une vue dégagée et prévenir les razzias dont a
beaucoup souffert ce peuple.
Mais cette
position stratégique du tjozan’iin permettait aussi de voir entrer ou sortir
les étrangers surtout des étrangères qui fuyaient très souvent leurs foyers,
car selon l’auteur «la propension de la femme Bûwa à rompre son mariage même
pour une peccadille mettait son mari en éveil et même les parents de
celui-ci».
D’ailleurs
dans ce milieu, le rapt d’une fille par un homme pour la marier sans
l’autorisation des parents de la fille n’était pas une mauvaise chose à
condition que le père du mari envoyât plus tard des émissaires dans la famille
de la fille pour se déclarer, présenter des excuses et au besoin «au cas où le
père ou la mère de la fille ferait des difficultés, de leur rappeler qu’ainsi
était la tradition dans le pays Bûwa». Longuement,
Karaba Traoré revient dans ce livre sur les rituels des obsèques dans ce milieu
où «Il n’y a pire chose dans le milieu Bûwa que de ne pas voir de ses propres
yeux la dépouille d’un proche».
Au XIIIème
et dernier chapitre de ce livre passionnant de 114 pages qui se lit d’une
traite tant l’écriture est captivante, Pantama, après que son père et son clan
ont effectué tous les sacrifices prescrits par les marabouts et féticheurs,
rêva et se retrouva au sein d’une assemblée où il était le seul porteur de
cheveux noirs. Il lui a été révélé qu’il avait été choisi parmi les humains
pour bénéficier de certains avantages. Lui qui
avait récupéré le canari de So’ôo, le sorcier faiseur de mal, devenait à cause
de ce même canari qu’il a emporté comme «cadeau» un faiseur de bien en soignant
les malades de Matchèrè Pénou (son village), des villages environnants et du
monde.
Mohamed DAGNOKO, journaliste
Rédaction Lessor
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